Electro

Astropolis été : Vers le cap breton des 30 ans

par Rodolphe Pete
14.07.2024

En principe, Astropolis, le plus ancien festival électro en activité aurait dû fêter son trentième anniversaire en cet été 2024 au bout du Finistère. Mais le Covid-19 a perturbé les comptes ronds. Qu’importe, cette fin juin était ainsi marquée du nombre 28 pour cinq jours festifs au cœur de Brest et dans les bois de Kéroual. Une recette que le temps n’use pas puisque plus de 10 000 personnes ont participé au total aux activités diurnes et nocturnes concoctées par une structure engagée qui n’oubliait pas cette année d’appeler son public à aller voter après la ruée sur les dancefloors.

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Nouveaux lieux

Avec la volonté de mettre en avant les nouveaux lieux d’une cité en pleine évolution, à l’instar des ateliers Capucins, nouvel écrin pour démarrer le marathon sonore qui a bénéficié d’une météo enfin estivale. Les habitués n’étant pas dépaysés par des repères bien ancrés, que ce soit la pétanque de la place Guérin le samedi après-midi, les befores au centre d’art Passerelle et l’Astrokids pour les enfants. Mais la nouveauté fait aussi partie d’un collectif qui innove avec le jardin Kennedy envahi par une foule de toutes les générations samedi après-midi, avec des sets marquants comme le duo Célélé et Dylan Dylan, deux talents désormais sûrs.

Friche de talents

Astropolis, c’est ainsi la certitude de pouvoir découvrir des noms à suivre, et qui deviennent parfois des compagnons de route de l’événement (à l’instar de Cuften, Blutch et Swooh par exemple ces dernières années). Raison pour laquelle il faut toujours arriver tôt en profitant des warm-ups traditionnellement dédiés aux débutants ou DJs en devenir. La prestation de l’Etalon disco, vendredi au Vauban, a mis tout le monde d’accord avec une parfaite montée disco house qui permettait ensuite à la tête d’affiche Gerd Janson d’embarquer un public chauffé à blanc vers les sommets dont il a le secret. La fameuse boule à facettes de la petite salle de concert en sous-sol, qui a accueilli les plus grands, devenant le symbole d’une communion joyeuse et explosive.

La nuit de Kéroual

Tout en gardant des forces pour le jour J, celui de la nuit de Kéroual où la magie prend une dimension onirique à la nuit tombée, quand aux lumières dans les arbres répondent les échos sonores sur les pierres. Un parcours sans embûche ni fausse note où la fête s’avère totale : entre grande roue, autos tamponneuses et trois espaces pour danser : la cour où le lever du soleil est toujours le moment indispensable, la débauche sonore du chapiteau Mékanik et la marée humaine de l’astrofloot. L’intérêt étant de jongler entre ces espaces proches pour ne rien rater de l’essentiel. C’est toujours une illusion mais la course mérite cette débauche d’énergie. Avec des souvenirs imparables, comme le jeu de Simo Cell, les lives de Blawan et Big Red, le set époustouflant de Skeptical et l’énergie brute de Marie Davidson. Très attendu, l’innovation hybride entre le résident Manu le Malin et le Belge KRTM a sonné la scène Mékanik, théâtre d’un quart de siècle d’anniversaire. En 1999, une certaine Elisa do Brasil faisait ainsi ses débuts, pour ne plus quitter la rave bretonne. Au lieu de clore la nuit, elle a ainsi joué en plein milieu d’un line-up très relevé. Avec un MC inattendu à la fin en la personne de son ami Manu le Malin. Son sourire et son émotion en saluant le public faisaient plaisir à voir.

Laurent Garnier is back

Comme le retour sur l’astrofloor de Laurent Garnier, compagnon de route depuis le début. Après des mois d’arrêt pour cause de maladie, le « patron » a évidemment clos de la plus belle des manières un plateau pourtant haut de gamme (avec notamment Seinfeld et Mall Grab). Le fondateur du label F Comm a le don de surprendre, de varier les plaisirs et de raconter une histoire mêlant tous les styles, de la house à la techno en passant par la drum. Il lui faut du temps pour narrer cette histoire de passions et les presque trois heures n’étaient donc pas de trop pour constater que Monsieur Garnier n’a rien perdu de sa dextérité et de son inspiration terriblement habitée.

visuels (c) Rodolphe Peté