Le festival Cinemed Montpellier 2025 a récompensé Les dimanches, drame familial espagnol, de l’Antigone d’or, la plus haute distinction. Réalisé par Alauda Ruíz de Azúa, le film sort en salle en France le 11 février 2026. Il aborde finement le thème de la foi et de la famille sans porter de jugement quant au comportement de chacun.
Le premier rôle tenu par Blanca Soroa est Ainara, lycéenne de 17 ans, annonçant à sa famille son souhait de devenir religieuse. Face aux réticences, le film atteste de la croyance de l’héroïne et encourage le spectateur à se faire son propre avis.
Le film débute sur la musique festive “Quevedo: Bzrp Music Sessions, Vol. 52” du rappeur espagnol Quevedo et du DJ argentin Bizarrap, typique des soirées de la jeunesse actuelle. Le contexte tranche : un voyage scolaire dans un monastère. Notre protagoniste dénote parmi ses camarades, il est même difficile de la repérer dans cette première scène, tant elle semble effacée. Pourtant, nous comprenons au fil du récit qu’elle est capable de faire ses propres choix et de les défendre. Son introversion tient plus au fait qu’elle n’est pas à sa place.
La mise en scène révèle dans une autre séquence que Ainara n’est pas de ce monde. Quand tous ses camarades sont dans l’ombre, elle seule au centre est illuminée et filmée en plongée tel Renée Falconetti dans La passion de Jeanne d’Arc (1928) de Carl Theodor Dreyer, ressort typique du cinéma pour signifier au public qu’un personnage est l’élu. Le film ne questionne pas l’existence de sa foi ni ne la juge, il l’affirme.
Et pourtant, la religion n’est pas traitée tendrement par le film : les couleurs sont grisâtres, froides et sombres. Les religieuses avouent parfois douter de leur foi : “Dieu est comme tous les maris, il a ses trucs”. Mais, la sincérité de Ainara est frappante.
Le film explore les différentes réactions à cette foi. Tous les interlocuteurs de Ainara ont un dénominateur commun : l’incompréhension. Sa tante, superbement interprétée par Patricia López Arnaiz, lui conseille d’aller voir un psychologue. Son père s’oppose à ce qu’elle “s’enferme avec des vieilles femmes”. Sa grand-mère s’inquiète d’éventuels regrets d’une telle décision. Le film ne prenant pas parti, c’est à nous, spectateurs, de s’interroger sur l’attitude à adopter face au désir de Ainara. Le réalisme des personnages favorise l’identification et pousse la réflexion.
Le film met en exergue la disparition de la croyance religieuse dans nos sociétés contemporaines. Superbement joué et réalisé, il offre un divertissement réflexif et une fenêtre sur la société espagnole actuelle. Récompensé par Cinemed et au festival international du film de Saint-Sébastien par les distinctions les plus prestigieuses. Les dimanches s’impose comme une œuvre à ne pas rater.
visuel(c) Le Pacte