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Rêve et ivresse : une création corps et transe qui fait se rencontrer Héraclite et Nietzsche

par Marc Lawton
25.03.2024

Il y a quelques semaines, au TU (théâtre universitaire) de Nantes, salle agréable nichée sur le campus et accueillant de nombreuses résidences et performances, a été donnée la première de Rêve et ivresse, nouvelle création en quintette du collectif Allogène, chorégraphiée par Elise Lerat.

Cette artiste, âgée aujourd’hui de 47 ans et basée à Nantes, s‘est formée à la fin des années 1990 au centre national de danse contemporaine d’Angers (CNDC), puis à la Folkwang Hochschule für Tanz d’Essen (Allemagne) où l’a marqué l’enseignement de Jean Cébron. Remarquée par une performance solo décapante avec un lave-linge (Vash, 2007), elle a été interprète pour divers chorégraphes tels Loïc Touzé, Tino Seghal, David Rolland et Cédric Cherdel, pour les metteurs en scène Colyne Morange et Clément Pascaud et le réalisateur Arnaud Von Audenhove. Devenue chorégraphe, elle mêle dans son approche généreuse recherche sur le mouvement, approche humaniste du corps dansant et intérêt fort pour la philosophie. Au fil de ses pièces comme Rhizomes (2017, finaliste du concours Danse élargie) et Feux (2021), elle affirme une danse subtile, lisible et forte, s’appuyant sur d’excellents interprètes. Ses influences viennent de la littérature (Zweig, Maupassant, Sapienza…), du cinéma (Bresson, Van Sant, Haneke, Herzog, Bela Tarr…), de la peinture (Soulages) et elle apprécie le travail de chorégraphes tels Maguy Marin, Boris Charmatz, Latifa Laâbissi ou Tatiana Julien et de divers compositeurs comme l’australien Oren Ambarchi.
Tentons de décrire Rêve et ivresse. Dès le début s‘installe sur le plateau sans coulisses une ambiance mystérieuse, faite de pénombre, de vapeur et d’une nappe sonore continue et enveloppante qui portera le propos. On distingue petit à petit une surface jonchée de matière. Est-ce de la terre ? Des débris ? Non, on décèlera progressivement quelque chose de végétal qui donnera à cet espace un goût primitif comme celui d’un jardin d’Eden ou d’un champ de ruines après une explosion nucléaire (la matière, nous dira la chorégraphe, est constituée de mousse et de feuilles de laurier). Deux corps au sol y sont lovés, en attente ou au repos, semblant nus. Un troisième se tient debout, en retrait et paraît torse nu. Il sera rejoint par deux autres se relayant. Présences discrètes dont l’une piquera l’espace de signes des bras tandis que s’échafaude un porté à deux et qu’un trio s’enlace au sol…
« Entre tumulte et repos, nous apprend la feuille de salle, les mouvements des danseur.ses (Benoit Canteteau, Christophe Jeannot, Elvira Madrigal, Félix Maurin, Lisa Miramond) se réorganisent sans cesse.
Entre ivresse et extase, les corps s’abandonnent au mouvement répétitif et s’agencent ». En effet, le rythme d’une répétition surgit vite, avec notamment un motif de petit saut sur place amorcé par un danseur et qui durera longtemps. Une tendresse palpable règne tandis que d’autres portés s’affirment et qu’un deuxième danseur reprend le saut sur place tandis que d’autres amorcent un mouvement sensuel de hanches, comme une ondulation qui reviendra souvent. Un solo féminin se détache alors que la musique se fait plus forte, avec notamment des sons de cloches cristallines.
« Du groupe naît le solo, le duo et le trio, poursuit le texte de présentation. Et de ces formes réapparaît le groupe, l’unisson. Et laisse place à l‘intensité du chœur ». Le spectateur va en effet être témoin d’une montée en puissance où le groupe va s‘affirmer, par exemple avec une image des cinq interprètes bouches ouvertes sur un cri silencieux. A un autre moment, l’accent sera mis sur la tache rouge faite par le short de l’un d’entre eux (E.Madrigal) et qui sera exacerbé dans un solo tout en ruptures et oppositions. Cette touche de couleur vive, détonnant dans des costumes de tonalité plutôt marron et verte, rappellera fugitivement le Sacre du printemps (1975) de Pina Bausch, dans lequel on donne à l’élue promise au sacrifice un chiffon rouge qui la désignera. La lumière vire à l’orange et un motif à quatre pattes apparaît, trivial, avec le bassin du danseur montant et descendant rythmiquement, évoquant l’accouplement et le coït animal. Il reviendra souvent dans ce qui apparaîtra comme une lente monte vers la transe.

DECRYPTAGE

Un échange avec Elise Lerat a permis mieux saisir la composition interne de la pièce. En effet, la chorégraphe a élaboré une dramaturgie s’appuyant sur une véritable partition, très élaborée, faite de séquences agencées où diverses lettres ou acronymes désignent des matières de mouvements : TC renvoie ainsi à « transport de corps », TCE à « transport de corps encastrés », DO à « danse des organes », T à « transe », DA à « danse apollinienne », etc. Chaque danseur, nous a-t-elle révélé, change de matière toutes les deux minutes et entend pour ce faire un signal discret dans la musique, à savoir un son évoquant un sonar. Toute la pièce est ainsi notée, donnant un cadre précis mais laissant aussi aux interprètes une assez grande liberté.
Cette partition a la vertu de rassurer la chorégraphe, le but ambitieux d’Elise Lerat étant de « formaliser le chaos ». « Nous ne sommes pas dans une narration, affirme-t-elle, mais dans une dramaturgie composée de couches complémentaires mêlant mouvement, scénographie, lumière et matière sonore ». Les lumières soignées de Pierre Bouglé, la musique de Mathias Delplanque et la scénographie de Marine Brosse contribuent effectivement fortement à la réussite de la pièce. Les costumes de Meg Boury cultivent une ambivalence entre vêtu et dévêtu et un rythme singulier naît de cette démarche, ce rythme devenant le fil rouge de la pièce, non univoque, porteur de sens et d’émotion.
La chorégraphe s’appuie dans son travail sur la lecture de nombreux essais et la fréquentation régulière de philosophes morts (surtout Héraclite et ses métaphores, Nietzsche opposant Apollon et Dionysos dans son célèbre ouvrage de 1872 Naissance de la tragédie, et Deleuze à qui elle emprunte les notions d’agencement et de plan d’immanence) ou vivants comme Dorian Astor et Barbara Stiegler, tous deux spécialistes de Nietzsche ou encore Pascal Michon, spécialiste du rythme qu’Anne Teresa de Keersmaeker et Maguy Marin ont sollicité par le passé.

DANSE ET PHILOSOPHIE

Elise Lerat, qui n’a pas peur de « manier de concepts sur le plateau », souhaite les voir s’incorporer, estimant que « l’esprit fait partie du corps ». La notion d’opposition semble sous-tendre toute sa pièce, avec de forts contrastes entre ombre et lumière, solo et groupe, tension et détente : « Le flux naît dans des forces opposées », affirme-t-elle dans le dossier de présentation de Rêve et ivresse, s’appuyant sur deux exemples qu’Héraclite prend dans la nature : le feu, qui s’élève vers le haut et se consume en bas, et l’image du fleuve qui réussit à couler grâce à la pression de deux rives. Son pari est de « faire appel au sensoriel, aux représentations archétypales et à l’imaginaire » afin de « créer de nouvelles chimères ». Elle est assistée d’une danseuse et anthropologue basée en Bretagne, Manon Airaud, avec qui elle partage une approche humaniste et qui qui collabore avec le collectif sur tous les questionnements que pose la recherche. Elise Lerat fait en sorte que ses danseurs suivent pendant le travail un entraînement régulier où hypnose, yoga et lecture de textes alternent, sous sa direction, avec une pratique quotidienne autour de l’ouverture, de la « danse des organes », de la « danse apollinienne », sur la notion de flux ainsi que sur des modules de tension et de relâchement.
Le compositeur Mathias Delplanque, né en 1973, basé à Nantes depuis 2005 et venu des Beaux-Arts, occupe ici une place essentielle, avec sa composition donnée en live depuis la régie du théâtre. Déjà associé à la chorégraphe comme « oreille extérieure » sur Rhizomes et comme compositeur à part entière sur Feux, il souligne la connivence qui les lie. C’est lui qui a eu l’idée du son de sonar qui oriente les danseurs et qui a aussi imposé des silences. Né au Burkina Faso, Delplanque est un habitué des concerts en solo à coloration électro, même si son groupe Lena and the Floating Roots Orchestra (2007-10) peut évoquer des couleurs ambient ou dub. Il s’est associé un temps avec la joueuse coréenne de geomungo (instrument traditionnel à cordes) E’Joung Ju dans le duo Keda. Il a édité de nombreux CD.
Son intérêt pour la danse lui est venu grâce aux rencontres faites parmi la communauté chorégraphique nantaise, notamment avec les danseurs Anne Reymann, Anne Reiner et Marc Têtedoie, le duo de la compagnie Lucane, ainsi qu’avec la metteure en scène Colyne Morange tout en répondant aux commandes de la compagnie Linga, basée en Suisse et avec qui il tourne beaucoup. Si Feux, créé pendant la crise de la Covid-19, a pu murir grâce à un temps long qu’ont imposé les contraintes sanitaires, Rêve et ivresse a nécessité un travail plus resserré avec en filigrane l’interrogation « Comment mettre du son sur un plateau ? ». Il apprécie Elise Lerat pour sa fraîcheur, son exigence, son fonctionnement à l’intuition et par tableaux et souligne dans le collectif l’implication forte des danseurs. Il a créé une partition belle et efficace, faite d’abord de nappes sonores à longues durées auxquelles succède un moment « bruitiste » au milieu pour devenir plus rythmique à la fin (section arabisante et percussive qu’il nomme « Istanbul »). Il emmène ainsi le public vers une musique de transe, par motifs répétitifs et accumulations.
Rêve et ivresse comporte en son milieu un moment pivot, quand la pénombre revient et le tapis végétal se transforme par un « rituel du rangement », créant une sorte de mur à l’avant-scène qui permet de morceler les corps. La dynamique ira crescendo, le groupe adoptant un unisson de mouvements balancés et se resserrant avec frénésie avec des motifs d’une animalité croissante (on entendra des cris de loups dans la musique après le noir) pour finir dans un bref final choral jubilatoire. Si la pièce met du temps à trouver sa vitesse de croisière, on a presqu’envie que cet étonnant rituel se poursuive…
Souhaitons à cette belle pièce de tourner autant que Feux, qui avait séduit de nombreux professionnels et à la chorégraphe d’obtenir la reconnaissance qu’elle mérite au-delà de sa région d’implantation.
Elise Lerat enseigne et mène de projets d’action culturelle, notamment Replay, projet participatif de territoire autour du mouvement au cinéma et Agora, performance in situ et autre projet de territoire. Avec son collectif, elle a été en résidence longue cogérée au Nouveau Studio Théâtre à Nantes sur la période 2018-22.

En tournée:
10 avril 2024 au Cargo, Segré-en-Anjou-bleu
Janvier 2025 : Onyx, scène conventionnée, festival Trajectoires à Nantes
Mars 2025 : CNDC d’Angers, festival Conversations
Visuel © Gregg Bréhin.