Ce samedi 16 décembre, c’est l’inauguration de la deuxième exposition du Hangar Y à Meudon, Prendre le soleil. L’occasion pour les familles de tester plein de choses sur les ultraviolets. En attendant et jusqu’au 21 avril 2024, alors que les jours ne vont faire que rallonger, il n’y a aucune raison de se priver de cette exposition pleine de lumière, ainsi que sa petite sœur, Recharger, qui propose 30 minutes de bien-être psychédélique.
Ouvert en mars dernier, l’ancien Hangar à dirigeables a dépassé toutes les prévisions de fréquentation en huit mois et une exposition sur les machines volantes. Entretemps, le parc s’est harmonisé, les oiseaux de Abdessemed nous y accueillent avec gourmandise, et la guinguette est en place, majestueuse sur un bassin poétique, qui permet de se délecter d’une carte faussement classique signée Guillaume Sanchez. Après un tour du jardin dans la lumière d’hiver, deux expositions entre art, science et bien-être nous attendent avec un programme très alléchant au cœur de l’hiver : Prendre un grand bain de soleil. Une proposition qui fait doublement sens à Meudon, où depuis 1875, il y a un observatoire dédié au Soleil, l’Observatoire PSL, partenaire de l’exposition.
« Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder fixement », écrivait La Rochefoucauld. Dans l’immense espace principal du Hangar Y deux mezzanines abritent sur fonds arc-enciel des œuvres d’artistes mais aussi de scientifiques qui tournent comme des planètes autour … du Soleil. A gauche : c’est la chaleur, la géométrie et la construction : Anne Lindberg nous emmaillote de rayons, Tacita Dean cherche à happer le fameux « rayon vert », Laurent Grasso nous parle du miracle de Fatima, on écoute la musique bienveillante des Sun Ra et Noémie Goudal abolit les bibelots lumineux. Créés pour l’occasion, les horizons en noir et blanc d’Abdelkader Benchamma semblent contenir toute l’énergie de la lumière. Et plus expérimentales, les « proéminences solaires » des années 1870 nous rappellent que toutes les générations ont joué à Prométhée. Alors qu’on attendait forcément une majorité de photographies, c’est la diversité des media qui marque les esprits : tapisseries, installations et dessins sont aussi présents sur la grande terrasse du solarium.
En face, la peau brûle, Laurent Grasso éclaire un magnifique théâtre architectural qui fait penser à l’EUR de Rome et après une serre un peu angoissante, les flashs grillent la célébrité de 15 minutes ou à peine plus avec des clichés signés Samuel Fosso, Martin Parr, Erwan Frotin, Gwenola Wagon ou Guillaume Aubry. En final, le soleil se couche plusieurs centaines de fois dans la grande fresque que Penelope Umbrico vole (très légalement) à Flickr.
Quand on sort de Prendre le soleil, la terre est déjà aussi bleue qu’une orange. Et les formes et les couleurs se mélangent encore plus au moment où l’on passe la porte de la capsule numérique « Recharger ». Une quinzaine de personnes peuvent, pendant une trentaine de minutes, se mettre à très douce température, et s’asseoir sur des petits sièges ronds pour faire une expérience psychédélique venue du canada. Imaginée par Oasis immersion, Recharger passe par les images (et aussi les sons, on a l’impression d’entendre la pluie ou la cheminée qui crépite comme dans le meilleur programme asmr) pour créer une expérience d’ondes collectives qui font du bien. C’est très proche de l’univers de William Reich, il y a quelque chose du LSD sans substance et des années 1970 en plus minimaliste dans cette immersion new-age qui créé réellement un effet de débordement physique d’émotions énergisantes. A vivre jusqu’au 21 février, avec la conscience croissante que la lumière est la plus douce des drogues !