Septembre marque le retour des salles et des plateaux, avec une programmation éclectique où se mêlent théâtre, danse et poésie. Nous avons repéré huit reprises de spectacles que nous avons adoré, suivez-nous :
Du 18 au 28 septembre au Rond-Point
Joël Pommerat redonne vie à Pagnol en restituant le désir, la passion et les regrets de Marius. La scène transforme une boulangerie du Vieux-Port en huis clos vivant : César, Panisse, Escartefigue et Fanny se mêlent aux habitués du bar, et les émotions explosent. Comédie populaire et drame intime s’entrelacent, humour kitsch et tragédie des sentiments se répondent, faisant résonner la fuite et l’évasion comme pure fiction théâtrale, intense et bouleversante.
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Du 19 septembre au 3 octobre au Théâtre de la Bastille.
Émilie Rousset explore les failles de la justice française dans un théâtre documentaire précis et percutant. Sur un plateau épuré, ses comédien·ne·s incarnent civils, avocat·e·s et élu·e·s confronté·e·s à des situations réelles, de la GPA aux violences intrafamiliales. Chaque récit devient un miroir de notre société, porté par une interprétation bouleversante. Magistral et profondément humain, un des grands coups de cœur du festival d’Avignon.
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Du 25 au 27 septembre au Théâtre des Bouffes du Nord
À qui adresseriez-vous la lettre que vous n’avez jamais écrite ? Depuis 2016, David Geselson transforme ces confidences en rituel théâtral. Sur scène, chaque récit — insulte à une grand-mère, pardon trop tard, aveux impossibles — prend voix avec les violoncellistes Jérémie Arcache et Myrtille Hetzel. Violence retenue, éclats lumineux, injonctions rageuses ou gratitude tardive : tout se mêle dans un dispositif tendre et implacable où l’écriture répare sans effacer, et où les fantômes trouvent enfin voix.
Du 6 septembre au 26 octobre au Théâtre de la Porte Saint-Martin.
Un seul-en-scène mêlant stand-up, conférence et autofiction, où l’auteur évoque avec humour, émotion et gravité les traumatismes de la Shoah sur les enfants caché·e·s survivant·e·s et leurs descendant·e·s. À travers souvenirs familiaux, psychanalyse et réflexion sur l’altérité, le spectacle questionne le mal absolu et la résilience humaine. Drôle, émouvant et profondément personnel, il ouvre une fenêtre sur l’histoire et notre monde contemporain.
Le 7 septembre 2025. Les traversées du Mais, en partenariat avec les Monuments Nationaux.
Créé en 2015, ce solo est devenu la signature de son auteur : une plongée dans la rue, ses visages multiples, ses douleurs et ses joies. Sur scène, un t-shirt noir, un corps qui frappe, qui tombe, qui se relève, porté par les percussions live de Washington Timbó. Troisième volet d’un triptyque entamé avec Ciel et Inês, Rue se fait passage, refuge, combat. Les mots de Brecht résonnent en arrière-plan, mais c’est surtout le corps qui parle, traversé par la samba, la capoeira, l’errance urbaine. Un monde brut, vibrant, toujours en mouvement. On entre dans cette rue comme dans la vraie : sans garantie, mais certain·e d’en sortir transformé·e.
Du 13 au 27 septembre à Théâtre Ouvert.
Sur un plateau nu, Jag et son chien Johnny, vieux chien au cœur lourd, rencontrent Jessica-Jess-Yag qui raconte sa vie et son enfance. Laurène Marx dirige les mots avec précision, et l’écriture devient collective. Ce récit intime traverse lutte des classes, vie familiale, langues et accents changeants, et violence ordinaire des zones populaires. Sans artifice, drôle, cru et poignant, Jag et Johnny nous fait voyager de la safe place de l’enfance aux contradictions du monde adulte, avec Johnny comme complice et témoin.
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Du 9 au 10 septembre au Théâtre de la Ville.
Dans un centre de loisirs où tout semble réglé, les tensions explosent. Entre partie de gamelle militaire et disparition d’un enfant, le spectacle dévoile les failles d’un système qui craque et fait craquer ses acteur·rice·s. Cru, drôle et poignant, Born Again mêle théâtre, présence intense et allégories saisissantes pour raconter le démantèlement du service public et ses effets humains.
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Du 27 août 2025, jusqu’au 7 mars au Théâtre Montparnasse
Olivier Broche, François Morel et Olivier Saladin redonnent à la pièce ART, malgré ses 30 ans d’existence, une vivacité et une fougue phénoménale. Le texte de Yasmina Reza se déploie dans une dimension encore plus universelle et percutante sous l’humanité et l’humour de ces trois grands comédiens.
Visuel : ©Blithe Williams