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Les Beaux-Arts et les femmes, une éducation politique

par Laetitia Larralde
23.03.2024

Les Beaux-Arts de Paris publient Les suffragettes de l’art d’Anaïd Demir, une étude historique illustrée qui retrace le parcours long et chaotique du droit des femmes à une éducation artistique publique. Un regard féministe sur l’histoire de la formation des artistes.

En 2022, l’Ecole des Beaux-Arts de Paris accueillait Alexia Fabre, sa première directrice depuis sa création en 1824, faisant suite à l’école rattachée à l’Académie royale de peinture et de sculpture créée en 1648. Si aujourd’hui la parité hommes-femmes est atteinte tant chez les élèves que chez les enseignants, c’est le résultat de presque cent cinquante ans de luttes des femmes artistes souhaitant accéder à la même éducation que leurs homologues masculins. Car sans accès à l’Ecole des Beaux-Arts, pas de possibilité d’entrer dans les cercles artistiques, pas d’accès aux concours ni au Prix de Rome, pas d’exposition au Salon, pas de professionnalisation, donc pas de possibilité de gagner sa vie par son art.

 

Anaïd Demir retrace l’histoire des rapports entre femmes et éducation artistique depuis le XVIIème siècle et par quelles manières les hommes ont défendu leurs privilèges. Car si jusqu’en 1706 les femmes pouvaient accéder à l’Académie sur dérogation et sans aucun des droits dévolus aux hommes, elles en sont ensuite complètement exclues, l’art devant rester viril, et la concurrence entre artistes minimisée. Il a alors été établi que les femmes n’étaient ni physiquement ni intellectuellement faites pour le grand art, mais leur minutie et leur patience naturelles leur permettaient de recopier ce que leur manque d’imagination ne les autorisait pas à créer. Un destin donc uniquement voué à la reproduction.

 

La classification des genres picturaux alors établie plaçait la peinture d’histoire (mythologie, religion, batailles…) au-dessus du paysage, de la scène de genre et enfin de la nature morte, genre dévolu aux femmes. Sans accès aux cours où l’on pouvait apprendre les règles de perspective et l’anatomie, notamment d’après modèle vivant, les peintures d’histoire étaient de facto hors de portée. Le nu est l’enjeu principal de l’art du XIXème siècle, où les femmes pouvaient étudier l’anatomie masculine d’après un cadavre, mais pas un modèle vivant. Cet argument de bonne moralité, uniquement valable pour les femmes, les hommes des Beaux-Arts pouvant vivre une vie de bohème, a été l’argument majeur empêchant l’accès des femmes  aux ateliers et la mixité de l’école.

 

Dans ce livre, les femmes marquantes de l’histoire de l’art sont citées, à commencer par Hélène Bertaux, artiste reconnue de son époque et créatrice de l’Union des femmes peintres et sculpteurs en 1881. C’est elle qui mena la lutte en créant un mouvement fédérateur des femmes artistes, en les faisant connaitre du public pour arriver à les faire reconnaitre comme égales des hommes. On suit toutes les étapes, de la première femme admise au concours de l’école (1897), de la première diplômée (1902), de la première Prix de Rome(1911), à la première professeure (1967). Si le propos de cet ouvrage est intéressant, on peut cependant regretter que sa maquette n’ait pas été mieux pensée et agrémentée de plus d’œuvres de ces femmes artistes oubliées.

 

Aujourd’hui, si la parité est atteinte jusqu’au diplôme, ce n’est pas le cas dans la vie professionnelle où les femmes artistes tendent toujours à se faire rares. Les suffragettes de l’art retrace toute un pan de  l’histoire de l’art passé sous silence et permet de conserver la mémoire du chemin parcouru pour se concentrer sur celui encore à défricher. Ainsi, raviver la mémoire d’Hélène Bertaux et de toutes les militantes de l’art est un acte nécessaire pour arriver à une parfaite égalité des chances.

Les suffragettes de l’art

Beaux-Arts de Paris Editions

39€ – 224 pages

 

Visuels :

1- Anonyme, Premiers ateliers de femmes aux Beaux-Arts, cour du Mûrier – Photographie © Collection particulière

2- Couverture – Les suffragettes de l’art

3- Anonyme, Atelier de femmes à l’École des beaux-arts vers 1903, 1903 – Aristotype © Beaux-Arts de Paris

4- Anonyme, Camille Claudel sculptant Sakountala, à l’arrière plan, Jessie Lipscomb, 1887 © Droits réservés

5- Anonyme, Marguerite Le Ribot travaillant au ciseau une sculpture d’homme nu agenouillé aux Beaux-Arts de Paris, 1968 © Droits réservés