L’ACID a ouvert sa sélection 2024 avec un film grec qui nous emmène à la fois dans les îles et dans des débordements familiaux insurmontables. Kyuka de Kostis Charamountanis a une patte de super 8 et une hystérie latente absolument fascinante…
C’est l’été dans les Cyclades. Le patriarche Babis, et ses jumeaux, Konstantinos et Elsa, passent leurs vacances en famille sur un bateau au large de Poros. Alors que la pêche est toujours plus maigre, mettant à mal la virilité du pater familias, une autre famille fait son apparition. Par hasard, il s’agit du nouveau foyer de la mère qui a abandonné les jumeaux alors qu’ils étaient encore des bébés. Le ressentiment remonte et fait bien des remous dans le bleu marine de ces vacances qui auraient dû être parfaites.
L’image infiniment bleue de Kyuka ne peut pas ne pas faire penser aux années 1970 et à l’infini des films en super 8. Les personnages sont assez archétypaux : la mère-diva aux cheveux sombres et lèvres et ongles vermillon, les jumeaux sportifs, les pères machos… Et pourtant, tout finit par se troubler et se brouiller dans une violence lancinante que le cadre parfait et immuable de ces vacances en famille rend encore plus choquante. La BO est géniale, les ellipses pertinentes et l’hystérie monte comme une rage qui n’a pas su passer. Un film esthétique et fort sur le dysfonctionnement familial.
Kyuka (Before Summer’s End), de Kostis Charamountanis, avec Simeon Tsakiris, Elsa Lekakou, Konstantinos Georgopoulos, Afroditi Kapokaki et Elena Topalidou, Grèce, 105 min, Sélection ACID 2024.
Visuel : (©) Heretic
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