« Renverser la tache », une thématique génialement pointilleuse pour traverser l’art moderne et contemporain à la Galerie Zlotowski

par Yaël Hirsch
17.04.2024

Dans l’écrin qu’elle propose à quelques pas de la Seine, dans la rue du même nom, la Galerie Zlotowski, propose en partenariat et après la Galerie Catherine Issert de Saint-Paul-de-Vence une exposition thématique qui réunit des œuvres de Miró, André Derain, Sam Francis, Pierrette Bloch à celles de Sheila Hicks, Dove Allouche ou Laura Lamiel… Une petit moment de beauté et aussi de réflexion sur tout ce qui déborde de notre attention et de notre existence.

La tache, ce qui nous échappe…

C’est sous le commissariat d’Anne Bonnin que la Galerie Zlotowski a placé cette exposition thématique majeure pour comprendre l’abstraction lyrique et particulièrement le « tachisme ». Tout commence avec Léonard de Vinci et, plus tard, au XVIIIe siècle, le paysagiste anglais Alexander Cozens, qui propose que la tache, de débordement qui devrait être gênant, devienne une méthode pour commencer une toile. La tache, c’est ce qu’on aurait envie d’opposer à la ligne, mais aussi au point. C’est ce qui se passe quand la matière déborde la forme. C’est à la fois extrêmement angoissant et aussi incroyablement créatif.

Renverser la tache pour mieux voir son rôle

C’est ce que nous prouve l’exposition « Renverser la tache », en quatre parties, soit quatre types de taches, l’informe avec Jean Dubuffet, le touche-tache avec Michaux, l’éclaboussure avec Sam Francis, l’inconscient avec Miró et le rythme avec Pierrette Bloch. On a parfois du mal à reconnaître sous les taches la signature de Derain ou de Sheila Hicks. De très grands formats (Christopher Wool) côtoient des pépites plus modestes dans leurs dimensions (on adore les délicates aréoles des seins rouges esquissées par Laura Lamiel). Les « anciens » sont à l’étage, la plupart des contemporains sont au sous-sol. Et l’on circule à travers une trentaine d’œuvres, la plupart sur papier.

C’est magnifique, ça dialogue, ça fait réfléchir, et lorsqu’on tombe sur le catalogue paru aux Éditions Martin de Halleux, on découvre que d’autres artistes ont renversé la tache dans la Galerie Catherine Issert à Saint-Paul de Vence et nous aimerions bien les voir ! Une aventure passionnante avec les taches, dont nous attendons presque d’ores et déjà le prochain épisode…

visuel : (c)Affiche

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