It’s Okay de KIM Hye-young, est une comédie comme on les aime : la personnage principale est pétillante, touchante et pleine d’humour, les dialogues sont prévisibles, et le happy end final renverse un prologue empreint de drame. Mais ce que l’on préfère sont finalement les leçons poétiques qui servent le portrait d’une société rigide où la pression s’insère entre les personnages et le quotidien.
It’s Okay s’ouvre sur une alternance de plans entre In-young, personnage principale, qui danse pour le spectacle de fin d’année et sa mère qui la rejoint en voiture. Toutes deux viennent de se disputer. Cette binarité de plans se fait de plus en plus intense : l’énergie dynamique de la scène de danse contraste avec la lenteur de la voiture tandis que la musique accroît la pression. La scène d’ouverture se termine par l’accident mortel de la mère, qui, bien que prévisible, nous maintenait en haleine. De là, les dés du drame sont lancés.
Mais, contre toutes attentes, KIM Hye-young fait un pied de nez au drame pour nous faire plonger « un an plus tard » dans une comédie touchante au cours de laquelle nous suivons cette jeune fille orpheline qui se débrouille avec inventivité et légèreté dans un quotidien sans tuteur.ice et sans domicile.
Dans ce film, la douleur de l’absence d’une mère est devinée et façonne le personnage de In-young, jouée par Lee Re, seulement 18 ans, sans pour autant en être sa définition principale. Si In-young a tout du personnage dramatique et triste, c’est sa naïveté, son sourire spontané et sa douceur que l’on retient. Certains moments de doutes et de tristesses l’habitent, mais ces moments sont fugaces : elle est dépeinte avec résilience et force. On la voit œuvrer seule pour réussir à se nourrir et échapper aux services sociaux. Cette solitude, qu’elle peuple de visites chez le pharmacien/ami du coin, et d’heures de travail avec son copain d’enfance, cesse lorsqu’elle est recueillie par sa professeure de danse, Seol-ah, après que cette dernière l’ait trouvée un soir dans les locaux de l’école.
On assiste alors à la construction d’une relation entre ces deux personnages que tout oppose. Seol-ah est dure et froide. Elle cache une blessure dont elle souffre en silence. Au contact de cette jeune fille souriante et bavarde, elle s’attendrit et s’ouvre peu à peu à la tendresse. Dans ce duo, l’entraide et la douceur transparaissent avec discrétion, l’une faisant attention à l’autre en silence.
Dans cette micro-société de l’école de danse, le réalisateur nous rappelle ce que c’est que d’être adolescente : les pressions scolaires, familiales et sociales sont omniprésentes et sont accompagnées par des problèmes intimes tels que les troubles alimentaires, la gestion d’un deuil ou les conflits quotidiens entre copines et autres camarades.
Ainsi, au travers du portrait d’In-young, d’autres visages et histoires traversent la sienne. L’ambiance générale est à la compétition, les amitiés se font et se défont en rythme avec les réussites et les défaites de chacune, tandis que les injonctions sociales, notamment physiques, endiguent les jeunes filles, mais aussi les femmes qui encadrent le parcours de ces élèves.
En filigrane de la légèreté assumée et voulue de la comédie, Kim Hye-young souligne ce poids que porte au quotidien les adolescent.es que l’on presse pour la meilleure performance. Il note également la transmission de ce poids de génération en génération, de femmes en femmes.
Ainsi, au-delà de ces dialogues prévisibles, de l’optimisme débordant et du happy end plus que cliché, It’s Okay met en lumière les travers d’une société coréenne rigoureuse où la performance prime et s’insinue avec violence dans les quotidiens, les corps et les esprits. Malgré cela, c’est avec légèreté que tous ces problèmes sont abordés et se résolvent au fur et à mesure de l’histoire, puisque dans cette comédie, tout finit par aller bien.
Le réalisateur souligne l’importance de la résilience et de l’entraide, notamment sororale, tout en insistant sur la nécessité de se remettre en question, adultes comme ados, pour avancer ensemble et faire du beau.
visuel : ©It’s Okay, Kim Ye-Young