Ils arrivent à pas feutrés, un peu à côté de la plaque. Ils ne savent pas ce qu’ils font là, et nous non plus. Ces 4 huluberlus, 2 filles et 2 garçons, découvrent la scène comme s’ils y mettaient les pieds pour la première fois. Il y a la scène, qu’ils foulent avec prudence, des projecteurs au sol et derrière les rideaux, stupéfaction ! le fond de l’espace. Les choses s’emballent, ces clowns dérapent sur tout ce qu’ils trouvent, se perdent dans les coulisses, deviennent des sales gosses. On ne connait pas leurs histoires, ni qui ils sont. On assiste seulement à leur maladresses, empotés avec eux mêmes et le monde qui les entoure.

Casser les codes

C’est un  théâtre qui casse tous les codes que nous offre Etienne Lepage (auteur impétueux et engagé du théâtre québécois). Avec Alix Dusfresne à la mise en scène, ils assument une pièce sans histoire, et décousue et c’est cela qui désarçonne et déstabilise. Car tous les possibles sont ouverts, toutes les questions sont posés, sans forcément obtenir de réponses.

De ce théâtre de l’absurde, sans repères et sans direction, on en ressort avec une impression mitigée. Ces êtres sont parfois d’une bêtise sans nom, ils font rire souvent, et ennuient aussi. Rien ne semble advenir et un vide s’installe. Pour finir, ce qui fait la force du spectacle fait finalement aussi sa faiblesse. Car quitte à casser les codes, on aurait aimé que cela soit mené jusqu’au bout. Ici, cela reste malgré tout assez tenu et timide. Presque trop tiède pour un titre aussi flamboyant. Au final, le malaise existe bel et bien, mais peut être pas du bon côté de la salle.

Malaise dans la civilisation, de Etienne Lepage, au théâtre de la Manufacture jusqu’au 21 Juillet.

Visuel © Gunther Gamper