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« No reality now » et « Mytho » au Festival Trajectoires : deux spectacles où le visuel se conjugue à la danse par deux approches opposées

par Marc Lawton
30.01.2024

Au lieu unique, scène nationale de Nantes et Stereolux, scène de musiques actuelles (SMAC), deux plateaux labellisés par le ministère de la Culture, le festival de danse Trajectoires (Nantes et Loire-Atlantique) s’est terminé le week-end des 20-21 janvier par deux propositions liées à la perception visuelle quoique bien différentes.

MYTHO

Parlons d’abord de la création Mytho, par la compagnie MéMé BaNjO dirigée par Lionel Hoche (Paris). Destinée à un public familial, elle a ravi petits et grands en matinée dans un lieu plutôt habitué aux concerts de musiques amplifiées. Mais Stereolux, qui a coproduit la pièce, est une SMAC atypique puisque dédiée également aux arts numériques. Ouverte en 2011, elle a ainsi souligné au fil des ans les passerelles bienvenues et inventives qui existent entre musique et image, notamment grâce à son rendez-vous annuel de septembre, le festival Scopitone, mais aussi par une proposition annuelle en danse et arts numériques.

 

Ces spectacles ont fédéré le public pendant plusieurs saisons, avec une offre de rencontres inédites et des projets peu vus ou expérimentaux. Réalisant par ailleurs des actions culturelles d’excellente tenue, cette SMAC propose des moments dédiés aux enfants et à leurs parents. La compagnie MéMé BaNjO est déjà venue deux fois à Stereolux, d’abord avec MMOMa Mère l’Oye de Ravel en 2019, puis avec L’histoire du soldat de Stravinsky en 2021, des pièces que la compagnie avait créé respectivement en 2015 et 2019. La jauge en format assis des gradins est d’ordinaire de 500 spectateurs, mais a été baissée à 300 à la demande de la compagnie, puis remontée à 400 à la demande du festival.

 

La thématique de ce spectacle bon enfant, la mythologie grecque, n’est pas nouvelle mais elle est ici télescopée et mise au goût du jour par plusieurs choix de mise en scène : d’abord par la présence d’un narrateur facétieux et bavard qui actualise les choses en convoquant divers dieux (Athéna, Zeus…), héros (Achille, Thésée…) et personnages (Cassandre) qu’il présente et commente de façon non sérieuse. Tout en dansant, ces personnages se heurtent aux considérations logistiques d’aujourd’hui, très éloignées de leur univers, et sont confrontés aux contraintes du plateau de théâtre et troublés par le côté quelque peu dispersé de ce ludion enjoué. Il s’aide d’un grand livre lumineux et ne sait décider s’il se réfère à L’Iliade ou à L’Odyssée : sa présence tient aussi d’un Monsieur Loyal, le ton de la pièce s’apparentant au cirque. 

 

Mytho, sous-titré Olympus Circus, se distingue surtout par sa fantaisie et sa scénographie réussie (c’est le chorégraphe qui la réalise, ainsi que les costumes), avec ses coulisses en forme de tunnels de tentes, une table où cohabitent de nombreuses petites statuettes et des accessoires d’opérette (boucliers, glaives, essieu de char…). Les costumes très colorés des quatre danseurs animent la scène et dialoguent avec une bande son hétérogène mêlant références classiques  (Bartok, Debussy, Liszt, Rachmaninov, Ravel), son électro (Jean-Michel Jarre) et variété (Anne Pigalle, le tube Venus de 1969 du groupe pop hollandais Shocking Blue).

 

VIDÉO RÉUSSIE

Mais la star de Mytho, c’est surtout un grand écran de cinq mètres de haut qui occupe les deux tiers du fond de scène. Vont s’y succéder des reproductions géantes de tableaux de maîtres classiques du XVIIe siècle ou néoclassiques du XIXe siècle, représentant des scènes de l’Antiquité avec des guerriers, des dieux, des centaures… On reconnait entre autres L’enlèvement des Sabines par David, Le combat des Lapithes et des Centaures de Luca Giordano et d’autres faisant penser à Poussin ou Le Lorrain. Mais des incrustations et un travail de morphing, signés du vidéaste Simon Frézel (qui a collaboré avec Blanca Li et réalisé ici tout le volet vidéo), viennent perturber la stabilité de ces chefs d’œuvre, avec apparitions de personnages parasites, déformations de l’image ou déplacements d’éléments dans le tableau, comme par exemple une nuée d’angelots.

 

Deux danseurs en costumes  panthères moulants apparaissent dans une scène peinte bucolique et en « sortent » pour venir danser un duo enlevé sur scène. Le dossier de presse signale aussi que Hoche a fait appel à trois danseuses qu’il a ainsi fait insérer dans ce grand décor : Elisabeth Schwartz (spécialiste d’Isadora Duncan à qui Hoche a demandé de lui montrer la Danse des Furies de 1905 et d’autres figures inquiétantes de l’univers duncanien), Germana Civera et Carlotta Sagna, difficiles à repérer dans le foisonnement visuel proposé. Sur le site internet de la compagnie, on apprend que grâce à elles, nous serons « guidés ou perdus, éclairés ou inquiétés », et qu’elles « nous feront grâce de leur science »…

 

Si le propos présente peu d’enjeux (« mytho » devant être aussi compris dans l’usage qu’en fait la jeunesse d’aujourd’hui, à savoir le raccourci pour mythomane), la pièce souffre d’une chorégraphie contemporaine quelque peu convenue et d’une fin expédiée (les quatre danseurs revenant sur scène en combinaisons zentaï (leurs quatre couleurs évoquant celles des Power Rangers, équipe de super héros américains vus à la télévision dans les années  1990), et s’allongeant au sol). Elle aurait gagné à être resserrée, la forme rhapsodique adoptée risquant de devenir une simple juxtaposition de séquences.

 

LIONEL HOCHE

Lionel Hoche, né en 1964, ancien de l’école de l’Opéra de Paris et du Nederlans Dans Theater, est connu pour sa production abondante de pièces (90 dont 28 pour sa compagnie), répondant notamment à de nombreuses commandes d’opéras ou de grandes troupes en France (Opéra de Paris, Ballet de Lorraine, Capitole, ballet de Monte-Carlo…) ou à l’étranger. Fondée en 1992, sa compagnie tourne beaucoup et séduit par son entrée pluridisciplinaire, son goût pour le féérique et « ses univers poétiques débridés, surprenant et généreux » (interview sur le site internet de Stereolux, 2019).

 

Pour le chorégraphe, le plateau est un « lieu imaginaire où tout peut arriver » et Mytho ambitionne sans modestie d’être « une fresque rhapsodique et héroïque, burlesque et titanesque, fractale et sidérale » (sic, lu dans une courte vidéo sur le site internet de la compagnie). On reste un peu déçus, même si le lien entre danse et vidéo se montre divertissant. Pour les enfants (acceptés dès 6 ans), pas sûr qu’ils soient si jeunes familiarisés avec L’Iliade et le panthéon grec et qu’ils comprennent les nombreuses références et clins d’œil de la vidéo – sauf si un travail préalable a été réalisé en milieu scolaire ou à la maison…

 

Hoche a été artiste associé au Centre des arts d’Enghien-les Bains (scène conventionnée pour les écritures numériques, coproducteur de Mytho) et invente des dispositifs en action culturelle, comme par exemple les « Sans face », personnages insolites sans visage circulant dans l’espace public. Il est aussi interprète, performeur et chanteur, et intervient lors d’ateliers, notamment à Sciences-Po depuis 2014. La venue à Nantes de la compagnie trois jours avant la première aura permis de finaliser la pièce qui se rodera sans doute au fil des semaines à venir. Deux séances scolaires ont suivi le lendemain de la représentation tout public. 

 

L’utilisation de la vidéo grand format, dialoguant avec la danse, réussie et très présente ici, n’est pas nouvelle et on en vient à regretter les anciennes pièces, qui ne tournent hélas plus, de la compagnie Montalvo-Hervieu. Humour et illusion régnaient pour un propos fin, frisant avec le surréalisme et jouant avec l’absurde dès 1993 avec Double Trouble (images vidéo de Michel Coste), puis dans Hollaka Hollala l’année suivante et également plus tard dans Paradis et sa suite Le jardin io io ito ito (1997 et 99) ou Babelle heureuse (2002).

 

NO REALITY NOW

« Et s’il existait d’autres réalités auxquelles nous n’aurions pas accès ? D’autres vies, d’autres mondes, d’autres morts, aussi proches qu’imperceptibles ? » questionne le texte de présentation de la pièce sur le site internet du chorégraphe Vincent Dupont. Le texte poursuit en affirmant : « (L’expérience) nous invite dans un au-delà – inaccessible, insondable, inintelligible, comme la mort qu’elle s’aventure justement à mettre en scène. Sur la scène, une veillée funèbre est surprise par l’orage. La pluie s’intensifie, la lumière vacille. Et soudain, l’image apparaît. Vous ne rêvez pas, votre casque de réalité virtuelle vous invite à vivre une expérience parallèle ».

 

Voici sans doute la proposition la plus ambitieuse du festival Trajectoires. Réunissant une centaine de spectateurs par représentation au lieu unique (LU, scène nationale et centre de création contemporaine), ce spectacle très singulier n‘a laissé personne indifférent. Le théâtre ou grand atelier comprend 500 places mais c’est volontairement que la jauge en a été réduite, car le dispositif VR (pour Virtual Reality, réalité virtuelle) mis en place est expérimental et plonge le public dans une expérience singulière de cinquante minutes. Elle est le résultat de cinq années de recherches et d’un travail rare, le chorégraphe Vincent Dupont ayant travaillé avec Charles Ayats, réalisateur et designer d’expérience interactive et immersive, familier de la 3D et de la réalité augmentée. Dupont, chorégraphe exigeant venu du théâtre, aux pièces mystérieuses et hypnotiques  presque conceptuelles, connu pour ses installations plastiques activées par ses interprètes, avait déjà été accueilli en 2016 au LU avec Stéréoscopia.

 

No reality now a été créé à la biennale de la danse de Lyon en septembre dernier et termine sa courte tournée au LU, coproducteur. La rencontre doit tout au dispositif du ministère de la Culture Chimères, qui a retenu parmi quinze projets celui du tandem Dupont-Ayats. L’actuel directeur du LU, Eli Commins, arrivé en 2021, a piloté Chimères depuis la DGCA (direction générale de la création artistique, où, avant son arrivée à Nantes, il était chargé de la coordination de la politique numérique du ministère). Il y avait été sollicité par son prédécesseur, Patrick Gyger (directeur du LU de 2011 à 2020). 

 

Chimères tente de répondre depuis quelques années au manque évident d’aides adaptées aux créateurs interdisciplinaires ou hybrides, utilisant notamment le numérique. Le ministère reste en effet calé sur les disciplines traditionnelles du spectacle (théâtre, danse, musique), vues comme peu poreuses. Constat fut fait que lorsque certains projets convoquent une technologie complexe, celle-ci n’est pas « pensée avec » la discipline concernée dès le départ. Il s’agit donc de réunir des domaines qui se rencontrent peu, ici des chorégraphes et des techniciens rompus au codage et au développement de logiciels et d’outils nouveaux.

 

La coproduction a été assurée par l’agence Dark Euphoria (Marseille) et la longue phase Recherche et Développement par Small Creative, structure parisienne où pas moins de cinq techniciens se sont mis à l’ouvrage (créateur VR, technical artist, technologue créatif et développeurs). En quelques années, de grands progrès ont été réalisés dans l’expertise numérique et informatique nécessaire. Le travail de l’équipe a notamment consisté à rendre possible une vision égale du spectacle et de ses modélisations où que le spectateur soit assis.

 

Dans le documentaire No reality now, la danse et son double, Dupont nous dit : « J’ai découvert la réalité virtuelle grâce à Chimères. On sent que c’est un outil qui a une puissance de feu, on pourrait dire, extrêmement forte, à l’intérieur duquel il faut faire des choix artistiques. Avec Charles (Ayats), on a essayé de voir comment cet outil pouvait rejoindre les questionnements du spectacle vivant ». 

 

Le pari du spectacle est en effet de faire vivre au public une expérience double. Muni non d’un casque, mais d’un masque tenu à la main par une poignée, chaque spectateur est libre de regarder soit dans celui-ci ou de s’en passer, en observant le plateau directement. Chacun s’en voit confier un, sorte de tuba muni d’un smartphone intégré, posé à sa place dans le gradin, et s’en sert comme d’une paire de jumelles à l’opéra. Les deux visions sont donc distinctes, la deuxième étant l’œil nu et la première proposant un univers étrange créé spécialement dans lesquels les trois danseurs ont des avatars. On va ainsi rencontrer la Mort munie d’une faux, une défunte semblant léviter qui se transformera en sphère et une chamane au costume blanc carnavalesque, à la présence plus légère et qui sera même démultipliée. Le tout se déroule dans un décor relativement oppressant, renforcé par une musique sombre qui renforce l’atmosphère chargée. On est hors du temps et l’ambiance artificielle ainsi créée, énigmatique, spectrale et parfois glauque, rappelle les jeux vidéo ou les tableaux métaphysiques de De Chirico. Le tempo est lent et installe un rituel minimal et scopique dont on se souvient bien après la fin du spectacle, même si les apparitions virtuelles sont parfois un peu maladroites.

 

QUESTIONNEMENT SUR LA MORT

« Le projet parle d’une urgence évidente mais qui est un questionnement, on pourrait dire constant, très présent en tout cas pour beaucoup de gens, c’est la représentation de la mort, du rituel. Qu’est-ce qu’on en fait aujourd’hui, avec notre propre culture ? Comment on le déplace, comment on le partage, et comment on essaie d’inventer un nouveau rituel avec cet outil et l’outil du spectacle vivant, pour inscrire quelque chose qui soit un nouvel objet », rajoute Dupont dans le documentaire.

 

Afin d’être totalement disponible pour cette aventure, il a préféré reprendre son ancienne pièce Souffles (2010) et confier son propre rôle au danseur Lazare Huet. Dupont en a conservé les trois personnages et le décor, sorte de boîte blanche aux murs matelassés, surmonté de trois rangées de bougies que l’univers VR va transformer. Quelque part entre Stanley Kubrick (on pense à la fin de 2001 ou à The Shining) et le surréalisme, après un premier espace fait de traits noirs verticaux et sinueux, on basculera dans un décor fantastique, sur une scène étrange et ravagée munie sur son périmètre de nombreuses portes de pierre ou prolongée par un long corridor infini. Grâce à des costumes-combinaisons munis de capteurs de motion capture (capture du mouvement), les danseurs ont pu être « avatarisés » et leurs déplacements millimétrés servent soit la vision à l’œil nu, soit leurs nouvelles identités dans le monde parallèle de la VR.

 

L’ambition du projet peut être résumée par les titres qui jalonnent le documentaire : « Repenser les outils du théâtre – Inventer un nouveau rituel – Faire converger les mondes ». Précisons que le visionnage de ce film (voir en fin d’article) aide grandement à la perception du projet grâce aux propos passionnants des divers participants (danseurs, chorégraphe, développeurs, chargées de production…). L’objet que cette nombreuse équipe a créé est une réussite, même si la danse y reste minimale et l’état recherché assez contemplatif. Monde inaccessible, insondable, inintelligible ? On arrive malgré l’énigme à se laisser emporter et à rentrer dans la dimension étrange, un peu effarante mais visuellement captivante, de cet objet.

 

Au-delà de cette expérience, l’enjeu est ici de pouvoir continuer à réunir dans une salle de spectacle des spectateurs équipés en VR plutôt que de céder à la tendance développée par des grosses sociétés occidentales vendant cette expérience pour un usage individuel, solitaire et domestique, ressemblant à la pratique du jeu vidéo et générant surtout de gros profits grâce à la commercialisation planétaire d’équipements nouveaux assez onéreux. 

 

Mais l’autre pitch de No reality now réside bien sûr dans le choix laissé au spectateur quant à son mode de vision et il est curieux de voir, pour peu qu’on jette un œil à ses voisins dans les gradins, que certains gardent leur masque devant les yeux, tandis que d’autres le retirent. A la sortie du spectacle au LU, un questionnaire assez long est remis aux spectateurs, qui peuvent le remplir sur place. Il a trait à la VR et à l’expérience que chacun vient de vivre.

 

COMPLEXITÉ TECHNOLOGIQUE ONÉREUSE

On se souvient des essais pionniers de Gilles Jobin, chorégraphe basé depuis 1995 à Genève et créateur d’une compagnie de danse digitale. VR_I (2018, vu à la biennale de la danse de Lyon) était une pièce révolutionnaire sidérante en VR immersive, qui a énormément tourné, où chaque spectateur, équipé d’un sac à dos contenant un ordinateur, déambulait dans un espace limité à cinq participants devenus avatars avec qui il pouvait interagir dans un monde futuriste coloré et inédit. Le chorégraphe a depuis orienté son travail vers un partage de la VR entre participants connectés dans le monde entier. La proposition du tandem Dupont-Ayats ne va pas dans ce sens.

 

Ce projet onéreux a été rendu possible grâce à des soutiens (plus de 600 000 euros) de l’Etat au titre des Scènes augmentées, filière des industries culturelles et créatives (ICC) de France 2030, d’ArTec dans le cadre des projets d’investissements d’avenir et du CNC (centre national de la cinématographie) au titre du DICRéAM (dispositif pour la création artistique multimédia et numérique). Un soutien a aussi été apporté par le dispositif Ecran vivant de l’ONDA (office national de diffusion artistique), visant à soutenir l’expérimentation de contenus numériques. Deux conseils régionaux ont également apporté un soutien (Ile-de-France et Sud).

 

Au LU, les deux membres de l’équipe consultés n’ont pas caché que ce projet est clivant. Le monde professionnel semble perplexe devant No reality now, lui préférant le spectacle vivant traditionnel, avec sa vision directe du plateau. Cela explique le peu de dates de la première tournée. Le public jeune, habitué au cinéma à des superproductions à effets spéciaux spectaculaires, semble soit conquis, soit dubitatif, restant sur sa faim. Il est vrai que le travail de Dupont peut être vu comme peu accessible. Espérons que No reality now continuera sa diffusion, séduisant des programmateurs, notamment à l’international.

 

La compagnie de Dupont porte un nom insolite, J’y pense souvent, référence à une réflexion de Kafka sur son éducation (dans Fragments narratifs). Vincent Dupont a été artiste associé au CCN de Montpellier de 2015 à 2019 (il partage avec le directeur Christian Rizzo un intérêt marqué pour les arts visuels) et est beaucoup intervenu au sein de la formation supérieure e.x.e.r.c.e que porte ce CCN avec l’université locale. De 2019 à 2023, il a été artiste associé à la scène conventionnée pour les Ecritures numériques Centre des Arts d’Enghien-les-Bains (95), coproductrice. La compagnie est conventionnée par la DRAC Ile-de-France.

 

Signalons enfin que le parc de masques (environ 130) est la propriété de Chimères et non de la compagnie. D’autres productions aidées par le ministère de la Culture pourront donc en profiter dans le futur.

NO REALITY NOW – LA DANSE ET SON DOUBLE – STFR from SMALL BANG on Vimeo.

 

L’auteur remercie à Nantes à Stereolux son directeur Eric Boistard et Mélanie Legrand, sa directrice de l’action culturelle , ainsi qu’à Paris, la danseuse et pédagogue Elisabeth Schwartz (entretiens téléphoniques). Également, il tient à remercier au LU à Nantes Yves Jourdan, directeur adjoint et conseiller danse, et Nicolas Rosette, coordinateur du dispositif Chimères (entretiens téléphoniques).

Date: Mytho, le 1er février, théâtre de Yerres (91)

Visuel :© Florian-Salabertconcept