Anoushka Shankar entame sa nouvelle tournée en passant par la Philharmonie de Paris, nous livrant un magnifique concert où contemplation et frissons se rencontrent.
Anoushka Shankar, auteure, compositrice et interprète, débute sa nouvelle tournée européenne en passant par Paris ! Nourrie d’influences diverses, elle compose un bel univers qui s’enrichit d’année en année avec de nouveaux albums dont les titres portent en eux une essence onirique et parfois militante.
Dès ses 9 ans, Anoushka Shankar apprend le sitar et étudie la musique classique indienne avec son père, Pandit Ravi Shankar, le sitariste de notoriété internationale. Elle développe alors une technique précise d’une virtuosité qui s’entend encore aujourd’hui dans ses compositions. Avec le temps, la sitariste donne peu à peu naissance à un style unique et éclectique. Aux qualités méditatives de la musique indienne, Anoushka Shankar mêle des sonorités empruntées à l’électro tout comme des rythmes venus du flamenco.
Sur la scène de la Cité de la Musique, Anoushka Shankar et ses quatre instrumentistes, Arun Ghosh (clarinette), Thomas Farmer (contrebasse), Yusuf Ahmed (batterie) et Pirashanna Thevarajah (percussions), sont sensationnel·le·s. C’est un premier concert pour ce nouveau quintette formé par la sitariste et, pourtant, leur complicité est marquante car les musiciens jouent bel et bien ensemble. Ils et elle se regardent, s’écoutent, et bien qu’Anoushka Shankar prenne place au centre du plateau, elle ne prédomine pas le jeu.
Chaque instrumentiste est admirable, excelle. A la clarinette, Arun Ghosh livre des soli puissants ; à la contrebasse, Thomas Farmer donne tout son corps et son âme à la musique ; à la batterie, Yusuf Ahmed amène un élan rythmique vif et précis ; multi-instrumentiste, Pirashanna Thevarajah parfaire la musique dans les détails, jusqu’aux tintements du glockenspiel.
L’ensemble nous propose des compositions tirées d’albums plus ou moins anciens dans une version instrumentale libre. C’était également l’occasion pour la sitariste de présenter son tout nouveau disque : Chapter 2, How Dark It Is Before Dawn (comme il fait sombre avant l’aube), deuxième volet de sa trilogie de mini-albums débutée en octobre 2023. Rêveur et hypnotique, ce volet se lie admirablement bien aux autres titres choisis pour le concert à la Cité de la Musique.
Sur scène Anoushka Shankar rayonne. Tout est beauté, nous plongeons dans la rêverie, entre introspection et évasion. L’enlacement des résonances, la superposition d’harmonies et de styles devient son originalité, son identité.
L’univers musical d’Anoushka Shankar est à la fois dynamique et contemplatif, innocent et engagé. Tantôt absorbé·e·s par les émotions sonores, tantôt hypnotisé·e·s par la virtuosité technique des musicien·ne·s, nous sommes totalement transporté·e·s.
Les couleurs musicales de ses compositions sont parfois lumineuses, parfois sombres, elles semblent alterner en vague tout au long du concert. En un certain sens, Anoushka Shankar et ses musiciens nous emmènent en voyage pour nous montrer «How Dark It Is Before Dawn».
Visuel : © Laura Lewis