Le Théâtre Ouvert, dédié aux écritures dramatiques contemporaines, accueille jusqu’au 16 juin la huitième édition du festival Zoom, un coup de projecteur sur des textes inédits. La soirée du 1er juin était consacrée à la mise en voix de deux textes, l’un de Penda Diouf, En bout de course, l’autre de Marilyn Mattei, The Rabbit Hole.
Il s’agit d’une commande de la compagnie Les Grandes Marées, dirigée par Pierre Cuq : écrire des pièces destinées à des représentations hors les murs, dans des lieux non théâtraux. Si la compagnie a passé commande à quatre autrices, Claire Barrabès, Penda Diouf, Marilyn Mattei et Julie Ménard, ce sont les textes de deux d’entre elles, Penda Diouf et Marilyn Mattei, que nous avons pu entendre le 1er juin.
Le point de départ de leur création a donc été le lieu : Penda Diouf situe son texte dans un bus, Marilyn Mattei dans un « lieu reculé » – sans plus de précision. Si Pierre Cuq, dans sa prise de parole qui a inauguré la soirée, a insisté sur la diversité des pièces et l’absence de lien logique entre elles, force est de constater que les deux autrices affectionnent toutes deux les espaces insolites.
Autre point commun : l’ancrage dans la politique contemporaine de leurs deux propositions. Le bus de Penda Diouf est en effet un car de touristes qui, en pratiquant un tourisme prétendument « vert », polluent l’atmosphère ; le lieu reculé de Marilyn Mattei est une « citadelle » où se réunit une société composée de militants et militantes persuadé·es qu’une invasion de « pigeons » nuit à l’occident et qu’il faut donc contre-attaquer.
Grâce à leur humour, les deux autrices évitent l’écueil du didactisme. Penda Diouf et Marilyn Mattei nous construisent en effet des personnages tous improbables, aux traits caricaturaux assumés. L’écriture de Marilyn Mattei repose également sur un choix lexical issu de la rhétorique d’un certain parti d’extrême droite, le tournant ainsi en ridicule.
La fable elle-même nous emmène dans un univers insolite, où les retournements de situation empruntent au fantastique (Penda Diouf) ou à l’absurde (Marilyn Mattei). Le caractère fictif de l’histoire qui se déroule sous nos yeux est donc assumé, tandis que les problématiques abordées sont, elles, bien réelles.
Outre ces deux belles écritures, qui conspuent avec subtilité le discours de l’extrême droite et les conséquences environnementales du tourisme de masse, saluons le jeu des différent·es acteur·rices, qui ont su mettre en avant l’humour des deux textes. Le travail de la lumière et du son, très abouti pour une mise en voix, participe également de cette dimension comique.
Textes Penda Diouf, Marilyn Mattei
Mise en voix Pierre Cuq
Avec Victor Assié, Baptiste Dupuy, Bastien Fontaine-Oberto, Maud Roulet
Scénographie et accessoires Guillemine Burin des Roziers, Cerise Guyon
Costumes Gwladys Duthil, Augustin Rolland
Son David Hess