« Les Nôtres » de Sergueï Dovlatov : Ma famille, mes amours, mes emmerdes

Il est toujours extrêmement agréable de tenir entre ses mains un livre publié à la Baconnière. Cette maison d’édition suisse, créée en 1927, publie depuis maintenant quelques années l’œuvre d’un écrivain russe jamais publié de son vivant en Union soviétique, Sergueï Dovlatov. Le contenu de ses romans, souvent très autobiographique, marie humour et réflexions sur l’Union soviétique et sa population. Ces livres courts font voir des Russes bien souvent saouls, critiques de leur système politique et compétitifs les uns des autres.

Dans Les Nôtres, Dovlatov revisite ses proches, et notamment sa famille russe, de son grand-père Isaac à son fils Kolya, né à New York en 1981, en passant par ses oncles, ses parents, un cousin, sa femme et même son chien. Dovlatov possède un réel don pour le portrait, notamment grâce à ses phrases courtes et la caractérisation rapide de ses personnages. Mais le plus intéressant reste sans aucun doute la critique d’un pays à bout de souffle, et d’une population qui cherche à jouer avec les règles ( « Ma tante était membre du Parti. Je ne l’accuse pas. Beaucoup de gens dignes et honnêtes se sont retrouvés dans les rangs du Parti communiste. Ils ne sont pas coupables pour autant. Simplement ils voulaient vivre mieux. ») tout en essayant de croire à un idéal (« Imbécile ! criait mon oncle. Tu ne veux pas comprendre ! L’idée du communisme, même compromise par des incapables, reste géniale. »).

Pour celles et ceux qui connaissent l’œuvre de Dovlatov, il y a également un plaisir certain à déceler dans ses éléments autobiographiques disséminés les quelques références aux autres livres de l’auteur. Dans ses longues engueulades avec sa femme Lena, on trouvera ainsi un passage qui inspirera Le Domaine Pouchkine, un incroyable livre.