Les anthologies restent toujours le meilleur moyen de se plonger dans un genre que l’on connaît mal. Les Éditions courtes et longues proposent un habile assemblage de nouvelles fantastiques d’auteurs français.
Le romantisme du XIXe siècle ne doit pas non plus faire oublier les zones d’ombre. L’amour, les sentiments et la nostalgie de l’Antiquité ne peuvent occulter les séances de spiritismes auxquelles participait Victor Hugo ou les croyances et superstitions des frères Goncourt. Car, si la science prend peu à peu sa place et détrône les croyances, notamment via le positivisme d’Auguste Comte, il reste tout de même assez de phénomènes inexpliqués pour nourrir une imagination fertile regroupant être fantasques et étranges. D’autant plus que le dix-neuvième siècle s’impose peu à peu comme le siècle de la nouvelle, grâce à la multiplication des revues et des journaux à la demande de textes courts.
Les Éditions courtes et longues ont donc eu la bonne idée de rassembler des contes et nouvelles fantastiques écrits par des auteurs français au cours du dix-neuvième siècle. Un livre qui pourra donc rejoindre La Grande anthologie du fantastique (éditions Omnibus) et Les Maîtres de l’étrange et de la peur (édition établie par Francis Lacassin aux éditions Robert Laffont). On retrouvera donc avec plaisir dans le volume que l’on tient entre les mains les classiques du genre : « La Morte amoureuse » de Théophile Gautier, « La Vénus d’Ille » de Prosper Mérimée, « Le Horla » de Guy de Maupassant.
Certains auteurs, tout aussi connus, ont également souhaité s’immiscer dans le fantastique. Comme George Sand avec « L’Orgue du titan » qui met en scène un pianiste (Frédéric Chopin, si tu nous entends !) rencontrant des douleurs aux mains lorsqu’il joue un thème en particulier. Ou encore le « Frritt-Flacc » de Jules Verne qui développe le thème ô combien fantastique du double. On restera un peu plus réservé sur la présence de « La Légende de saint Julien l’hospitalier » de Flaubert dans cette anthologie du fantastique à la française.
Ce beau volume (papier épais, couverture rigide) regroupe également des histoires plus rares d’auteurs peu connus : « Sara la danseuse » de Charles Rabou, « Nuit de fièvre » d’Odilon Redon (des meubles semblent prendre vie la nuit), « Un squelette » de Marcel Schwob (le thème du double y est, là aussi, abordé). Tous ces écrits se retrouvent illustrés par des artistes d’hier (Redon, Delacroix, Goya…) et d’aujourd’hui (Isabelle Simler, Betty Bone…) qui donnent le maximum de leurs plumes pour nous transmettre les frissons recherchés.
Contes et nouvelles fantastiques français du dix-neuvième siècle, Editions courtes et longues, 448 pages, 35 euros