La séquence politique française a presque failli nous faire oublier que les JO existaient. Et pour le moment, le premier acte culturel de ces olympiades est un geste. Un poing levé pour être exact, non pas un, mais 300. En effet, une partie des danseurs et danseuses devant participer à la cérémonie d’ouverture refusent de répéter. En guise de protestations, ils et elles sont resté.e.s fixes, debouts, sans bouger. En cause, de « criantes inégalités de traitement » entre les danseurs et danseuses recruté.e.s. Aujourd’hui le préavis de grève est levé, mais les conditions de travail restent précaires.
Tout a commencé le 22 juillet, lors du filage de la cérémonie d’ouverture, une partie de la troupe a refusé de danser.
Cette aprem, lors du filage de la cérémonie d’ouverture au moins 200 danseur•ses (intermittents la plupart) ont refusé de danser, poing levé contre leurs conditions de travail & les inégalités de traitement entre les précaires et les salariés des ballets.
Bientôt dans @Mediapart pic.twitter.com/ItTA1c1N9x— Khedidja Zerouali (@khedidjabe) July 22, 2024
Pendant deux jours, la gréve s’est durcie. Ce mercredi 24 juillet, les danseurs et danseuses ont décidé de lever leur préavis sous condition. Le conflit visait, ou vise toujours, à dénoncer des inégalités de traitement et attendent des propositions écrites de Paris 2024. Quel est le problème ?
Par communiqué, le 22 juillet, le SFA — le syndicat professionnel des artistes dramatiques, chorégraphiques, lyriques, de variété, de cirque, des marionnettistes et des artistes traditionnels — a dénoncé « de criantes inégalités de traitement entre les danseurs et danseuses recruté.e.s. 250 à 300 artistes ont été embauchés à des conditions « honteuses », sans défraiement de logement ni de transport et avec des droits à l’image (dus au titre de la captation du spectacle) d’un montant de 60 euros (contre 1 610 euros pour des danseurs salariés au sein de différents ballets)».
En ce 24 juillet, le syndicat nous informe : « Ce matin, une timide proposition nous a finalement été faite, portant sur une revalorisation de la rémunération des droits de diffusion. Ils passeraient de 60 € à 180 €. Cette proposition est largement en dessous des revendications des artistes et ne répond pas à l’ensemble des problématiques soulevées, qu’il s’agisse des inégalités de salaires et de défraiement ou encore des conditions de rémunération des artistes engagé·es en lien avec le CNSMDP. Cependant, il a été décidé, avec les artistes, de poursuivre la négociation. Espérant pouvoir compter sur la bonne volonté de Paris 2024 et Paname 24 pour trouver une porte de sortie et maintenir l’ensemble des cérémonies. C’est dans ce sens que nous avons présentés aujourd’hui une contre-proposition qui nous semble à la fois acceptable pour l’employeur et satisfaisante pour les artistes.»
En fin de journée, cette nouvelle négociation a permis de calmer les colères. Joint par téléphone, l’un des danseurs grévistes, qui a souhaité rester anonyme, nous dit : « aujourd’hui, nous avons levé notre préavis de grève, car nous avons reçu une proposition de Paname 24 » qui frôle le chantage. Elle n’est valide que si le préavis de grève est levé. L’accord est le suivant : mettre au même niveau nos cachets et nos droits voisins. Par exemple, si un danseur ou une danseuse reçoit un cachet de 300 euros, il ou elle recevra 300 euros de droits voisins au lieu des 60 euros promis en premier accord. Le danseur affirme : « si l’accord n’est pas respecté, nous irons aux prudhommes ». Il rappelle que ce qui s’est passé relève du quotidien dans sa profession, mais que « on se fait exploiter tout le temps, mais là ça se voit ».
Au final, cela apparait comme une victoire, car au point de départ, aucune négociation n’était envisagée. Le danseur ajoute « j’ai très envie de danser à cette cérémonie, ce que je critique, c’est la dynamique. Mes convictions n’ont rien à voir avec mes gouts artistiques »
Visuel : © Mélanie Perrier