Ce jeudi 22 mai cannois était marqué par la clôture de la Quinzaine des cinéastes où nous avons vu deux films : Raul Peck nous a percutés et Jafar Panahi a ses chances pour un prix.
La journée a commencé à 8h45 (quasiment une grasse matinée !) à la Quinzaine des cinéastes pour un film concourant à la caméra d’or où l’on trouve devant et derrière la caméra l’extraordinaire Eva Victor. Et nous voilà propulsé•es sur un campus d’université américaine en pleine campagne pour les retrouvailles de deux amies ultra-intellos. Mais tandis que l’une a déménagé à New-York et attend un enfant avec sa compagne, en 4 ans, l’autre ne semble pas avoir avancé d’un pouce. Que s’est-il passé ? À la fois délicate et brutale, l’image de Sorry Baby nous séduit et nous bouscule quand elle appelle un chat, un chat.
En séance de rattrapage ce jeudi matin, c’était Un simple accident de Jafar Panahi : un simple accident donc qui va mettre un bourreau de Daech en contact avec ses anciennes victimes. Va s’ensuivre une valse hésitation tragi-comique d’un groupe réuni pour le meilleur et pour le pire. Si le film est d’une force incontestable sur le combat entre le bien et le mal, il est, malgré tout, assez bavard et un peu démonstratif par moments. Reste qu’il devrait figurer au palmarès, mais on ne lui donne pas la Palme.
À 14h, alors qu’on était parti•e pour un autre film, on s’est rabattu sur le puissant documentaire de Raoul Peck, Orwell : 2+2=5 : une dénonciation sans concession de la stratégie de manipulation des puissants mis en parallèle de l’œuvre créatrice de George Orwell (La ferme des animaux, 1984) et de sa vie. La compilation des images, des mots, les films d’archives des nazis aux khmers rouges, de la Birmanie à Trump, Musk, Poutine et Nethanyahu, la dissection des processus d’asservissements et les œuvres cinématographiques touchent juste, même si l’ensemble est parfois indigeste.
Et comme tout ça s’apparente clairement au combat de David contre Goliath, et qu’on y retrouve l’esprit des grands documentaires politiques à la Michael Moore, on se dit que la diffusion de cet Orwell relève du service public de résistance.
La journée s’est terminée sur un total changement de rythme avec Magellan de Lav Diaz dont presque chaque plan… aurait pu être réduit de moitié. Cela a découragé bien des spectateurs dans la salle (notamment l’interminable traversée), mais pas nous, car cela valait de coup d’aller au bout de ce voyage au bout de l’enfer, d’autant que Gaël Garcia Bernal est aussi halluciné que Brando dans Apocalypse now…