Ce dimanche 22 juin au Hangar Y avait lieu « une journée en musique »: installations interactives et sonores, atelier de fabrication de flûtes, boîtes à histoires… et concert de quatre musiciens de l’Orchestre National d’Île-de-France, le tout orienté vers les enfants. De quoi prolonger la fête de la musique une journée de plus en famille.
Créé à l’occasion de l’exposition universelle de Paris de 1878 pour servir de Galerie des Machines, le Hangar Y a ensuite été démonté et reconstruit à Meudon pour devenir un hangar à ballons dirigeables. Chagall a pu y finaliser son plafond de l’Opéra Garnier, et vous avez pu l’apercevoir sans le savoir dans la scène de l’hôpital de campagne d’Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet. Il a aujourd’hui été entièrement reconverti en lieu culturel proposant concerts, spectacles, expériences immersives ou encore ateliers pour enfants. On prend plaisir à se balader dans le grand parc entourant le hangar, et les plus aventuriers peuvent même profiter d’une petite excursion en barque sur le grand bassin présent dans les jardins.
Le Hangar Y et l’Orchestre National d’Île-de-France se sont retrouvés dans leur mission commune : créer de l’art partout et pour tous. Dimanche après-midi, au sein du hangar, un public attentif d’enfants et de parents a donc pu profiter d’un concert donné par quatre instrumentistes de l’orchestre : Julie Oddou et Delphine Masmondet au violon, Renaud Stahl à l’alto et Frédéric Dupuis au violoncelle. L’acoustique du lieu a pu magnifiquement résonner grâce à un arrangement pour quatuor à cordes de « I could have danced all night » en guise d’ouverture du bal musical. Puis Julie Oddou s’est emparée du micro afin de présenter un des compositeurs mis à l’honneur par le quatuor : Maurice Ravel. Un déchirant et sublime solo d’alto s’est alors élevé pour ouvrir la danse avec la « Pavane pour une infante défunte » de Ravel, avant que le thème ne soit repris par le violon 1 et que les harmonies émanant des quatre musiciens parfaitement équilibrés entre eux ne fusent.
Julie Oddou s’est ensuite appliquée à présenter chacune des œuvres jouées, racontant par exemple leur contexte de création ou les différents modes de jeux que chaque pièce permettait aux instrumentistes de mettre en valeur. Saviez-vous par exemple que le Quatuor à cordes en fa majeur de Ravel fut composé sous l’enseignement de Fauré qui avait demandé à ses élèves d’écrire un morceau dans le style de Debussy ? Et surtout que cette pièce est idéale pour présenter de nombreux modes de jeux différents des instruments à cordes : le quatuor s’est prêté au jeu en n’exécutant que quelques mesures à la fois pour commencer, afin de montrer précisément aux enfants ce qu’il s’y passait exactement, montrant leurs pizzicati par-ci ou leurs trémolos par-là. Puis le passage des époques entre Ravel et Gershwin – deuxième compositeur mis à l’honneur par le programme des musiciens – fut permis par un arrangement pour quatuor à cordes du « Blues » de Ravel, originellement écrit pour violon et piano. Une pièce présentée par Julie Oddou comme « très audacieuse » et presque « grimaçante », et à raison ! Ravel, en fervent admirateur du jazz des années 1920, s’amusa régulièrement à incorporer des petits motifs très contemporains dans ses pièces. Ici, dans ce qui est en réalité le deuxième mouvement intitulé « Blues » de sa sonate en sol majeur pour violon, c’est l’entièreté de la partition qui est jazzifiée, allant des accords choisis typiques d’un blues américain, aux rythmes dansants présents en accompagnement puis rapidement dans le thème, jusqu’aux glissades indiquées dans la partition.
Après cette transition très intelligemment choisie, nous avons été transportés dans l’univers musical de George Gershwin, présenté ici toujours avec des arrangements pour quatuor à cordes, étonnement très fonctionnels. Julie Oddou a su expliquer que Gershwin et Ravel s’étaient rencontrés en mars 1928 à l’anniversaire de ce dernier, et s’admiraient tant humainement que musicalement ; et les musiciens ont su le faire ressentir à travers leur musique : du « Blues » à « Swanee », on a pu percevoir les liens entre les deux compositeurs et surtout voir les instrumentistes s’amuser autant d’un programme à l’autre.
Puis le quatuor a fini son ambitieux programme avec un dernier petit saut dans le temps en jouant des extraits de West Side Story de Leonard Bernstein, sur lesquels même sans paroles le public se balançait, prêt à chanter les airs connus de toustes. Un concert parfait pour tous les goûts et tous les âges.
Une nouvelle collaboration entre le Hangar Y et l’ONDIF appelée « Quand on arrive en ville » sera à découvrir le samedi 5 juillet à 18h, avec une programmation variée de morceaux arrangés pour quatuor à cordes, allant de Tchaïkovski à Jacques Brel en passant par Bizet et Gershwin. La billetterie est à retrouver sur le site du Hangar Y.
D’autres ensembles de l’Orchestre National d’Ile de France sont à retrouver tout au long du mois de juillet dans différents lieux franciliens ! Un concert autour de la musique d’opéra aura lieu le 2 juillet à l’hôtel de ville d’Eaubonne ; un trio d’instruments à cordes jouera des airs venant tout aussi bien de la musique classique, de la chanson française que du rock au château de Jossigny.
L’orchestre jouera également en plus grand effectif samedi 28 juin au Théâtre des Champs-Elysées, au Château de Chambord le 29 juin, puis au festival d’Auvers-sur-Oise le 4 juillet.