Pour sa 57ème édition qui se tient du 14 au 24 mai, la Quinzaine des Cinéastes inclut Classe moyenne dans sa sélection. Une comédie signée Antony Cordier, qui retourne sur la Croisette vingt ans après y avoir présenté son premier long-métrage Douches froides.
Mehdi a prévu de passer un été tranquille dans la somptueuse demeure de ses beaux-parents. Mais dès son arrivée, un conflit éclate entre la famille de sa fiancée et le couple de gardiens de la villa. Comme Mehdi est issu d’un milieu modeste, il pense pouvoir mener les négociations entre les deux parties et ramener tout le monde à la raison. Pourtant, tout s’envenime…
C’est Parasite version comédie française, ou ce qu’aurait pu être la saison 4 de White Lotus. Perchés sur une colline dans leur luxueuse villa, les Trousselard se réunissent pour ce qu’ils pensaient être un été relaxant, loin du tumulte parisien duquel ils ont l’habitude.
Philippe (Laurent Lafitte) est un avocat fortuné, qui ne peut s’empêcher de truffer ses phrases d’expressions latines : « vous allez nettoyer ma voiture in extenso ! ». Avec sa femme Laure (Élodie Bouchez), actrice cherchant à reprendre sa carrière, ils accueillent Mehdi (Sami Outalbali), le petit ami de leur fille Garance (Noée Abita).
Un peu plus loin, les Azizi logent dans une bien plus modeste demeure. Tony (Ramzy Bedia) et sa femme Nadine (Laure Calamy) sont les gardiens chargés d’entretenir la villa des Trousselard. Mais à force de subir leurs remarques humiliantes, Tony finit par partir en vrille. Après un verre de trop et un fusil à la main, il déclare la guerre à ses employeurs. C’est alors que commence la lutte des classes, avec une série de coups montés et de négociations ratées, le tout parsemé de féroces joutes verbales.
Mehdi, issu d’un milieu modeste et major de sa promo en droit des affaires, se reconnaît autant chez les Azizi que les Trousselard. Représentant la classe moyenne, il tente de s’interposer entre les deux familles pour trouver un terrain d’entente. Et finalement, dans cette cage où combattent deux classes sociales que tout oppose, c’est l’arbitre qui prendra un gros KO. Seul défaut : la mise en scène de ce retournement de situation, élément clé dans le dénouement de l’intrigue, s’est faite de manière bien trop brutale et maladroite… Dommage.
« C’est rare de présenter des comédies à Cannes », souligne Laurent Lafitte juste avant la séance au Théâtre Croisette. Pourtant, dans un tourbillon de long-métrages intellectuels et pointus, une telle bouffée d’air frais n’est pas sans refus. En tout cas, c’est ce que l’accueil du public laisse entendre par ses applaudissements qui n’ont cessé de bercer la projection.
Et quoi de mieux qu’un bon morceau de deep house pour poser le mood ? Les premières images du film s’accompagnent de MZ de Sascha Funke, et les crédits apparaissent au rythme des applaudissements synchronisés des spectateurs. Une projection qui débute fort, avec un enthousiasme partagé parmi les cinéphiles de la salle, qui compte d’ailleurs toute l’équipe du tournage. Du début à la fin, Antony Cordier a réussi à maintenir cette tension qui s’est installée dès les premières minutes de visionnage. Un sifflement par-ci, un « bravo » par là.
Et comment ne pas parler de ce casting exceptionnel ? Les acteurs, eux aussi, sont à saluer pour leur jeu remarquable et leur complicité palpable. Laurent Lafitte a d’ailleurs comparé le tournage à une colonie de vacances lors de la présentation. « C’était presque une colo », dit-il le sourire aux lèvres.
En sortant de la projection, nous avons pu échanger quelques minutes avec Ramzy, aussi jovial qu’à l’écran, qui nous a confié avoir découvert le film en même temps que nous. Si vous n’avez pas eu cette chance, rien n’est perdu : rendez-vous au cinéma à partir du 24 septembre !
Visuel : © Occitanie films