Andrea Laszlo De Simone, la fragilité en majesté

Dans l’amphithéâtre du Palais de la Porte Dorée, le temps s’est suspendu. Andrea Laszlo De Simone est apparu avec la discrétion qui le caractérise, lui qui se fait rare, lui qui pèse chaque mot et transforme ses interventions en instants précieux. Face à un public réuni en petit comité dans le cadre du Télérama Dialogue, il a dévoilé quatre morceaux inédits – Quando, Non è reale, Cromo che ero una volta et Momento migliore – écoutés dans un silence quasi religieux.

Andrea s’est exprimé dans un français maladroit et terriblement charmant, appris au fil de ses rencontres avec les journalistes et les personnes de son label. À ses côtés, une traductrice venait parfois l’épauler, mais il a tenu à chercher ses mots, à livrer sa pensée dans cette langue qu’il apprivoise seul. Cette fragilité a donné à la rencontre une dimension rare, loin des discours calibrés de la promotion.

Un artiste autodidacte et farouchement indépendant

Interrogé sur son rapport à la scène, Andrea a confié que malgré les moments extraordinaires vécus sur les planches, il préférait aujourd’hui voir grandir ses enfants. La vie est à la fois courte et longue, dit-il, et pour l’instant, son choix est celui de l’intime.

Quant à ses influences, il les balaie d’un revers. Pour lui, s’inspirer de la musique des autres, c’est déjà imiter. Alors il compose non pas la musique qu’il aime, mais celle qu’il sait faire. Et plus déroutant encore, il admet ne pas toujours aimer ses propres morceaux. Son unique référence ? Francesco Totti, le footballeur romain, signe d’un artiste qui refuse de se laisser enfermer dans les codes attendus de la pop.

Autodidacte, Andrea a appris seul à jouer de multiples instruments, à arranger et à mixer ses albums. Nomade dans ses enregistrements comme dans ses idées, il rejette toute contrainte.

Le Règne animal, rencontre de deux visions

C’est aussi ce qui a rendu son travail sur la bande originale du film Le Règne animal singulier. Andrea a commencé à composer à partir du scénario, préférant s’en tenir au texte plutôt qu’aux images. Il en résulte une création parallèle, comme deux œuvres qui avancent côte à côte et finissent par se croiser. La collaboration avec le réalisateur Thomas Cailley, autre fort caractère, n’a pas toujours été simple, mais elle s’est faite dans un immense respect réciproque. Andrea reconnaît qu’il peut être exigeant dans son travail, car ses idées sont précises et obstinées, mais il souligne aussi l’enrichissement né de cette rencontre de deux visions.

Entre intimité et universalité, la quête de l’immensité

Ce qui ressort de cette rencontre, c’est l’image d’un artiste en marge, farouchement indépendant, qui revendique le mystère et fait de l’exploration le cœur de sa musique. D’un morceau à l’autre, il voyage des sonorités pop des années 60 et 70 à des nappes électroniques plus minimalistes. Toujours en équilibre entre l’intime et l’universel, il ne cherche pas à livrer des évidences mais à susciter des résonances.

Écouter Andrea Laszlo De Simone, c’est accepter de se laisser dérouter. C’est entrer dans un univers où la sincérité prime sur la facilité, où chaque note dit autant la fragilité d’un homme que l’ambition d’une œuvre tournée vers l’immensité.