Dans la grande Halle du Carreau du Temple transformée en aire de jeu sportive, nous avons découvert Beat by Bits, une pièce qui nous fait voyager dans le son et l’énergie de la techno de Détroit. Canon.
Beat by Bits est la version plein air du spectacle 16BIT, qui normalement se joue en «boîte noire». Nous sommes tous.tes assis.e.s en rond par terre quand le groupe apparaît. Iels sont 10, vêtu.e.s d’académiques-cyclistes rouge ou bleu et de chaussures de boxe. Tout commence par une pyramide humaine ou les un.e.s se reposent sur les autres pour avancer, en escaladant sur un dos ou des épaules. Le son est pour le moment tranquille, mais il va vite monter, monter fort même.
La chorégraphie se met en place, répétitive et obsessionnelle comme on l’aime. Sur deux fois huit temps le mouvement s’augmente. Les pieds sont en rebond, il marque les beats devenus irrépressibles de Nicolas Fehr et Mauro Zannoli.
Des bras à l’horizontale qui se replient ou se tendent pour marquer le tempo tels des métronomes, et des changements directionnels rigoureux, sont le terreau de ce spectacle.
Au fur est à mesure, les choses se compliquent, comme sur un vrai dancefloor, certain.e.s dansent chacun.e pour soi. Paula Rosolen et Haptic Hide dressent le portrait de chacun de ses interprètes en leur proposant des duos et des solos. Elle en fait des rois et reines de la piste et nous donne furieusement envie de bouger.
Sur le fond, il est génial de se replonger dans ce son qui a accompagné la fin de la Guerre Froide. On oublie parfois que la techno est politique de par son apparente brutalité, de cette brutalité qui était nécessaire pour casser le mur de Berlin. Mais Beat by Bits peut aussi se dévorer comme un plaisir pur, comme une généreuse et bien écrite partition de danse qui claque.
Le festival Jogging se tient au Carreau du Temple jusqu’au 30 juin
Visuel © Laurent-Philippe