Dans ce livre percutant, l’autrice de Mausolée raconte l’évolution du regard que la société porte sur le corps féminin.
Certains se rêvent bien en rappeurs gansta. D’autres en stars de cinéma. Que dire alors à celles qui érigent Napoléon en icône pop ou ont pour projet de vie de devenir Britney Spears ? « Baby, not this time » ?
Napoléon à la rigueur. Mais Britney… Qui vraiment a envie d’être cet « objet sexuel absolu, inquiet » et dont le monde entier est bien décidé à s’assurer qu’il « s’en tien[ne] à son rôle de pure surface de projections des désirs de tous les vieux messieurs » ? Louise Chennevière fait partie de ces petites filles qui, à travers le monde, ont imité à corps perdu – et au risque de perdre leurs cordes vocales – la Princesse de la pop. Mais, tout cela c’était avant. Avant que le pendule de sa grande-tante ne s’oppose à sa carrière à peine naissante de chanteuse. Avant que Britney ne se rase la tête aux yeux et à la barbe de tous.
Pour Britney se veut alors comme une lettre d’excuses pour toutes les ambitions déçues. C’est une véritable demande de pardon pour avoir ri devant une Britney chauve mise à nu, pour avoir si vite et si bien appris la leçon, celle-là même que toutes les petites filles récitent par cœur. Pour Britney, c’est aussi une poétique politique de l’optimisme. Car, en creux des longs paragraphes qui laissent peu d’espace pour respirer, en creux des vers de Nelly Arcand, se loge un message d’espoir. En faisant de l’histoire de Britney Spears une autobiographie collective, Louise Chennevière murmure, au creux de l’oreille des petites filles que nous avons été et de celles à venir, d’y aller, de n’avoir pas peur ni de l’abandon ni de la conquête. De n’avoir peur de rien. Même pas d’écrire l’un des textes les plus forts et puissants de cette rentrée littéraire.
Louise Chennevière, Pour Britney, sortie le 22 août 2024, Paris, P.O.L., 144 p., 15 euros.
Visuel : © Couverture du livre