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« Il ne faut rien dire » de Marielle Hubert : Que les mourants trouvent la paix

par Julien Coquet
18.03.2024

Deuxième livre de Marielle Hubert, après Ceux du noir en 2022, Il ne faut rien dire convoque les fantômes de l’auteure, et livre le triste portrait d’une famille qui vécut dans la souffrance.

« Je ne ressens rien. Je ne suis pas triste, je dis : J’ai hâte qu’elle meure. » Les mots prononcés par Marielle Hubert à propos du cancer de sa mère Sylvette peuvent choquer. Comment peut-on souhaiter que sa propre mère décède à tout prix, alors que Sylvette se bat avec acharnement et vaillance contre un cancer ? Mais, bien sûr, tout est plus compliqué : Il ne faut rien dire est écrit « pour faire mourir [la] mère en paix ».

 

Tout au long de ce roman, Marielle Hubert convoque les membres de sa famille : sa mère Sylvette, bien sûr, mais aussi son grand-père, le terrible Armand aux jambes déformées par la polio qu’il a contractée jeune, et la grand-mère, Simone, entièrement soumise à Armand. D’un chapitre à l’autre, l’auteure alterne les chapitres au présent sur le cancer de sa mère et le combat de celle-ci contre la maladie, et les chapitres se déroulant dans un passé que Marielle n’a pas connu.

 

Il ne faut rien dire est un roman dur. Un roman où le personnage de la mère occupe une place prépondérante. Marielle Hubert alterne les moments de joie qu’elle a vécu avec sa mère toute son enfance, et les engueulades et reproches que lui faisaient Sylvette lors du passage à l’âge adulte de sa fille. Sylvette, cette enfant coincée dans un corps d’adulte, celle qui a arrêté de grandir à l’âge de cinq ans, en 1950.

 

Qu’il est difficile pour l’auteure de se plonger dans un passé qu’elle imagine traumatisant (« Je suis tellement fatiguée d’inventer la vérité. »). Car de ce qu’il s’est réellement passé, « il ne faut rien dire ». Au détour de la dernière page, on apprendra tout de même avec horreur, très factuellement, ce qu’Armand a fait subir à sa femme Simone et à la petite Sylvette. Et rétrospectivement, même si on sentait la tragédie couver, on comprendra alors pourquoi Sylvette se bat contre la maladie et fait tout pour ne pas mourir. Et on comprendra également pourquoi Marielle Hubert écrit un tel livre.

 

« Je crois que je fais comme Sylvette. Je range l’au-delà. Je le nettoie, je le prépare comme une femme de chambre mal payée pour faire à des clients des nuits plus douces. J’essaye de faire descendre Armand et Simone des cieux, de n’importe quels enfer ou paradis auxquels Sylvette croit dur comme fer. Je crois que Sylvette ne meurt pas pour ne pas les rejoindre, je crois qu’elle a si peur d’eux qu’elle reste là, de notre côté de l’existence. Je me dis que tant qu’elle est vivante, c’est que le livre a échoué. Je sais que c’est terrible d’écrire cette phrase. Je voudrais enfermer Armand dans le texte définitivement et pour toujours, je voudrais le chasser du ciel pour que Sylvette puisse aller y jouer sans moi. C’est cela que je fais, même si je dois inventer ce que je ne sais pas, même si je dois raconter comme Sylvette une fable, une fable au plus vrai, à l’instant de mon passé d’ovocyte gigogne. »

Il ne faut rien dire, Marielle HUBERT, P.O.L éditeur, 192 pages, 19 €