Dans deux longs entretiens, le réalisateur de Démons (1985) et de La Maison de la terreur (1983) se confie sur ses tournages et son héritage familial.
Voici un ouvrage de niche, comme les éditions Carlotta aiment à nous en régaler. Ici, le réalisateur de films d’horreur italiens devenus classiques comme Démons et Démons 2 se confie, interrogé par Gérald Duchaussoy et Romain Vandestichele qui avaient déjà signé un livre d’entretiens consacré au père de Lamberto Bava, Mario Bava, intitulé Mario Bava, le magicien des couleurs (éditions Lobster Films).
Lamberto Bava revient d’ailleurs de façon très précise sur l’influence qu’ont eu sur lui son grand-père et son père. Le premier, Eugenio Bava, construisit de nombreux décors, innovateur et précurseur déjà dans le domaine de l’étrange : « ses représentations de morts étaient bien plus vraies que nature et il excellait dans la fabrication de masques ». Lamberto revient aussi longuement sur l’importance qu’a eu son père, Mario Bava, puisqu’il travailla en tant qu’assistant-réalisateur sur plusieurs de ses films (par exemple sur La Planète des Vampires). « Il faut te dire que mon père était une personne exceptionnelle, le genre d’homme qui venait en aide à tout le monde, faisait preuve d’une empathie incroyable et était capable de donner tout l’argent qu’il avait sur lui à un mendiant. »
Si la première partie intitulée « Héritages » s’inscrit donc dans l’hommage familial, la deuxième, « Les Frissons de la création », rentre dans le vif du sujet. Les deux intervieweurs ont choisi de ne pas mener une approche chronologique, et posent leurs questions au fur et à mesure, ne distinguant pas forcément le travail de Lamberto Bava pour la télévision et celui pour le cinéma. Si le livre ne fourmille pas d’anecdotes sur les tournages ou sur la vie privée du réalisateur, il se dégage toutefois une certaine vision du cinéma, celle d’un homme qui pense qu’il est aujourd’hui très difficile de sortir un film (sa dernière réalisation, Twins, n’est d’ailleurs toujours pas sortie bien que tournée en 2018). Lamberto Bava parle de son amour de la photographie, du tournage, des repérages ou encore de la direction d’acteurs. Un petit livre intéressant donc, qui donne à voir ce qu’était le cinéma de genre italien dans les années 1980 et brosse le portrait d’un « fifone » (trouillard en italien).
« Dans le cinéma ou la télévision, j’ai eu trois parrains. Mon premier, qui m’a tout appris, c’est mon père, Mario Bava, un grand homme. Le deuxième parrain est Dario Argento, avec qui j’ai eu une relation professionnelle, une relation d’amitié et, plus encore, d’affection. Et le troisième parrain est Pupi Avati. Il a été mon premier producteur, en plus d’avoir collaboré à l’écriture du scénario de mon premier film. Dans, quand je dis que je suis né avec une cuillère en argent dans la bouche, je parle de ma naissance en tant que cinéaste, cela signifie que j’ai eu de la chance d’avoir un tel producteur pour mon premier film. »
Lamberto Bava, conteur-né. Le frisson et l’émerveillement. Conversations, Gérald DUCHAUSSOY et Romain VANDESTICHELE, Carlotta éditions, 136 pages, 14,99 €
Visuel : © Couverture du livre