Nous l’avions interviewé en amont de l’évènement et pourtant, nous ne savions pas à quoi nous attendre… Alain Manoukian avait carte blanche, ce 17 juin au Théâtre du Rond-Point pour ouvrir le 19e festival des Cultures juives, avec deux invités annoncés : la chanteuse grecque Dafné Kritharas et le philosophe des sciences Étienne Klein. Il y a eu aussi l’apparition lumineuse du joueur de tabla Mosin Kawa… Paroles et temps ont été partagés à bâtons rompus.
Ariel Goldmann, le Président du FSJU et Ariel Weil, le maire de Paris Centre ont ouvert ce 19 Festival des cultures juives dans l’humour et la bonne humeur au Théâtre du Rond-Point. Le maire s’est même lancé dans un peu d’exégèse sur le thème de ce festival : la parole. Fabienne Cohen-Salmon, directrice adjointe à la culture du FSJU, lumineuse en blanc, a présenté une édition du festival riche de 30 évènement et le héros (ou héraut?) de la soirée : André Manoukian.
Le pianiste, compositeur et surtout merveilleux passeur s’est excusé de n’être «pas juif » mais a dit adhérer à la démarche intellectuelle de «poser des questions» autour d’une ligne de texte, qui constitue le cœur d’une tradition qui lui parle. Se déclarant «mystique comme tous les musiciens», il ajoure qu’il «n’arrive pas à se brancher directement» : il lui faut les mots et les notes. Et on aimerait ajouter l’humour, qui caractérise ses prises de parole. Avec son ami neurologue Étienne Klein, il avaient répété un duo, mais Manoukian a tout changé et étiré le temps sur un cosmos courbé. Le producteur de la «conversation scientifique» s’est réfugié dans une autre courbe, celle du piano, pour partager beaucoup de considérations sur le temps et un talent de comique en anagrammes.
Trêve de mots, le concert a ensuite commencé, avec un André Manoukian concentré sur l’album qu’il a dédié à sa grand mère survivante du génocide arménien, Anouch. De marche turque en rondos, il a fait chanter Aznavour au public et nous a tous.tes initié.e.s aux rythmes orientaux avec un complice d’envergure aux percussions, Mosin Kawa. Ce dernier nous a introduit.e.s aux 50 rythmes non-européens (ou presque) y compris avec un petit cours de ska. L’humour et les paroles ont eu leur place entre des morceaux très intenses avec un vrai sens du mot d’esprit du côté du pianiste à la carte blanche : « Un arménien c’est comme un ashkénaze mais triste ». Avec l’entrée de la chanteuse grecque Daphné Khritaras sur scène. La conversation badine a voulu se transformer en chant qui «fait pleurer les pierres». Il y avait un soupçon de réverbération en trop mais le trio était beau à voir.
Une ouverture qui augure d’un festival des cultures très riche et ouvert sur l’autre. Rendez-vous sur le site du festival pour en savoir plus et sur notre compte Instagram pour tenter de gagner vos places pour Le Monde d’hier de Laurent Seksik au Théâtre au Théâtre Les Enfants du Paradis le 26 juin.
visuel (c) Mélodie Braka