Tout l’été et même au-delà, Arles se transforme en immense expo photo. Les Rencontres de la photographie se dispersent en 26 lieux. Pour s’y retrouver, nous vous avons préparé un programme. Suivez-nous !
Le nom de Cristina de Middel est sur toutes les lèvres. L’immense photographe espagnole, qui aujourd’hui préside l’agence Magnum, s’intéresse à la frontière. Cette ligne-là, bien au milieu comme son nom de famille l’indique qui sépare deux mondes : le Mexique et les États-Unis et dont les lignes bougent aussi vite qu’une partie de cartes.
En 2023, alors que Sophie Calle prépare l’inauguration de son exposition « À toi de faire, ma mignonne » au Musée Picasso à Paris, un orage et des infiltrations dans sa cave endommagent cette série qui devait pourtant prendre place au musée Picasso. Les Aveugles abritent des moisissures hautement destructrices et contagieuses, hors de question donc qu’ils prennent part à cette exposition parisienne ; tout aussi impensable de les livrer à une décharge, ils méritent meilleure fin.
Ce sont irrésistiblement les vies cabossées par la précarité qui sont au centre de l’œuvre de Mary Ellen Mark. Elle n’a eu de cesse de les photographier, que cela soit au Quartier 81 de l’hôpital de l’État de l’Oregon en 1975, en suivant la jeune Tiny – enfant des rues – tout au long de sa vie, en se liant d’amitié avec les prostituées indiennes, ou en rencontrant Mère Teresa dans son action au sein des Missionnaires de la Charité.
Une rétrospective plaisante pour découvrir l’artiste, ou pour le plaisir de revoir ses clichés phares !
Nous adorons depuis longtemps les performances soulevées de Vimala. Elle porte haut et fort les symboles de nos sociétés, elle condamne à bout de bras et — sous perruques — les constructions, les injonctions et autres stéréotypes qui brulent nos rétines. Nhu Xuan Huan a photographié cette artiste unique en son genre dans une installation autant audio que visuelle. On peut y voir de près les transformations démentes qu’elle seule peut et sait faire. Une exposition rapide, très performative, qui permet, si vous ne la connaissez pas, de monter à bord de l’imaginaire de Vimala Pons.
Un peu planquée dans la Maison des Peintres, la petite exposition que consacrent Les Rencontres à cet artiste multimédia a tout d’une grande. Lui travaille le trouble et la disparition. Pour dire les migrations dues au changement climatique, il nous présente des villages disparus, engloutis dans l’Odisha. Souvenir d’un destin [A Fate’s Brief Memoir] « consigne les « traces » laissées par les pêcheurs et les agriculteurs côtiers au gré de leurs migrations climatiques. Tirant son titre du poème éponyme d’Agha Shahid Ali, cette série d’impressions lenticulaires instaure un mouvement d’aller-retour constant entre le site du désastre et les refuges ». Avec un procédé d’hologramme et un autre vidéo, il crée des mash-up visuels entre des images passées, des témoignages de pécheurs ou encore des cartes. L’objet est beau, politique et étrange.
S’inscrivant dans le même thème que les expositions de Cristina de Middel et de Paribartana Mohanty, le photographe et plasticien Lionel Vivier s’associe au musicien et artiste visuel Guillaume Pascale pour interroger également les notions de territoires. Le parallèle s’arrête là. EUROPA to EUROPA occupe tout le sous-sol de la prestigieuse galerie de Mélanie Bellue. Dès l’étage en réalité, nous sommes invité.e.s à entrer dans des terres fantasmagoriques. Ici tout se croise, tout se tisse plutôt, entre un futur dystopique et un passé idéalisé. Les broderies rouges sur tapisseries anciennes et les sérigraphies sur pierre calcaire de Tavel sont particulièrement puissantes dans le fond et la forme.
LHOSTE Art Contemporain, 9 avenue Victor Hugo, 13200, Arles
Nous n’avons pas encore pu voir la sélection 2024, mais généralement, le prix permet de faire le point sur les photographes à suivre. Allez jeter un œil ou plusieurs dans l’Espace Monoprix.
Visuel : © Nhu Xuan Hua et Vimala Pons. Partir Loin, Échouer, 2024. Avec l’aimable autorisation des artistes.