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26.07.2024 → 25.08.2024

« Decoding Korea », une exposition moderne et insulaire au Grand Palais immersif

par Alan B.
26.07.2024

Du 26 juillet au 25 août 2024 a lieu l’exposition Decoding Korea au Grand Palais Immersif, dans le XIème arrondissement de Paris, à quelques centaines de mètres de la place de la Bastille. Dans ce haut lieu créé en 2020, il est aussi question de prouesse et de révolution, de révolution numérique. Critique !

Peu d’harmonie, mais un souci conceptuel

Elles n’ont pas d’ordre, mais sont au nombre de onze. Onze artistes coréens et coréennes pour autant d’œuvres, disposées en forme de U, dans une pénombre qui laisse entrevoir les rayons cathodiques. Vous pourrez faire un premier tour, puis repasser. Il n’y a pas vraiment de sens, ou du moins, on n’a pas l’impression d’une cohérence tellement visuelle. Toutes sont liées, mais en substance, sur le fond. On retrouve des similitudes, des thèmes, du commun : la mémoire, les frontières, le pouvoir, la technologie et l’environnement. Mais il est clair que les couleurs ne vont pas ensemble. Pour une exposition immersive où les sens de même que le plaisir esthétique sont aussi importants que la compréhension, cela manque cruellement. 

 

On note toutefois quelques images sublimes de l’œuvre centrale, Crow Eye’s View, où nous pouvons observer une forêt vierge coréenne se fondre dans une mer à l’horizon infini. Puis, aussi, ces oiseaux – dont on ne distingue pas qu’ils sont des corbeaux – et qui tournoient dans les airs. On se sent petit et on se demande si l’image devient réellement floue par moment ou bien s’il s’agit de notre vision nous faisant défaut. Il y aurait apparemment une réflexion sur l’urbanité et le sens que ça a d’être citadin. Le propos théorique restant vague, on se laisse emporter, et voler, comme dans la musique de Bertrand Belin, Si j’étais un oiseau.

 

Entrer en symbiose, créer de nouveaux imaginaires

De nos jours, trop peu d’œuvres comportent une réelle réflexion sociale, politique et même philosophique. Ou alors, les critiques les jugent souvent très abscons. Ici, cela pouvait l’être, mais avec quelques clés de lecture, vous ne vous pourrez que mieux vous immerger dans ce grand palais. Dans son film La Chinoise, Godard fait dire à Véronique, étudiante en philosophie à Nanterre, des mots, très justes au regard de cette exposition poussée : « Étudier pour comprendre, comprendre pour transformer ». Il y a quelque chose de cet ordre pour toute exposition, mais c’est d’autant plus vrai ici, du fait des sujets choisis, et de la nécessité d’une compréhension en amont, à des fins appréciatives. 

 

Symbioplot de Ji Hy Yeom est la première œuvre que vous apercevrez. Sorte de champ magnétique apparent, elle propose une réflexion sur la symbiose, à différentes échelles. Entrée dans le langage commun, la symbiose est un procédé biologique recouvrant le contact entre une cellule eucaryote primitive et une ancienne bactérie. La cellule aurait intégré la bactérie, laquelle serait devenue une mitochondrie capable de lui fournir l’énergie nécessaire à sa survie via la respiration cellulaire. Il est donc dit, communément, qu’une bactérie a établi une relation symbiotique avec l’hôte, avec la cellule. L’artiste nous invite dès lors à réfléchir, au travers de ce procédé, à la contingence de toute synergie et même, plus encore, de toute existence, qu’elle soit biologique, mais aussi historique et politique. Un lien est tissé entre les diverses couches du vivant de même qu’entre les différents domaines du social. De quoi nous rappeler le rapport fragile que nous entretenons au monde, ainsi que notre pouvoir de transformation, s’il est bien conjugué. Une réflexion nécessaire au regard d’une crise environnementale qui est aussi une crise de nos imaginaires. 

 

Un sous-jacent politique

Aux considérations biologiques et philosophiques cèdent des propositions artistiques mettant en scène des faits politiques majeurs de l’histoire de la Corée. 489 years, par exemple, met à l’honneur la zone démilitarisée, la fameuse frontière le long du 38ᵉ parallèle, séparant les deux Corées depuis 1953. Une matérialité et une réflexion sur nos territoires qui se retrouvent également dans Land for School donnant à voir de façon omnisciente la construction d’une ville en temps réel. On peut y trouver un lien avec le film Truman Show de Peter Weir dans lequel Truman Burbank, le protagoniste, est, sans le savoir, sous l’égide d’une observation constante, au sein d’une ville nommée Seaheaven, façonnée pour lui et le divertissement des spectateurs qui le regardent. De fait, à ces considérations, nous pourrions ajouter que la planification et le développement urbain peuvent aussi bien nous autoriser à nous divertir, à nous amuser – à l’instar de Truman Show – que nous déshumaniser. Finalement, ces œuvres ne sont pas très éloignées de l’allégorie de la caverne de Platon puisque toutes deux invitent à s’interroger sur la nature de notre réalité et sur la place que cette dernière confère au monde des idées, de l’intelligibilité et in fine, de la vérité.

 

Quant à Angel-Soldier, l’œuvre donne à voir une dialectique entre pacifisme, marques séraphiques et soldats armés, entre guerre et paix, en reconsidérant les manifestations de 1987 en Corée contre le régime militaire de Chun Doo-Hwan. Ce fut un moment politique fort puisque la Corée du Sud laissa place, enfin, à la démocratie, plus de 30 ans après la fin de la colonisation japonaise. Si la VIe République advient à cette date, l’historien Pascal Dayez-Burgeon rappelle que la formule prononcée en 1872 par Adolphe Thiers, « La République sera conservatrice ou ne sera pas », est un adage qui se vérifie également en Corée.

 

Onirisme et paradis perdu

Pour les férus de véritables immersions, des expériences de réalité virtuelle vous seront proposées. C’est le cas d’Inside Dream qui vous plongera dans les rêves de l’artiste ou encore d’In the gray. 

 

À cela s’ajoute une réflexion sur la mémoire, sur les saisons (la figuration des quatre saisons étant une tradition picturale coréenne) dans Lost Paradise. Proust écrivait que « les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus ». De la conscience individuelle au destin collectif, Lee-nam Lee nous emmène dans l’épopée d’un temps que nous pensons parfois avoir perdu, que nous cherchons constamment à retrouver : une certaine lenteur, un certain naturel, où l’on n’est plus sous le joug d’un horizon présentiste caractéristique de nos sociétés modernes – une perspective qu’analyse notamment l’historien François Furet dans un ouvrage sur les régimes d’historicité.

 

À ce propos, Decoding Korea propose une réelle réflexion sur le temps au travers de deux œuvres, notamment. Double poser explore la notion d’atemporalité par le prisme des jeux vidéos puisque « le temps n’existe pas dans un monde simulé par un moteur de jeu. À la place, le jeu dérobe du temps au joueur ». L’œuvre infuse également des réflexions sur notre rapport, plus largement, aux réseaux sociaux et aux médias qui nous maintiennent dans une expectative permanente (et possiblement une attente de quelque chose qui ne vient pas) et de fait un horizon temporel très linéaire : les informations se succédant les unes aux autres, avec comme conséquence, parfois, d’en venir à une forme d’apathie. Ce sentiment tient aussi beaucoup à la dépolitisation récurrente des contenus proposés. L’œuvre nous intime cette phrase : « We only talk about what happens when we move within ourselves ». L’information, à elle seule, ne peut rien. Elle doit être filtrée personnellement, subjectivement, politiquement. Pour cela, les médias doivent nous y aider, tout en gardant une part d’objectivité.

 

Une insularité culturelle ?

Jang Miran, Vice-ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme de la République de Corée, Dominique Roland, directeur du centre artistique d’Enghien-les-Bains ainsi que Lee Daehyung, commissaire de l’exposition ont pris la parole, tour à tour. Le curateur évoque le centenaire d’une naissance, celle du philosophe français Jean-François Lyotard – nom que la traductrice prononce avec un accent qu’on aurait envie de qualifier de « mignon ». Du moins, attire-t-il notre attention. Pour Lyotard, il existe une incommensurabilité des régimes de discours. Cela signifie que les valeurs, les pratiques et les significations de chaque culture ne peuvent être comprises, entendues dans les termes d’une autre culture par le simple jeu d’une traduction. La langue est un système normatif à part entière et en ce sens, Lyotard reprend aussi des conceptions propres à Ludwig Wittgenstein, philosophe du langage, pour qui au sein d’une même langue, il existe une diversité d’actes langagiers. Parler est un acte pluriel : nous pouvons raconter, expliquer, ordonner… Dans le contexte des années 80 où le multiculturalisme est en vogue en Amérique du Nord, sa pensée du différend culturel dénote.

 

Digression faite et nécessaire à la compréhension du propos de Lee Daehyung et du sens philosophique de l’exposition, nous pouvons affirmer que citer Lyotard en introduction revient à adopter une posture critique vis-à-vis du multiculturalisme qui pourrait avoir tendance, en même temps qu’il prône la diversité culturelle, à homogénéiser les cultures par un discours lénifiant et universaliste. 

 

Toutefois, on peut rester sceptique quant à la prise de parole du curateur et de sa bonne compréhension de la pensée de Lyotard puisqu’il assure aussi que « les différences régionales et idéologiques ne peuvent être surmontées que par des échanges apolitiques passant par l’art et le sport ». Or, les échanges culturels sont toujours influencés par des dynamiques de pouvoir et des structures politiques. De plus, s’ils peuvent effectivement se faire les endroits de rencontres, cette tendance à vouloir à tout prix rechercher un consensus universel ou un accord généralisé, nuit à la diversité culturelle à laquelle ses contributeurs aspirent. Du propos faussé sur l’art et Lyotard, nous ne sommes donc pas loin et nous aurions peut-être préféré que le curateur privilégie des penseurs coréens, pour cette exposition culturelle résolument insulaire !

Visuel : © Alan B.