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13.10.2023 → 25.11.2023

Ronan Bouroullec, la poésie naturelle et la maîtrise des formes du designer

par Sara Guedj
23.10.2023

Actuellement exposé à la galerie de Sèvres, le designer français Ronan Bouroullec livre, à détour de l’angle poli du pied d’une lampe son art du « quasi rien » qui change tout…

L’art du détail

Certaines expositions et plus largement certaines sorties, plus entendues comme des supports de découvertes que comme des passe-temps, n’ont l’air de rien. Certains moments vous donnent le sens du détail, c’est l’instant où, lors d’une cérémonie du thé, l’eau chaude devient à la fois le nectar parfumé qui parle de son terroir et l’expérience sublimée où l’attention est replacée sur chaque micro-geste. On change d’échelle. Certaines choses, malheureusement trop rares, comme la lecture des livres d’Edmund de Waal, céramiste obsessionnel descendant du Swann de Proust, ou la dernière exposition de Ronan Bouroullec à la galerie de Sèvres, déplacent la concentration sur l’infime et le gracieux. Il s’agit également de céramique mais pas que. Aussi de lâcher prise et de sens du détail.

Les frères Bouroullec

Les frères Bouroullec ont dans les années 2000 et 2010 fait de Paris l’une des capitales du design. Créateurs d’objets, fierté nationale, ils ont fait l’objet de monographies au Centre Pompidou-Metz, au Musée des Arts Décoratifs de Paris et de Rennes, au Design Museum de Londres ou au Philadelphia Museum of Art. On a pu entendre l’eau couler de leurs fontaines tournantes sur le Rond-Point des Champs Élysées, ou admirer la précision de leur mobilier et de leurs luminaires pour et autour de la Fondation Pinault et au château de Versailles.
Mais Ronan et Erwan ont depuis toujours en parallèle de leur duo, des recherches solos.

Rencontre avec Ronan

Rencontre avec Ronan, dans un cadre plus modeste, plus intime, celui d’une petite exposition qui ouvrait la semaine dernière, reflétant son travail de recherche en collaboration avec les ateliers de la Manufacture de Sèvres.

« En arrivant à Sèvres, j’ai d’abord été intéressé par la question du décor, puis je suis tombé par hasard sur des essais de cristallisation de la fin XIXème, début XXème ». Il y a en effet à Sèvres 27 ateliers différents ayant chacun leur spécialité : dorure (feuille, filage, brunissage), émaux, biscuit, plâtres etc. Donc l’embarras du choix. Mais l’intérêt de RB s’est porté sur ce qui lui était le plus étranger : les émaux, c’est ce qu’il pouvait le moins maîtriser. Son souhait : atteindre la délicatesse de la nature et travailler l’explosion des oxydes dans le respect quasi mystique des surprises que pouvait réserver la matière dans un four.

On entre dans une pièce quasi vide, baignée de soleil, et on ne commence pas tout-de-suite à distinguer les quelques points de couleurs de la salle.

« Quasi rien… »

Quasi rien, vous dit-on, des points de couleurs variés, haut perchés, aux motifs aléatoires, semblerait-il, naturellement contingents. Le désir des visiteurs d’exposition n’est pas habitué à se canaliser pour se focaliser sur le détail. Ici, le détail c’est un petit chapeau de céramique, invoquant toutes les réminiscences de la céramique de l’art nouveau, notamment les travaux d’Émile Gallet (même si c’est un verrier), ou les couleurs de la céramique Art Nouveau de Saint-Amand, flottant sur un pied bien concret, un pied de designer industriel, en aluminium anodisé, qui reflète la lumière de manière étonnamment artificielle, un camaïeu de gris comme une image de synthèse.

Détail bijou car Ronan Bouroullec est très attentif à ce genre de choses : le pied s’arrondit avant de rejoindre sa base, et le léger biseau de cette même base donne une sensation de flottement. Tout ce qui se passe sous la céramique est et doit rester irréel. Il y a trois types de pieds de différentes hauteurs. Il y a 30 modèles en tout dans l’exposition : 10 par taille.

La corolle, elle, a toujours la même forme et la même taille. C’est un petit miracle, le lieu de l’accident. Un accident tout relatif car il aura fallu trois ans de tests, beaucoup de pièces ratées, et la sélection rigoureuse d’un obsédé de la couleur pour arriver à ces striages concentriques d’iris, ces coulures ou ces explosions d’oxydes variés, ces motifs qui allient le magique et le maîtrisé, mais dont l’effet est d’ajouter pour l’œil une dimension naturelle à l’œuvre, enfin à la lampe, car il s’agit de lampes. La taille des corolles a été dictée à RB par la taille des tours et des dimensions de confort pour l’artisan : quelle est la taille optimale pour travailler de manière confortable ? Il y a trois types de couleurs d’émaux : les vertes, les bleues et les plus claires. Mais chacune est unique : les différences apparaissent dans la hauteur du rosé, la présence ou pas de dépôts, l’explosion ou pas des oxydes, c’est ce que l’on appelle la cristallisation ou de manière quasi mystico-alchimique, la nucléation.

L’art du contraste

Ronan Bouroullec joue donc les contrastes. En feuilletant son nouveau catalogue qui rassemble ses œuvres avec son frère, ses inspirations, ses lieux chers et ses dessins, on tombe sur la page 67 sur laquelle figure son vase anodisé réalisé avec Erwan pour Vitra et dans lequel, pour la photo, on a mis de façon très simple des fleurs des champs en désordre. Le contraste est le même : entre la poésie naturelle sélectionnée, et la maîtrise des formes du designer.

Informations … pratiques.

Sèvres a créé une galerie parisienne à deux pas de la Comédie Française pour montrer ses collaborations avec des artistes contemporains, des architectes et des designers. Parmi les fiertés de Sèvres, on peut citer la collaboration avec Françoise Petrovitch, Pierre Soulages, Ettore Sottsass ou plus récemment les fontaines d’Arthur Hoffner. Sèvres aujourd’hui s’envisage comme un lieu de transmission des savoir-faire et de redécouverte des techniques anciennes et s’inscrit dans l’atlas français des lieux du design avec la villa Noailles et le Cirva.

L’actualité de Ronan Bouroullec est très riche. Citons dans le désordre la sortie de son catalogue informel Day After Day chez Phaidon, la présentation des photographies du livre à la galerie Licht à Tokyo, l’exposition de ses lithographies réalisées dans l’atelier parisien Idem chez Muji Tokyo également, L’exposition Dessin Quotidiens (qu’on avait pu voir à l’Hôtel des Art de Toulon en 2023) à l’ECAL à Lausanne, et l’ouverture à la Galerie kreo Paris le 15 novembre 2023 de sa nouvelle exposition.

visuels (c) Claire Lavabre / Studio Bouroullec