Créée au festival L’invitation aux voyages à Biarritz à partir de la correspondance de Frida Kahlo, cette lecture par Helena Noguerra d’extraits de la correspondance de la peintre mexicaine a lieu jusqu’au 23 juin dans la petite salle de la Scala, la Piccola Scala.
Il est 21h et l’on a presque l’impression d’être à une réunion à la bougie au cœur de la nuit. Radieuse, les sourcils à peine soulignés au khôl, Héléna Noguerra entre en scène en prenant le même chemin que le public. Elle est pieds nus, en jean, avec un petit haut blanc ethnique. Tout semble très simple et proche dans la Piccola Scala. L’actrice rejoint une table et une chaise sur scène, ce qui sera son seul décor, avec un léger projecteur et un portant sur lequel on voit une jupe à fleurs et un châle. La lecture est quasiment sans mise en scène, juste une « mise en espace » où la comédienne tourne autour de cette table, avec, à ses côtés, le guitariste Laurent Guillet pour scander les mots de Frida Khalo.
En introduction, Helena Noguerra nous parle d’elle. Cela semble presque improvisé. Elle raconte son bac-3, l’école quittée pour une carrière de mannequin. Elle dit surtout son goût des livres qui a évolué et l’a protégée de tout. Trêve de confidences, Helena Noguerra chante. Elle commence par une chanson, probablement la plus belle de Chavela Vargas : « Simples cosas ». Mais il y a peu de musique dans le spectacle, le texte est premier. Helena Noguerra entre dans la peau de Frida à 17 ans avec une grâce infinie. Elle plonge complètement dans le personnage et ne s’en extrait que de temps en temps quand un mot résonne avec son expérience de femme à elle. L’actrice reste plus d’une heure trente de spectacle au plus près de son texte.
Pour ce texte, disons la vérité : l’essentiel de Frida Kahlo est dans ses tableaux, pas dans ses lettres. Lors de la lecture, on n’apprendra pas grand-chose sur son génie.Il n’y a guère que dans l’introduction du catalogue de la grande exposition de son mari, Diego Rivera, au Musée National, qu’on mesure toute la puissance et la finesse de son observation. En revanche, grâce à la comédienne et grâce au choix opéré dans cette correspondance qui date de 1925 à 1953, l’on découvre les coulisses : la jeune fille de 17 ans littéralement brisée par son accident de tramway, mais aussi par l’abandon de son amoureux de l’époque. La femme trompée mariée, divorcée et remariée à Diego. La communiste et la Mexie aussi avec des passages assez désopilants sur Paris et ces cafards de surréalistes. On entend aussi beaucoup de solitude. C’est un beau portrait de femme, sans chichis, qui réjouira les fans d’Helena Noguerra et qui fait du bien.
Visuel : © Thomas O’Brien