La Ménagerie de verre continue ses collaborations vertueuses dans le cadre de son propre festival, Les Inaccoutumés. Après le Festival d’automne, c’est au tour de Danse Dense de prendre possession de l’iconique boîte blanche avec un faux pas de deux beau, déroutant et étrange de Georges Labbat.
Self/Unnamed commence par une image superbe. Une silhouette fait tourner au-dessus de sa tête une lumière comme un lasso. Le son de cette corde nous parvient, elle semble respirer. Et puis il y a une apparition, celle d’une sculpture reprenant trait pour trait le corps de Georges Labbat. Le danseur va s’emparer de son double dans la douleur, dans un rapport métallique.
Très vite, ce dialogue entre le vivant et l’inanimé convoque des idées. On pense à la notion de « faux self » posée par Donald Winnicott. Le faux self a attaché son regard vers l’extérieur et se suspend aux apparences. Il ignore superbement l’état de déchéance interne dans lequel il se trouve.
Le jeune homme est nu, mais son sexe est tucké. Il fait de lui un autre être, déjà hybride, presque poupée, qu’il confronte à un lui éternel, transparent, léger. Labbat s’intéresse particulièrement aux rapports de force décrits par Leopold von Sacher-Masoch et théorisés par Gilles Deleuze.
Le geste est un pivot sur lui-même qui permet au danseur de porter son autre, de le soupeser, de le faire glisser, de le posséder, de se faire posséder. Et puis, comme un miracle, l’acceptation de soi se fait, après tout, comme le chante Diana Ross qui a son rôle dans ce spectacle (si si !) : « I’ll be there on the double. » Georges Labbat a une présence très particulière qui vous déplace.
Dans la même soirée, vous pouvez voir un autre spectacle, non pas sur le double, mais sur le face-à-face. Il s’agit de For You/Not for You de Solène Wachter. Un show quasiment à l’américaine, super pop où la frustration est portée à l’apothéose.
Et puis, jusqu’au 8 décembre, le festival Danse Dense s’empare de Paris avec une programmation radicale. Vous pourrez y découvrir 21 chorégraphes. À noter, le beau duo emmêlé de MAGDALENA de Chloé Zamboni les 28 et 29 novembre au Théâtre de Vanves.