Les réalisateurs Julien Maury et Alexandre Bustillo reviennent avec un septième long métrage noir et intense mettant en vedette Viriginie Ledoyen et Paul Hamy.
Nous étions mardi soir au Kinopanorama des grands boulevards, magnifique salle qui mettait bien en valeur les paysages sombres des Vosges, où se dessinent d’inquiétantes forets, des bâtisses isolées, et un mystérieux sanatorium abandonné dans la montagne.
De l’aveu même des deux réalisateurs, spécialistes des films de genre, il y a dans ce film la volonté de faire un polar noir qui flirte avec le fantastique, tout en suivant une intrigue musclée teintée d’actions et de rebondissements. Les rivières pourpres furent l’un de leur film de référence, on y pense souvent à la vision du « mangeur d’âmes ».
On ne sait souvent sur quel pied danser dans ce thriller étrange, qui nous perd dans les méandres de l’histoire adaptée du roman d’Alexis Laipsker, et fantastique s’il y a, nous ressentons bien qu’il vient de la tête des protagonistes plutôt que de notre propre vision objective. Ceci est très réussi, c’est bien le point de vue des différents personnages qui est traité et non celui du spectateur.
Les Vosges brumeuses sont magnifiquement filmées et semblent être un territoire fantastique, dont les deux enquêteurs n’arrivent pas à trouver les clés. Ce décor les mange littéralement, comme ce mangeur d’âme qu’ils cherchent, sans savoir ce qui est la légende et la réalité. Le mystère règne dans ce monde de non dits, peuplés de personnages silencieux et sombres.
En tête, l’inspecteur Virginie Ledoyen signe une belle prestation, sombre et toute en énergie retenue, un regard noir, une femme forte. Elle est secondée par un étrange policier, joué par Paul Hamy, dont la présence physique, mélange de force et de douceur, fait penser à des acteurs inspirants la peur et la tendresse comme l’américain Tom Hardy.
Une galerie d’impeccables seconds rôles vient compléter ce casting, avec des acteurs confirmés comme Malik Zidi, Francis Renaud, Christophe Favre et la participation exceptionnelle de Sandrine Bonnaire en infirmière psychologue.
Ce film est vraiment ce que l’on pourrait appeler un « thriller français », la façon de jouer des comédiens, aux dialogues abrupts, concis, les décors, la légende d’une région méconnue, la solitude d’une petite ville de province « en sous effectif » comme le rappellent les policiers locaux, dépassés par une série de meurtres qui vient entacher la réputation de celle-ci, et une certaine pudeur des sentiments, qui éclatera peu à peu.
Vous pouvez retrouver Le Mangeur d’âmes au cinéma à partir du mercredi 24 avril prochain.
Le mangeurs d’âmes, de Julien Maury et Alexandre Bustillo, 110 minutes, Star Invest films, sortie le 24 avril 2024