En traversant Paris dans tous les sens cette semaine pour dévorer des yeux pléthore d’œuvres – accrochées la plupart du temps sous des verrières – nous nous sommes demandés : « Y a-t-il rien de plus ennuyeux qu’une foire d’art en temps de crise ? ».
Dans son article amoureux sur Art Basel Paris 2025, Sara Guedj nous cite les chiffres édifiants du UBS Art Market Report et du Baromètre 5 du CPGA : parmi les acteurs et actrices du marché, « près de 20 % signalent une baisse d’activité supérieure à 20 % sur l’année écoulée ».
Et l’on sent comme un petit air d’inquiétude et de déclin : Jean Nouvel était absent à son propre couronnement avec l’ouverture très mémorielle de la Fondation Cartier. Et le roi de cette semaine a reçu sa couronne pour 7 chutes aux couleurs nymphéas : il s’agit du jeune plasticien Xi Lei, Prix Marcel Duchamp 2025. Après l’effervescence des dix ans l’an passé, le nombre de galeries présentes à Asia Now semble avoir diminué de moitié et pour Akaa (Also Known As African Art) qui souffle ses dix bougies cette année, même dans le secteur le plus dynamique du marché, on sent que les galeries retiennent leur souffle.
Alors que Paris est redevenu un pôle d’attraction majeur pour l’international depuis qu’Art Basel a repris la main sur la FIAC, les galeries misent sur ce qui rassure les collectionneuses et les collectionneurs. Des grands espaces réguliers, y compris à l’étage du Grand Palais et au cœur de la plus punk des foires off, Paris Internationale qui s’offre le rond-point des Champs-Élysées, beaucoup de couleurs, de grands noms, moins d’installations, si ce n’est pour marquer un territoire. Soit des œuvres de musées, soit de plus petits prix, en jouant s’il le faut sur la variable du format. Finalement, la plus audacieuse de tous les événements de cette semaine d’art est Off Screen qui expose – entre autres – des photos des hystériques de Charcot dans un grenier de la chapelle de la Salpêtrière.
Et en même temps, nous avons adoré le saut de l’ange de Yoann Bourgeois avenue Matignon lundi soir alors que le consortium des galeries Matignon Saint-Honoré avait transformé le triangle d’or en fête de village pour audience internationale… Paris c’est l’élégance ! A Akaa, chaque stand est une scénographie magnifiée, Vuitton qui mécène quand même une pieuvre de Kusama pour surplomber le Grand Palais fait venir Richter au Bois de Boulogne, la Fondation Cartier qui rénove une galerie d’exposition complètement Guimard sous le Palais-Royal, une célébration générale de l’Art déco pour ses 100 ans et Carl Craig qui mixe au Palais de Tokyo. Temps de crise ou pas, la semaine d’art nous rappelle qu’inéluctablement et de manière intemporelle, Paris est une fête…
Allez donc célébrer la Capitale de l’art ce week-end et commencez par dire au revoir au , vrombissant et libre d’accès avant travaux…
Belle semaine !
Yaël