« La fête du slip » : une mise à nu originale et politique dans le Off

Du one man show au stand-up

Après un accueil où l’on nous propose de nous mettre en slip et une introduction susurrée au micro, le spectacle commence par de courtes saynètes qui s’enchaînent tambour battant. Mais, ce faisant, l’auteur et acteur nous met sur la fausse piste d’un spectacle à sketchs. Certains personnages peuvent paraître caricaturaux. Tant dans l’interprétation que dans les propos, mais peu importe, c’est un code de jeu comme un autre. Car, au fur et à mesure du spectacle, Mickaël Délis se libère de ses mini-fictions pour venir du côté du seul en scène intimiste et politique. La proposition dans son ensemble est bien plus subtile et maligne que ces quelques courtes scènes. Certains personnages, en effet, sont on ne peut plus réalistes. Il nous semble les avoir toujours connus ou avoir envie de les rencontrer. On pense ici à Lorenzo, ancien amoureux italien à l’accent chantant et au verbe haut, qui vient cuisiner pour Mickaël. Dans une courte scène monologuée, il plonge brillamment dans ce qu’il faut bien admettre être l’obsession de la conquête masculine avec ses élans guerriers et ses désirs de domination. On a envie d’être ou d’avoir cet ami-là pour échanger sur nos propres limites dans nos déconstructions. Le rôle de la mère est tout aussi savoureux. Cigarette au bec, une saillie verbale toujours prête, elle est un fil rouge qui (nous) permet de s’interroger sur le rapport (sexuel) à nos parents.

Plateau nu pour homme en slip…

Le dispositif scénique choisi est tout aussi simple qu’ingénieux. Il est basé sur la création lumière de Jago Axworthy.  Sur scène, les seuls accessoires sont des néons qui changent de couleur en fonction des personnages, des situations ou des émotions. Ils deviennent cisailles pour la découpe des fleurs dans un jardin, cannes pour déambuler dans un hôpital ou encore bâton de parole dans un groupe d’auto-support. Et cette simplicité permet de se concentrer sur ce qui est dit : une mise à nu distanciée et subtile. Une confidence tout à fait unique mais qui ne peut que résonner en chacun d’entre nous. Mickaël Délis ne fait pas dans l’humour d’entre-soi. Il n’est pas nécessaire d’être un homme gay de quarante ans pour rire avec lui et de lui. Il ouvre sa focale sur notre relation à toutes et tous à la performance, à nos corps, à notre sexualité.

L’auto-dérision sur cette étrangeté anatomique sur laquelle le monde a trop longtemps posé son axe est jubilatoire.