Le 18ème a pleuré ce mardi 17 octobre. La cause ? The Murder Capital était à la Cigale.
Après une première partie douce et lancinante de SOAK, musicien·ne indie/folk de Derry, la tension monte à la Cigale. On s’impatiente sur du Sonic Youth en attendant que Murder Capital monte sur scène.
C’est la seconde fois que le groupe post-punk bénit Paris ces trois derniers mois. Il était au festival Rock en Seine le 27 août cet été sur la scène Cascade, s’imposant sans difficulté entre Gaz Coombes et les Strokes et se révélant être l’un des groupes phare de l’édition 2023. Le groupe irlandais, formé en 2015, est aujourd’hui en tournée en Europe, dont sept dates en France. Comme exprimé dans l’interview de Sound of Brit à propos de leur passage en France, “I feel that by going to these different territories, to places where not all bands go, people really appreciate it”. De quoi satisfaire leur public francophone, bien trop habitué à la centralisation des concerts à Paris.
Leur dernier album Gigi’s Recovery est un sans-faute musical, texturé et en équilibre parfait entre des sons post-punks et électroniques. Virage à 180° après When I have Fears, la création de ce nouvel album aura pris deux ans. On peut y voir le reflet du perfectionnisme du groupe ainsi que la quête musicale et artistique dans laquelle se sont plongés les musiciens. De nouveaux instruments sont utilisés et de nouvelles sonorités sont explorées. L’album est un mélange de spontanéité expérimentale et de travail minutieux. La facilité voudrait comparer encore et toujours Murder Capital à leurs contemporains irlandais Fontaines DC et Idles mais la vérité est qu’ils sont un nouveau son, une nouvelle référence rock.
C’est finalement à 21h qu’ils apparaissent. Tout le monde décolle. Fini la subtilité, on est en live, on est là pour exister. Ils sont là à 100% quand ils jouent leur single Heart In The Hole (sorti le 27 octobre). On n’en finira jamais d’en parler : la voix traînante et gutturale de McGovern nous prend aux tripes et s’adresse à nous depuis cet autre monde, sublimée par les artificiers Tuit, Roper, Blake et Brennan. Lentement mais sûrement, la température augmente. Ça commence tout juste à se bousculer timidement dans la fosse. James intime alors au public de se scinder. C’est le coup de feu : un pogo monstrueux est né. Les paroles sont hurlées avec rage et McGovern est un gourou qui enjoint la foule à se démener. “Welcome to Ireland !” Ça monte sur scène pour mieux se jeter dans la mêlée. Une fille pleure en tendant les mains. So cliché…
La chanson On twisted Ground est une rupture au milieu du concert. La musique figure sur le premier album – qui aborde le sujet du deuil suite au suicide d’un très proche ami du groupe – et le silence se fait respectueusement. C’est sur les dernières paroles “You could’ve watch it all” que le chanteur se met à pleurer et qu’il finit dans les bras de son bassiste. Murder Capital évolue mais n’oublie pas.
Une respiration et le concert reprend, véritable tempête émotionnelle, et “From now until the end, there’ll be no stop !”. Et en effet, ça ne s’est pas arrêté. Et ça ne s’arrêtera pas.