Le programme de la Biennale de la danse de Lyon 2025 a été présenté le 14 mai, lors d’une conférence de presse au ministère de la Culture. Placée sous la direction artistique de Tiago Guedes, cette nouvelle édition affiche une ambition forte : faire de la danse un levier de rassemblement, de réflexion et de création. Entre nouvelles productions, partenariats internationaux et défilé revisité, l’événement entend affirmer la place centrale du corps et du mouvement dans nos sociétés en crise.
La ministre de la Culture Rachida Dati donne le ton en montant sur scène : « La danse est notre bien commun. » L’image est forte, et la Biennale de la danse 2025 s’annonce comme un événement ouvert, engagé, et résolument ancré dans le présent. Pas seulement pour les initiés, mais pour toutes et tous : « La danse est la deuxième pratique amateur après le football », rappelle-t-elle. Et si la culture est un choix politique, la Biennale en est un acte manifeste. Soutenue, portée, préservée, elle devient un rempart contre les atteintes à la démocratie. « Renoncer à la culture, c’est remettre en cause les fondements de notre démocratie », martèle la ministre sans ironie, assurant avec toupet qu’aucun euro ne manquera dans les territoires. Pour rappel, le budget de la culture est aujourd’hui proche de zéro, il représente 0,6% du budget global de l’Etat.
Pour Tiago Guedes, à la direction artistique depuis 2022, cette édition est celle de la résonance et du lien : « Une édition de tendresse, de soin, de résistance, pour continuer de transformer nos imaginaires. » Avec 40 spectacles issus de 14 pays, dont 24 créations (11 premières mondiales, 7 premières françaises), la Biennale joue l’équilibre entre exigence artistique, ouverture populaire, et partenariat étendu. Elle s’inscrit dans l’actualité culturelle et géopolitique, croisant notamment l’année France-Brésil. On retrouvera ainsi Borda de Lia Rodrigues, les Original Bomber Crew ou encore Alejandro Ahmed. Le défilé chorégraphique rassemblera 3 000 danseurs amateurs avec un final signé Diego Dantas – carnaval et territoire pour ligne de force.
La directrice générale, Sabine Longin, revendique une biennale « de création » : 24 créations sur 40 spectacles, 130 représentations, 58 chorégraphes, 3000 amateurs. Une plateforme nationale à ambition internationale, avec une visée de diffusion réelle. « Plus de 50 % des œuvres sont des créations ou coproductions. »
La programmation s’articule autour de trois axes :
— Création et expérimentation
— Partenariats culturels forts
— Rencontres sous toutes les formes
Comme le rappelle un journal espagnol, « La Biennale de Lyon est à la danse ce que Cannes est au cinéma. »
Aux côtés des grands noms — Christian Rizzo, Jan Martens, Découflé , on découvre des écritures subversives et puissantes.
Parmi les temps forts :
— Aina Alegre, pour une réinvention féministe du flamenco.
— Andrea Givanovitch, sur les masculinités.
— Davi Pontes et Wallace Ferreira, avec une pièce tirée d’un triptyque sur les corps politiques.
— Miet Warlop, explorant les troubles de la création.
— Nina Laisné – François Chaignaud et Nadia Larcher entre chant et danse autour des folklores argentins et péruviens.
— Collectif ES, avec une relecture chorégraphique d’un tube planétaire de 1989. ( Il signe d’ailleurs la belle affiche de la Biennale)
— Julien Fournet, Marco da Silva Ferreira, Emmanuel Eggermont…
Un programme spécifique, porté avec Chloé Siganos (cheffe du service spectacle vivant), met en lumière trois femmes artistes : Eszter Salamon, Gisèle Vienne, Dorothée Munyaneza.
— Eszter propose une œuvre visuelle et chorégraphique conçue avec l’IRCAM, visible à Lyon et à Paris.
— Gisèle Vienne transpose Crowd au Grand Locos, et programme une soirée exclusivement féminine au Sucre.
— Dorothée Munyaneza investit la Villa Gillet quatre jours durant pour une myriade de rencontres littéraires, performances et concerts.
Le grand défilé, élément emblématique de la Biennale, se réinvente : huit chorégraphes réécrivent les danses sociales. Quatre en région Auvergne-Rhône-Alpes, quatre en métropole. Une manière de « recycler » les danses collectives en leur donnant un nouveau souffle, une nouvelle adresse.
La réduction des moyens est une réalité. « Neuf spectacles de moins », précise Tiago Guedes, « mais trois créations en plus. » L’objectif : maintenir l’exigence artistique, coûte que coûte. « On trouvera des astuces, c’est-à-dire des partenariats financiers. » Ainsi, un partenariat avec Arte est annoncé pour la diffusion et le développement d’une plateforme en ligne.
La Biennale ne s’arrête pas à la scène. Un Forum proposera cinq programmations issues de cinq régions du monde, chacune pensée avec un artiste invité. Le Focus (16 au 20 septembre) offrira un parcours resserré pour voir huit créations. Et le Club Bingo, nomade, circulera entre plusieurs lieux.
« C’est quand il y en a partout », dit Rachida Dati. À Lyon, dans les territoires, dans la rue, dans les corps. La danse comme soin, comme cri, comme fête. La danse comme nécessité. Et cela aura lieu du 6 au 28 septembre (jusqu’au 17 octobre en région). La billetterie elle, ouvre dès le 23 mai.
Du 6 au 28 septembre à Lyon et en métropole, jusqu’au 17 octobre en région
Visuel : affiche