Dans une famille bourgeoise libanaise de deux enfants des années 1990, Georgette est comme une seconde mère… Vingt ans après son départ, celle qui est devenue une femme se rappelle d’une relation d’un autre siècle. Un bel éloge et un premier roman doux-amer de Dea Liane.
Georgette, femme chrétienne-libanaise venue de la campagne, s’est occupé de la narratrice et son frère comme de ses enfants. Avec un père absent et une maman débordée, de la naissance à 13 ans, elle a été une présence de tous les jours pour la narratrice. Une seconde mère, celle avec qui elle parlait vraiment arabe. Et pourtant, dans le milieu social de leur famille il n’y avait qu’un mot pour la nommer « La fille ». Jusqu’au jour, à 50 ans, où elle est partie et s’est mariée. Elle a encore donné signe à la petite jusqu’à ses 18 ans, puis… plus rien. Comment décrire l’intensité de la relation et le vide qu’elle a laissé ?
S’inspirant d’un film entrepris par sa mère par le passé, Dea Liane transpose à l’écrit et en 26 séances le principe du film amateur. Celle qu’on a pu voir incarner Asmahan, la star montante de la chanson et du cinéma égyptien des années 40 au Théâtre de l’Athénée, est aussi excellente dans l’écriture de portraits. Elle cherche ses mots, ses souvenirs, elle décrit des scènes du passé comme des photos. Elle assume ainsi ce phénomène si désuet d’avoir à domicile et présente nuit et jour, une présence féminine et une seconde mère qui travaille. Elle décrit sans se cacher la question de la classe sociale, l’impact que le monde extérieur a sur la relation quand l’enfance s’éloigne. Et aussi une certaine douleur d’un amour perdu, un peu honteux et qu’elle n’a pas même répudié. Nostalgique, touchant et quasiment proustien.
Dia Liane, Georgette, L’Olivier, 160 p., 17 euros.
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