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Lire du théâtre : « Marat – Sade » de Peter Weiss

par Julien Coquet
27.06.2025

Alors que Sylvain Creuzevault a présenté cette saison au Théâtre de l’Odéon une adaptation du roman de Peter Weiss, L’Esthétique de la résistance, L’Arche éditeur réédite une pièce culte du dramaturge allemand.

Considéré comme l’un des plus grands écrivains de langue allemande d’après-guerre, Peter Weiss crée en avril 1964 au Schillertheater de Berlin sa pièce La Persécution et l’Assassinat de Jean-Paul Marat représentés par le groupe théâtral de l’hospice de Charenton sous la direction de monsieur de Sade, drame en deux actes. La pièce n’est en aucune façon une reconstitution officielle du meurtre de Marat par Charlotte Corday le 13 juillet 1793. Elle est avant tout une mise à distance de cet assassinat, notamment en imaginant Sade créer une pièce de théâtre autour de cet événement marquant de la Révolution française.

Peter Weiss prend quelques libertés avec l’Histoire. De 1801 à 1814, Sade est enfermé à l’hospice de Charenton. On lui laisse la possibilité de monter des spectacles dans le cercle des malades. Mais les archives ne mentionnent aucune trace d’une pièce de Sade sur l’assassinat de Marat. Peter Weiss prend le prétexte de ces pièces de théâtre faites de bric et de broc pour développer « le conflit entre l’individualisme poussé jusqu’à l’extrême et l’idée de bouleversement politique et social. Sade lui aussi était convaincu de la nécessité de la Révolution et ses œuvres sont d’un bout à l’autre une attaque contre la classe répugnante et corrompue ».

Le procès de l’Ami du peuple

La pièce part dans tous les sens, multipliant les personnages, les didascalies et appuyant fortement la mise en abyme du théâtre dans le théâtre. Traduit de l’allemand par Jean Baudrillard (excusez du peu), le texte imagine Sade, le 13 juillet 1808, réglant par l’intermédiaire du théâtre ses dissensions avec Marat sur l’idéal révolutionnaire : « Nous voulions la liberté/ mais pour toi la liberté passait par un amoncellement de cadavres ». Charlotte Corday, elle condamne la Révolution qui mène « à une mort lente de l’individu/ à une lente exténuation dans l’uniformité/ à une agonie du jugement/ au reniement de soi/ et à une sujétion fatale/ à l’Etat ». Peut-être un peu didactique, la pièce se révèle marquée par son époque, celle d’un théâtre qui ne craignait pas de parler frontalement de politique.

Marat- Sade, Peter WEISS, L’Arche, traduit de l’allemand par Jean Baudrillard, 120 pages, 15,50 €

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