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La 6ème édition de « Via Aeterna » sous le signe de l’actualité

par Hannah Starman
28.10.2023

Entre le 13 et le 15 octobre, nous avons participé à quatre représentations : un concert baroque, interprété par Yetzabel Arias, Daniel Zapico et Philippe Pierlot dans une église du village ; un récital de musique de Philip Glass pour piano, interprétée par Vanessa Wagner au Théâtre d’Avranches ; un concert des musiques klezmer et tzigane de Sirba Octet à l’ancien haras et l’Ensemble De Caelis et Les Chanteurs d’oiseaux à la salle des chevaliers de l’abbaye du Mont Saint-Michel.

« Ay ! Que me rio de amor »

 

« Dans l’impossibilité de se rendre en France », suite à l’actualité tragique au Moyen Orient, le groupe israélien de musique hébraïque ancienne et moderne, Yamma Ensemble, a été contraint d’annuler sa participation. Il a été remplacé au pied levé par l’ensemble Canticum Novum, actuellement en résidence à l’Opéra-théâtre de Saint-Etienne. Canticum Novum avait déjà séduit le public de Via Aeterna lors des éditions précédentes. Tout en regrettant l’absence de Yamma Ensemble et des raisons qui l’ont provoquée, les spectateurs ont beaucoup apprécié les deux concerts de Canticum Novum, les 13 et 14 octobre.

 

Pendant que Canticum Novum faisait découvrir aux cancalais son répertoire du bassin méditerranéen du XIIIème au XVIIème siècles, trois musiciens se sont retrouvés autour d’un programme baroque aux accents hispaniques : la soprano cubaine Yetzabel Arias, le théorbiste espagnol Daniel Zapico et le violiste belge Philippe Pierlot. Le directeur artistique du festival, René Martin, passera une tête au début du concert pour accueillir les musiciens, échanger quelques mots avec des bénévoles et saluer les spectateurs à proximité, avant de partir à Cancale pour assister au concert de Canticum Novum. Ce vendredi 13, pluvieux à souhait, les trois musiciens nous transportent de la petite église Saint-Médard de Dragey-Ronthon sous le soleil brûlant de l’Espagne et l’Italie des XVIIème et XVIIIème siècles. Avec leurs instruments anciens (la viole de gambe de Philippe Pierlot date de 1635), les musiciens nous parlent d’amour, des étoiles et des fleurs à travers ces petits bijoux baroques, joyeux et malicieux, créées par Monteverdi, Hidalgo, Duron et autres. En quittant les lieux, un ou deux auditeurs fredonnent l’air de Ay ! Que me rio de amor, comme pour s’accrocher encore un peu à cette rafraîchissante légèreté, avant de retrouver la violence des images sur leurs écrans de télévision.

 

Philip Glass et l’intensité sobre de Vanessa Wagner

 

Le lendemain, Vanessa Wagner, pianiste et militante pour les droits des animaux, évoquera les événements en Israël lors de son récital au Théâtre d’Avranches. « J’imagine que, comme moi, vous avez passé des jours difficiles face à ces horreurs », dit-elle d’une voix hésitante. « Je ne sais pas pourquoi on appelle cette musique minimaliste, alors qu’elle est pleine d’émotion ». Elle s’appuie sur le piano, comme pour se donner du courage, avant de conclure : « L’art rend ce monde un peu plus vivable. » Ce 14 octobre, Vanessa Wagner nous offre une interprétation, pétrie d’une intensité toute intérieure, des œuvres de Philippe Glass, le compositeur américain qui a marqué le XXème siècle avec sa « musique à structure répétitive », le terme qu’il préfère au « minimalisme. »

 

 

L’Opening, l’une des pièces les plus connues de Glass, fait partie de l’œuvre Glassworks, composée en 1979 à la demande d’Alberta Piano Institute. L’album Glassworks a été publié par CBS Records en 1982 et Opening sera plus tard inclus dans l’album Solo Piano de 1989 et repris dans The Essential Philip Glass en 1996. Comme Philip Glass l’explique dans son récit autobiographique Music by Philip Glass, sa musique vise à provoquer une émotion forte avec peu de moyens. Kurt Munkacsi, le producteur et ingénieur du son de Glass a inventé une version « walkman » de Glassworks, destinée à toucher l’individu qui porte un walkman. « Il ne s’agissait pas d’un gadget, mais d’un mixage vraiment différent, réalisé avec un casque branché directement sur la table de mixage. »

 

Avec son geste dépouillé et précis, Vanessa Wagner nous livre une interprétation tellement intime de la musique de Glass qu’on a l’impression, même du balcon, que le son est diffusé à quelques millimètres seulement de l’oreille, pour que l’on puisse l’entendre malgré le fracas de la vie environnante. Sa lecture des Études (n° 7 à 12) et de Metamorphosis 2 est puissante et hypnotisante, comme une pulsation obstinée et martelante, tandis que le rythme répétitif, qui va en s’accélérant, de Mad Rush nous transporte dans une dimension encore plus lointaine et plus essentielle.

 

Richard Schmoucler : « J’ai gardé mes blagues et je l’assume. Il ne faut pas se laisser abattre ! »

 

La soirée se poursuit à 20h30, avec le concert de Sirba Octet devant la salle comble de l’ancien haras d’Avranches, en présence du président du festival, Jean-Marie Montel, et le maire d’Avranches, David Nicholas.

 

Sirba Octet, qui fête cette année ses 20 ans, est né en 2003 d’une idée novatrice de son fondateur, le violoniste Richard Schmoucler. Membre de l’Orchestre de Paris depuis 1997, Schmoucler prend le pari de créer un ensemble qui explore le répertoire classique (Bloch, Prokofiev), ainsi que la musique traditionnelle de l’Europe de l’Est, notamment la musique klezmer et tzigane. Il réunit cinq amis musiciens, membres de l’Orchestre de Paris, du National de France et de l’Opéra de Paris, ainsi qu’un pianiste, un cymbaliste et l’arrangeur Cyrille Lehn et il forme le Sirba Octet. L’ensemble se produit dans différents festivals, théâtres et dans les salles les plus prestigieuses du monde entier. Sirba Octet vient de sortir son septième album, Tsuzamen, sous le label Sirba Octet.

 

Le Sirba Octet présente ce soir un programme construit autour de son cinquième album du Tantz ! (Danse ! en yiddish) qui a reçu le Choc Classica de 2015. Ce voyage musical à travers la Roumanie, la Moldavie, la Russie et la Hongrie s’inspire des répertoires traditionnels, klezmer et tziganes. Sirba Octet ouvre le concert avec Kolomishka, un air traditionnel yiddish, joyeux et entraînant, où on admire le fabuleux passage solo de Joë Christophe à la clarinette. La Fantasie roumaine, la Suite de Moldavie, Doina ciobanului, Bessarabyé évoquent autant de paysages roumains et moldaves que leur histoire, au fil de laquelle se succèdent des épisodes de vie farouche et de mort cruelle. Les solos de violon, de violoncelle, d’alto, ainsi que les dialogues entre le piano et la clarinette ou encore le violon et la clarinette, offrent de multiples occasions pour admirer l’énergie de ces musiciens et la finesse de leur jeu.

 

 

Schmoucler raconte sa première blague juive après quatre ou cinq morceaux. Deux rabbins sont dans un taxi. Le premier dit : « Quand je pense à Dieu, je me dis que je suis moins que rien. » Le deuxième surenchérit : « Si tu es moins que rien, alors moi, je suis au-dessous de tout ! » Sur quoi le chauffeur de taxi se retourne pour dire : « Messieurs, si vous n’êtes rien, je n’existe même pas ! » Les deux rabbins s’écrient : « Mais pour qui il se prend, celui-là ? » Les rires sont quelque peu gênés. Certains spectateurs s’interrogent sur la pertinence des blagues sur les Juifs, alors que l’heure est si grave. Comme pour leur répondre, les musiciens se lancent dans la mélodie plaintive de la chanson Vu bistu di gevezen (Où étais-tu ? en yiddish), portée par les sonorités graves du violoncelle, ensuite par l’alto, le violon et finalement, par la clarinette.

 

Juste avant la blague sur la fiancée de David (« Maman, comment as-tu deviné qui est ma fiancée ? » « Facile ! C’est celle que je n’aime pas ! »), Sirba Octet ajoute Ikh shtey unter a bokserboym, l’emblématique chanson de la légendaire cantatrice israélienne, Chava Alberstein. Militante pour la paix et le respect des droits de l’homme, Alberstein s’est vu interdire la diffusion de sa chanson Had Gadya qui critiquait la politique israélienne envers les Palestiniens à l’époque de la première intifada en 1989. Une blague plus loin (Sarah à David : « En 30 ans de mariage, tu ne m’as jamais acheté de manteau de fourrure » David à Sarah : « Tu ne m’as jamais dit que tu en avais un à vendre. »), la chanson A gute vokh (Bonne semaine en yiddish) est déchirante par son incongruité. « J’ai failli pleurer pendant cette chanson, » nous confiera Richard Schmoucler après le concert, « mais il fallait la faire. » La montagne russe d’émotion s’est conclue par une standing ovation, plus que mérité, pour cet ensemble de musiciens extraordinaires.

 

« Drôles d’oiseaux » : Ensemble De Caelis et Les Chanteurs d’oiseaux

 

Le 15 octobre, l’ensemble De Caelis investit la salle des chevaliers de l’abbaye du Mont Saint-Michel. Située sous le cloître, au cœur de l’abbaye, cette vaste salle gothique est l’une des salles les plus spectaculaires de l’abbaye. Ornée de nombreuses colonnes et de voûtes qui supportent le poids du cloître et de son jardin, la salle des chevaliers a été d’abord la salle de travail des moines, probablement le scriptorium – ce qui expliquerait la présence de deux grandes cheminées sur le mur nord. Elle a pris le nom de salle des chevaliers après la création, par Louis XI, de l’ordre royal de Saint-Michel en 1469 qui devait s’y réunir une fois par an. Il semblerait que ces réunions de chevaliers n’ont jamais eu lieu au Mont Saint-Michel, mais ce dimanche matin, la salle est pleine à craquer. Une vingtaine de spectateurs écoutent le concert debout, adossé au mur.

 

 

L’ensemble De Caelis a été créé en 1998 sous la direction artistique de Laurence Brisset pour explorer et faire découvrir le répertoire vocal médiéval a cappella, mais aussi des créations contemporaines. Le programme « Drôles d’oiseaux » s’articule autour du dialogue entre les voix des chanteuses, qui interprètent les pièces de Borlet, Solage, Guillaume de Machaut, Guillaume Dufay, Clément Janequin et anonymes du manuscrit de Chantilly (XIVème siècle), de Montpellier (XIIIème siècle) et les chants d’oiseaux de Jean Boucault et Johnny Rasse. Dans le cadre somptueux de la salle des chevaliers, les voix des chanteuses Estelle Nadau (soprano), Claire Trouilloud (soprano), Caroline Tarrit (mezzo-soprano), Clara Pertuy (alto), accompagnées d’organnetto (Laurence Brisset), se mêlent aux chants des oiseaux de Jean Boucault et Johnny Rasse, incarnant ainsi l’alliance entre la musique et la nature.

 

Amis d’enfance et amoureux de la nature, Jean Boucault et Johnny Rasse ont grandi dans la baie de Somme, un paradis pour les oiseaux migratoires et les ornithophiles. Ils ont commencé à imiter les chants d’oiseaux enfants, sur le chemin de l’école. Jean, le fils du pharmacien, découvre son don d’imitation quand il arrête une formation de goélands en plein vol. « La première fois où j’ai poussé un cri de goéland, » se rappelle Jean Boucault, « c’était sur le chemin du retour de l’école et les goélands m’ont répondu. » Il s’approche alors du père de Johnny Rasse, berger dans la baie de Somme et connaisseur des espèces qui y vivent, pour apprendre d’autres chants car il en fallait trois pour pourvoir participer aux concours des cris d’oiseaux.  « J’aimerais m’acheter une longue-vue et y a un petit prix, » justifie-t-il son ambition à 13 ans sur l’antenne régionale de France 3.

 

 

Jaloux de l’attention que portait son père à Jean, Johnny s’est mis à travailler en secret pour apprendre le chant de merle, le plus proustien des oiseaux. Johnny expliquera ses débuts d’imitateur d’oiseaux sur France culture : « J’ai appris à imiter le chant préféré de mon père, le merle noir, qui est l’un des oiseaux les plus difficiles à imiterC’est celui qui fait des phrases à n’en plus finir et qui nous donne pleins d’indications sur son état, son humeur, comment il se sent et où il est. C’est un oiseau complet. » Ils participent aux concours et bataillent l’un contre autre jusqu’au jour où les rivaux d’enfance s’associent pour former le premier duo de chanteurs d’oiseaux.

 

Boucault et Rasse ajoutent le geste au son et créent des spectacles.  En 2006, ils rencontrent le pianiste Jean-François Zygel à l’occasion du Festival des Forêts de Compiègne et apprennent à travailler leur chant comme des instrumentalistes. Ils accompagnent ainsi des œuvres de Vivaldi, montent un spectacle sur l’oiseau dans la mythologie mondiale, Syrinx, et renouent avec leur enfance avec un pigeonnier mobile évoquant les trois cent mille colombes, mobilisées pendant la Grande Guerre pour porter des messages dans la Somme. « Nous avons récupéré beaucoup de « colombogrammes » envoyées depuis les premières lignes, » racontent Boucault et Rasse. Par exemple : « C’est mon dernier pigeon. Il y a trop de gaz. Nous allons mourir. Dites à ma femme que je l’aime. » Ils sont invités à La Folle Journée de Nantes en 2016 et en 2017, ils sont une des révélations des Victoire de la musique classique. Aujourd’hui, le duo collabore aux projets artistiques et se produit dans le monde entier avec un répertoire d’environ 500 chants d’oiseaux. Mais il y a des limites, imposées par la nature : il est impossible d’imiter la fauvette aquatique, car le corps humain ne permet pas de siffler tous les sons métalliques.