Les Jeux Olympiques approchent, le sport est partout, et depuis quelques mois les Olympiades culturelles sont ouvertes. Au Palais de la Porte Dorée ou dans l’ancienne maison de Clémenceau, les musées proposent quantité d’expositions en lien avec l’événement qui conditionnera la vie à Paris durant tout l’été. Et dans les galeries, on en trouve aussi quelques-unes de musclées. Notre sélection.
En 1964, le jeune reporter Raymond Depardon est envoyé à Tokyo pour couvrir les Jeux olympiques. Il expérimente pour la première fois avec la photographie sportive et fait face à des difficultés, qui ne l’empêcheront pas de couvrir les six éditions suivantes. La galerie RX propose de découvrir une série de clichés pris au Japon (1964), à Mexico (1968), à Munich (1972) et à Montréal (1976). Au travers de tirages en noir et blanc au thème identique, étirés sur plus de dix ans, on peut étudier l’évolution de la technique de Depardon, la naissance de la patte qui fit de lui l’un des plus grands photoreporters français. Mais entre ces essais, c’est l’Histoire qui se joue : il photographie le poing levé des athlètes afro-américains, capture l’ambiance étrange des Jeux sanglants de Munich, ou la gymnaste-emblème de Ceausescu, Nadia Comăneci.
En ce moment, le centre Pompidou célèbre la bande dessinée «à tous les étages». Ouverte depuis mai, globale, nous l’avions recommandée dans un précédent article. Aiguisant la rencontre avec le neuvième art, sous un angle sportif, la galerie Art-maniak propose une exposition «Olympisme et 9e art» du 13 juin au 13 juillet. Comme les photographes, les dessinateurs cherchent à capturer l’image, celle où tout l’effort explose, le dépassement d’une ligne, de soi, le mouvement décisif. La BD permet aussi une narration, l’ouverture au-delà du temps suspendu d’un but, d’un saut. Une quinzaine d’artistes y sont exposés pour leurs dessins de presse, grandes illustrations ou planches. Coup de cœur pour celle de Nicolas Debon, tirée de sa bande dessinée Marathon (Dargaud, 2021) où l’on voit tout sauf l’action : des gradins, et la piste trempée que l’on prépare.
Pierre de Coubertin, le fondateur des Jeux Olympiques, disait en 1912 qu’ils constituaient «l’exaltation solennelle et périodique de l’athlétisme mâle avec […] l’applaudissement féminin pour récompense». Plus d’un siècle plus tard, à Paris, pour la première fois la parité femmes-hommes sera respectée aux Jeux. La conquête par les femmes de leur droit à concourir a été marathonienne, et la Galerie Roger-Viollet propose de revenir sur les grands clichés de ce combat au cours du XXe siècle. A travers 90 photographies issues du fonds L’Équipe, et des archives de l’ancien quotidien Excelsior, on peut se plonger dans l’intégration progressive, tolérée ou désobéissante des femmes aux compétitions sportives.
A la galerie Lélia Mordoch, on y va fort. L’exposition «Olympiades» est présentée en ces termes : «Oui cette exposition est parfaitement opportuniste, mais pourquoi faire fi des opportunités ?» L’actualité sportive impose un agenda, un thème – certes facile – , mais qui n’est qu’une porte d’entrée vers un espace où l’on ne se refuse rien, où l’on peut voir «autant de styles, autant de sports, autant de matières qui se répondent de la sculpture à la peinture, de la symbolique à l’expression graphique, du football au cyclisme, de l’athlétisme à la natation, de la chasse à la pêche».
Visuel (c) Nicolas Debon, galerie Art Maniak