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Klaus Mäkelä et l’Orchestre de Paris pour deux soirées Ravel et Stravinski

par Helene Adam
20.02.2025

Klaus Mäkelä, le génial et adulé directeur musical de l’Orchestre de Paris, excelle dans ce répertoire du début du vingtième siècle. Il donnait, les 18 et 19 février, à la Philharmonie de Paris, deux œuvres de Ravel en première partie puis deux ballets de Stravinsky : Petrouchka, le 18 et Le Sacre du Printemps, le 19. Exceptionnel !

Une lecture poétique de Ravel

En choisissant d’interpréter d’abord la version orchestrale du Tombeau de Couperin, l’orchestre de Paris nous offre une belle vision un rien mélancolique et très poétique de ce morceau d’abord conçu pour piano en six mouvements (dont une fugue et une toccata) puis transposé par Ravel lui-même en quatre mouvements pour orchestre.

Ravel rendait hommage à François Couperin à la manière des déplorations traditionnelles de son époque tout en marquant de son style et de la modernité propre à ce début de siècle, une composition originale écrite en mémoire de six camarades morts sur le Front durant la Première Guerre mondiale. Ravel ne donne pas pour autant dans l’éloge funèbre solennel et triste. Au contraire, la partition procure un sentiment de gaité, de fête, de poésie propre à se souvenir des beaux jours de cette jeunesse trop tôt disparue. Un peu comme son extraordinaire Valse, Ravel joue des contrastes entre légèreté de la fête et gravité qui s’invite de temps en temps, pour rappeler la triste disparition.

 

Klaus Mäkelä commence le Prélude presque comme un murmure tourbillonnant dominé par le chant obsédant du hautbois, de facture classique pour rappeler le clavecin de Couperin, mais, adoptant également quelques fulgurances modernes. Chaque soliste sollicité répond magnifiquement aux invites du maestro toujours très concentré et dont on ressent la fusion avec un orchestre transfiguré sous sa battue. La Forlane qui suit, danse italienne, a davantage encore d’accents modernes dans ce sautillement qui la caractérise et qui conduit d’ailleurs le maestro à des mouvements en rythme sur son estrade et l’on imagine sans peine ces danseurs du temps de Couperin accomplir ces petits bonds élégants en rythme. Tout en sollicitant une fois encore le hautbois, roi du Menuet qui suit, Klaus Mäkelä donne une mélancolie rêveuse à cette danse moins rythmée que la précédente, qui évoque la campagne et les bals musette plutôt que les grands salons et précède le fameux Rigaudon en contraste absolu : rythme, sonorités, élan, dynamisme, tout le monde se réanime en quelque sorte pour finir par un morceau d’avenir, de joie, un hymne à la vie pour fêter dignement les jeunes morts de la Guerre dite « grande ». Le court intermède du hautbois au milieu du morceau est là pour rappeler brièvement la tristesse qu’engendre leur disparition avant une reprise en mode rapide et scandé.

Le thème de la suite pour orchestre, Ma mère l’Oye, est totalement différent, puisque Ravel compose cette fois une partition fluide en prenant pour référence les contes pour enfants. Il écrit d’abord la Pavane pour la Belle au bois dormant pour les deux enfants du sculpteur Cyprien Godebski puis ajoute à ce premier morceau de facture très simple, quatre autres mouvements, tous inspirés de contes dont il évoque l’atmosphère plus qu’il ne les narre.

L’orchestration ne comprend pas d’instruments trop sonores ni de grosses percussions et se concentre sur les cordes, les vents et la percussion légère (notamment le xylophone), pour rester dans le cadre dédié.

Klaus Mäkelä ne presse pas le rythme et laisse la Pavane exprimer toute la douceur enveloppante de la princesse endormie, dessine le chemin serpentant du Petit Poucet avec délicatesse et rêverie, se glisse sans ostentation dans les quelques chinoiseries de la Princesse des Pagodes avec son accélération finale. Il accentue le contraste du morceau suivant, les Entretiens de la Belle et la Bête, où Ravel lui-même compose cette fois une partition narrative. L’apparition de la Bête et la peur de la Belle, donnent lieu à des mesures particulièrement saisissantes et une sorte de crescendo de l’angoisse fort bien rendu. Enfin, avec le Jardin Féérique on revient, comme en boucle, sur la douce rêverie du début et on aime ce sens aigu de la poésie que possède le maestro en totale phase avec un Ravel dont on sent à quel point il le comprend et l’apprécie (tout comme nous !)

Un Petrouchka à la sensualité exacerbée

Écrit en 1911 entre L’Oiseau de feu (1910) et Le Sacre du printemps (1913), Petrouchka est l’une des trois compositions de Stravinski pour les Ballets Russes de Diaghilev, et un fleuron artistique de ce début de siècle avec sa modernité assumée de partitions qui marquèrent (voire choquèrent) ses contemporains. Klaus Mäkelä nous avait donné les trois ballets à la suite les uns des autres avec des supports vidéo, à Aix-en-Provence d’abord en 2023 puis à la Philharmonie de Paris en 2024. Il a par ailleurs enregistré ce Petrouchka avec deux œuvres de Debussy sous le label Decca.

Stravinski lui-même donne l’une des clés de son art quand il déclare « En composant cette musique, j’avais la vision d’un pantin subitement déchaîné qui, par ses cascades d’arpèges diaboliques, exaspère la patience de l’orchestre, lequel, à son tour, lui réplique par des fanfares menaçantes ».

Et l’exceptionnelle sensibilité, nous dirons même sensualité du jeune chef finnois, fait à son tour danser Petrouchka et ses mélodies populaires qui s’insèrent à de multiples reprises dans la partition. C’est le pianiste Nicolaï Maslenko qui assure brillamment les thèmes au piano et l’ensemble de cette transposition des personnages de la Commedia dell’arte, à la mode russe en quelque sorte, est magistralement menée dès que les marionnettes Petrouchka, le pantin, le Maure et la Ballerine, prennent vie et se mettent à danser sous l’impact d’une flûte magique. Il y a des moments endiablés où Makela valorise les structures musicales complexes de Stravinski, ses quartes augmentées, ses octaves à huit notes et autres spécificités qui créent une sorte de déséquilibre exprimant la folie des mouvements et des sentiments.

Et puis il y a ces moments de pure poésie, rêveuse, dansante, l’amour du pantin pour la ballerine qui l’ignore, et ces brusques changements de rythme et de style qui rendent la direction musicale si périlleuse et souligne le talent exceptionnel de Klaus Mäkelä à la tête de son orchestre.

Nous avons souvent parlé de son charisme et de son magnétisme, il n’est jamais aussi impressionnant que dans ce répertoire et notamment dans Stravinski dont il a donné un Sacre du Printemps explosif le lendemain.

Visuels : © C.d’Hérouville / Philharmonie de Paris