Dans «La vie heureuse» David Foenkinos décrit le mal de vivre d’Eric et d’Amélie, deux hauts fonctionnaires. Le lecteur assistera à leur renaissance grâce à une surprenante cérémonie mortuaire venue de Corée.
« Eric est enfermé à jamais dans le mois de novembre », incapable de s’inscrire dans une joie durable. Son malaise remonte au décès prématuré de son père. La quarantaine, divorcé, il a un fils qu’il voit peu et se concentre sur sa carrière chez Décathlon. Son travail n’est pas épargné par sa lassitude triste. Alors, il accepte la proposition d’Amélie, une ancienne camarade du Lycée. Il va devenir son adjoint au ministère du Commerce extérieur. Leur travail les conduit à Séoul pour convaincre le PDG de Samsung d’installer sa future usine en France. Mais rien ne se passe comme prévu : sa lassitude est devenue extrême, il ne peut plus travailler. Il déambule dans Séoul et rentre dans une boutique bien particulière appelée «Happy Life». Dans une mise en scène impressionnante, il va être confronté à sa propre mort, une expérience inédite qui va lui permettre de reprendre goût à la vie. A son retour en France, il a changé radicalement. Il renoue avec son fils et décide d’importer «ce concept thérapeutique coréen ». Une expérience qui tentera aussi Amélie.
«La vie heureuse» est un roman de lecture agréable. Le style de David Foenkinos est simple, fluide. Eric et Amélie partagent un mal de vivre, lui dans le repli de la mélancolie, elle dans l’action, le contrôle, l’hyperactivité pour se dissimuler son malaise. Eric souffre du complexe du survivant, sa mère lui reprochant les circonstances du décès accidentel, prématuré, de son père. Le passage le plus intéressant est celui où Eric est à «Happy Life», cette boutique qui se veut « un antidote presque mystique au désespoir ». Ce concept existe vraiment en Corée. Il pourrait être l’équivalent d’ une thérapie courte, basée sur la force de la suggestion, qui pourrait rappeler l’hypnose. Peut- on vraiment y adhérer? Cela sera au lecteur de juger mais David Foenkinos paraît faire sienne la phrase de Charlotte Salomon qui introduit le roman: «On devrait même, pour aimer plus encore la vie, être mort une fois».
David Foenkinos, La vie heureuse,Gallimard, 208 pages, 19 Euros, sortie le 04 01 2024
Visuel(c): couverture du livre, éditions Gallimard