L’auteur reconnu de polars Hervé Commère propose un nouveau roman policier convaincant centré sur la ville d’Elbeuf.
Flic rangé, Etienne Rozier est devenu le bras droit d’une entreprise de lobbying. À sa charge, le sale boulot : effrayer un député, menacer une journaliste, espionner des zadistes… C’est au Parlement européen que Rozier retombe sur un amour d’enfance, Anna Dufossé, devenue journaliste. Alors qu’importe que Rozier soit heureux en ménage, son meilleur ami lui fabrique un alibi pour qu’il aille passer un weekend à Rotterdam avec la journaliste. Mais le weekend idyllique tourne vite au drame. En sortant de la douche, Rozier découvre le cadavre d’Anna, étranglé. En fuite, Rozier décide de mener l’enquête lui-même pour s’innocenter. Anna, qui s’était fait embaucher dans une entreprise de nettoyage à Elbeuf, avait sûrement découvert quelque chose de grave.
Dans son dernier roman, Hervé Commère livre un véritable polar social, centré sur la ville d’Elbeuf, « une ville pauvre au passé riche ». Précédée d’une réputation peu flatteuse, la ville normande retrouve tout de même un certain charme sous la plume de l’auteur. Au portrait d’une ville frappée par la désindustrialisation, Commère ajoute ceux de gens qui se battent pour continuer de vivre (des travailleurs en intérim) et la description d’une nouvelle marque de textile très trendy (on pense par exemple au Slip français). Il y a quelque chose de Florence Aubenas, explicitement citée, dans le portrait d’Anna Duffosé. Partie sur les traces des travailleurs pauvres, l’enquête de la journaliste fictive rappelle Le Quai de Ouistreham où Aubenas, en 2009, se faisait embaucher comme agent de propreté.
Au-delà du côté social, fort appréciable (on sent que Commère a fait d’importantes recherches, comme en témoigne sa bibliographie), Dernier cri reste un polar addictif. Passons outre les multiples coïncidences, et le mobile du crime un peu tiré par les cheveux, puisque le reste du roman se tient très solidement. Prenant, le polar se déroule rapidement, grâce à une narration fluide et des personnages bien campés, attachants et qui ne sont pas que des stéréotypes d’eux-mêmes.
Dernier cri, Hervé COMMERE, Fleuve Noir, 448 pages, 21,90 €
Visuel : © Couverture du livre