« Félicitations et tout et tout » de Benjamin Tranié : Le sens de la fête

Les auditeurs et auditrices de France Inter ont appris à le connaître, cet humoriste opérant dans l’émission Zoom Zoom Zen de Matthieu Noël, avec ses « chicots » de travers, comme il aime lui-même à s’en moquer. Affublé d’une écharpe tricolore, d’une coupe mulet et d’une casquette, d’une oreillette Bluetooth, l’humoriste déroule ses personnages caricaturaux et truculents. Si bien que, pour ses fans, certaines tournures de ces sketchs, reprises telles des leitmotivs, sont devenues des gimmicks : « Oui mon Aziz », « Bisous là où… », « le daron à Kader », etc.

Après un premier spectacle réussi, qui voyait la mise en vente et le rachat d’un relais routier, Benjamin Tranié investit le Trianon du 02 au 05 janvier avec son deuxième spectacle. Félicitations et tout et tout imagine le mariage de Philippe Retcon et de Tifany Ledut, stars d’une série policière bretonne diffusée sur TF1. Après un mariage célébré par le maire de Mouroux décidément en pleine forme, les deux mariés se dirigent vers le Château de Vieux-Sac pour le vin d’honneur et le dîner.

Claude Bourbier, Romain de Bontaga, François Saucisson et les autres

On retrouve ici tout le talent de Benjamin Tranié pour croquer une bonne quinzaine de personnages. Virtuose, l’humoriste passe de l’un à l’autre sans jamais nous perdre, forçant toujours le trait de la caricature, modulant sa voix et les registres de langue. L’humoriste, seul en scène, incarne alors une wedding planneuse légèrement désagréable, un photographe très porté sur les personnes âgées, une fan un peu trop envahissante, un chauffeur qui cherche à tout prix à faire la conversation, un DJ persuadé d’avoir une longueur d’avance sur David Guetta, etc. Pour notre plus grand bonheur, Tranié reprend aussi certains de ces personnages qui ont fait sa gloire : le maire de Mouroux, transfuge de classe, le Pierre Bellemare/Fabrice Drouelle de « Tranié raconte », l’agent artistique Claude Bourbier très porté sur la chose et la cocaïne ou encore le critique culinaire François Saucisson.

Vulgaire, le spectacle l’est assurément. Mais vulgarité assumée, gratuite et rarement poussive. Tranié frôle parfois le mauvais goût, et plonge souvent dedans pour notre plus grande joie. L’humoriste se permet de revêtir les habits du père de la mariée, personnage homophobe et raciste, déclamant à tout bout de champ « qu’on ne peut plus rien dire » et qu’il est désolé de faire de l’« humour patriote ». On note aussi quelques balles perdues pour Slimane, Renaud, Bruno Solo ou encore Muriel Robin, dans un final à la sulfateuse. Si les dates du Trianon sont pleines, il reste des places pour l’Olympia les 23 et 24 avril : foncez !