Après le succès de En bons pères de famille, Rose Lamy revient avec un essai plus autobiographique, sur la figure du beauf.
« Regardez, ils sont là, ils sont dans les campagnes, dans les villes, sur les réseaux sociaux ! » comme dirait l’autre. Mais de qui parlons-nous ? Des beaufs bien sûr ! Votre collègue de travail, votre tonton, votre voisin… le beauf vous entoure, et vous êtes sûrement le beauf de quelqu’un. Mais première difficulté, comment définir cette figure repoussoir souvent moquée ? « À bien y réfléchir, je suis incapable de définir le « beauf ». Le mauvais goût ? Des personnes considérées comme stupides, pauvres, moches, incultes, voire d’extrême droite ? » Ascendant beauf ne se concentrera donc pas seulement sur la figure du beauf, mais surtout sur le phénomène de mépris de classe.
Convoquant Bourdieu, Benoît Coquard (Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin) ou encore le sociologue Gérard Mauger, Rose Lamy cherche à redorer la figure du beauf. Elle le fait intelligemment en axant sa réflexion sur les clivages Paris/province, le monde du travail, les classes sociales, etc.
Pour autant, Ascendant beauf est avant tout un essai autobiographique. Rose Lamy le confesse : « je ne suis pas sociologue » (et c’est d’ailleurs ce que beaucoup lui reprochent). Retraçant son parcours de vie, Ascendant beauf est plutôt le récit d’une transfuge de classe (le n-ième nous direz-vous !). Le livre bruisse d’une colère contre la gauche, que l’autrice accuse de trahison envers les classes populaires. Et Rose Lamy de dérouler de nombreux exemples d’un discours méprisant envers les classes populaires, notamment porté par les médias et le cinéma (l’émission Quotidien et les films Vingt dieux et La Tête haute).
Le livre trouve donc un entre-deux un peu étrange, entre essai sociologique et récit autobiographique. Il manque par exemple une bibliographie en fin d’ouvrage. Ou certaines affirmations auraient méritées d’être étayées (« Dans les milieux intello-bourgeois, tout le monde s’affirme de gauche, mais les valeurs ne suivent, souvent, pas vraiment. »). Enfin, la conclusion déçoit, Rose Lamy proposant peu de pistes de réflexion pour apaiser le mépris de classe. Reste qu’Ascendant beauf regroupe assez d’idées intéressantes pour être lu et ainsi nourrir le débat.
Ascendant beauf, Rose LAMY, Seuil, 176 pages, 18,50 €
Visuel : © Couverture du livre