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«Tasmania » de Paolo Giordano, De cris en crises, l’éclat du vivant 

par Marie Anezin
28.12.2023

 

Arrivé à Paris en novembre 2015 pour couvrir la COP 21 sur le climat, un écrivain et journaliste scientifique tombe en pleine période post-traumatique des attentats du Bataclan. En proie à une crise de couple, les douleurs se juxtaposent. À un tournant de sa vie, il décide d’écrire un livre sur la bombe atomique. Au fil de ses recherches, une question se dessine, son ouvrage aura-t-il finalement pour sujet un des plus grands faits marquants de l’histoire ou sera-t-il une étude des souffrances de ce monde ?

Par Marie Anezin

États des mondes

 

Il serait trop facile de dire du dernier roman de Paolo Giordano que « C’est de la bombe ! » et en même temps, c’est le cas. Cette expression, que nous n’osons plus employer depuis les divers attentats qui ont touché la planète, résume l’état qui nous anime lorsque l’on referme ce livre. Ébranlé, heureux d’être vivant, surpris et le souffle coupé par l’impact des mots de Paolo Giordano   qui laisse des traces inaltérables en vous et convoque « un avant et un après ». 

 

L’ile de Tasmanie y est évoquée, par un des personnages, comme un refuge idyllique en cas d’effondrement du monde. Le Tasmania de Giordano est un dénombrement de Tasmanie personnelle à trouver en cas de chaos, de fin du monde ou d’anéantissement de nos propres univers. En prise à la « Tasmania ambiante » qui nous pousse à chercher du positif dans tous les effondrements, passés, présents et annoncés, l’auteur livre ici une partition intime et fragile.

Perceptions sensibles

Si le sujet ou certaines descriptions impressionnantes pourraient en faire fuir certains, il faut faire confiance à la manière subtile et légère qu’a Paolo Giordano pour aborder des sujets politiques, scientifiques, graves dans la lignée d’une conversation entre amis, avec la douceur d’une recherche d’apaisement, de perceptions sensibles.


Giordano prend pour décor, non pas un lieu, ni même une époque, il place son lecteur au cœur du monde. Celui qu’il entend à la radio, voit défiler dans les infos à la télé, commente au café du coin ou en famille le matin au petit déjeuner. Il fait état du monde, sans la grandiloquence des essais spécialisés, ni la prétention de l’autofiction ou la rhétorique des scientifiques. Il s’empare de l’ordinaire, des aléas d’un couple qui traverse des crises sur fond de crise mondiale : les guerres, le réchauffement climatique, la physique prise entre arme et progrès, les attentats, les bouleversements…

 

L’auteur a une façon très particulière de faire le lien avec ses personnages. Ce qui peut sembler un peu explosé au premier est finalement une manière très ciselée et ingénieuse de poser les jalons de son histoire, en y incluant des effets de surprises. Sans que nous ayons l’impression d’avoir raté des épisodes, la réalité se construit pas à pas, changeant nos points de vue sur les protagonistes au fur et à mesure que les parcours de chacun se dessinent en entrant dans le récit. Une approche très cinématographique, tel un film choral, assortie d’une étude intime de milieu et du caractère des personnages façon Sautet ou Chabrol. Paolo Giordano se dédouble, narrateur, auteur.

« La pièce s’est figée un instant, peut-être parce que j’avais violé la géométrie préétablie, puis la main d’Otto (puisque c’était la sienne, je crois que c’étais la sienne) s’est posée sur ma nuque mais sans aucune pression, sans volonté de m’encourager ou de me décourager, mais seulement, ai-je pensé dans ce recoin solitaire de l’âme où j’avais échoué, de tout me pardonner » .


La bombe est une métaphore osée et juste de toutes les explosions intimes, émotionnelles que la vie nous réserve. « Ma vie, c’est Hiroshima ! » « Je ne t’invite pas ma maison, c’est Beyrouth ! ». Nous avons assimilé les guerres en mettant sous le tapis l’horreur, nous avons fait de nos batailles intimes des étendards, concentrés sur le combat, peu sur les conséquences.

 

Tasmania nous montre les petits arrangements de la vie et du couple qui font de nous des perpétuels anti-héros qui se rêvent flamboyants.


Ce livre est aussi une très belle ode à la notion de parentalité. Être parent au-delà du sang. 

Et de réconciliation avec soi-même. Faire avec. Continuer à occuper les jours, même de non-sens.  

L’auteur découvre avec ce livre le vrai sens de sa motivation d’écrivain et pour nous, depuis « La solitude des chiffres premiers », confirme celui de le lire.

 

 

 

Paolo Giordano, Tasmania, traduit de l’italien par Nathalie Bauer. Le Bruit du monde, 336 pp., 23 € (ebook : 15,99 €).