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« NezQuiCoule », un jeune public lyrique et un peu punk à l’Opéra de Paris

par La redaction
02.06.2024

Spécialiste des arts pour les tout-petits, le Theater De Spiegel proposait, en ce mois de mai, « NezQuiCoule » dans l’amphithéâtre Olivier Messiaen de l’Opéra de Paris. Ce spectacle tout jeune public (3 mois à 4 ans) pour trois musiciens dure 45 minutes. Il fait rire et réfléchir, à partir des visages et d’airs d’opéra et de blues. « NezQuiCoule » se donne jusqu’au 9 juin à Bruxelles et on le retrouvera en septembre à Strasbourg au Festival Musica.

L’Opéra Bastille accueille les familles

C’est donc en tout petit comité (une trentaine de personnes, parents compris) que l’Opéra de Paris propose aux familles de faire l’expérience de cet opéra en cinq actes pensé pour les bébés et les petites sections. On peut arriver 20 minutes avant le début du spectacle, des tables d’enfants avec des livres sont disponibles ainsi qu’un espace pour laisser les poussettes et les trottinettes.  Deux tables à langer sont également disposées dans les toilettes. L’accueil est chaleureux et les enfants sont prévenus : une fois assis au plus proche des trois musiciens, les chansons seront en langues étrangères, mais il n’y a pas besoin de les comprendre pour vivre le spectacle.

NezQuiCoule et bouche qui pleure

Ils sont trois sur scène quand commence le spectacle : un violoncelliste, un guitariste (électrique) et une chanteuse. Tout commence quasiment par du mime. Tout de suite, la scénographie est saisissante : ils sont installés sur des tapis de couleurs aux formes géométriques. Les costumes en noir et jaune à la Casimir ou à la Courrèges créent une ambiance spatiale et spéciale ; en quelques raclements de gorge, tous comprennent de quoi il s’agit. On parle d’une congestion qui rompt l’harmonie du monde. C’est alors qu’apparaissent… les écrans. Trois tablettes de taille smartphone pour faire varier les yeux et le regard, et des grands écrans où se projette en gros la bouche qui pleure de la chanteuse quand elle incarne le héros du lamento en chagrin d’amour et où un œil-caméra nous fait plonger dans… un nez immense !

Un spectacle interactif et malin

La parole arrive tard dans le spectacle, laissant les petits et les grands se projeter comme les éléments épars de leurs visages. Tout passe par la musique, le jeu – et surtout les couleurs et matières d’une scénographie qui n’hésite pas à aller jusqu’à amener les ailes des nez jusqu’aux petits et à projeter de la morve. Dans NezQuiCoule, les bisous claquent, le blues côtoie l’opéra. Et ce n’est pas un long fleuve tranquille que de passer du morcellement à l’harmonie… C’est un spectacle hyper-intelligent, très exigeant au niveau de l’esthétique et – vous l’aurez compris – un peu punk ! Il propose aux familles pour leurs tout-petits non seulement un brin de saleté, mais aussi des écrans ! Enfin, si la durée est d’autant plus parfaite qu’une fenêtre de 15 minutes est laissée ouverte à la fin pour que les petits dansent, chanter trois airs de plus et aussi tester les instruments (carton plein pour le violoncelle).

 

Merci le Theater De Spiegel et à bientôt !

Loopneus trailer from Theater De Spiegel on Vimeo.

 

« NezQuiCoule » ; conception, création, mise en scène et interprétation : Helene Bracke ; création, chant et violoncelle : Ewout Lehoucq ; création, images de vidéo et guitare : Senne Van Loock ; chant sur écran : Jean Bermes ; création et œil extérieur : Karel Van Ransbeeck ; costumes : Evelyne Meersschaut ; scénographie : Wim van de Vyver.

 

Coproduction : Elbphilharmonie Hamburg, Réseau Courte-Echelle Paris, Compagnie ACTA Villiers-le- Bel, Perpodium et le tax shelter belge.

 

Visuel : © Sophie Wanten