Fort du succès de son premier restaurant plutôt orienté street food, le chef Abdel Alaoui ouvre une deuxième adresse consacrée à la cuisine marocaine. On a testé Choukran dans le deuxième arrondissement parisien.
Le restaurant tout en longueur repensé par l’architecte Juliette Rubel séduit par ses tons rouges. Entre les toilettes bleues et le mur du fond constitué de casiers à bouteilles Pepsi et Coca-Cola, le restaurant dégage une réelle identité : on s’y sent bien. Dès l’entrée, on peut d’ailleurs voir les chefs s’agiter en cuisine et surveiller le processus de préparation. Si le restaurant a beau être plein, rempli d’une majorité de jeunes, le volume sonore reste tout à fait agréable, permettant de discuter tranquillement avec son convive en attendant les plats, en sirotant un verre de thé du derb (thé vert, menthe, romarin, camomille, thym) ou un verre de jasminade (une sorte de limonade très parfumée à la bonne odeur de jasmin).
Côté nourriture, le chef Abdel Alaoui, qu’on a pu voir officier de nombreuses fois dans l’émission C à vous, a opté pour une cuisine marocaine traditionnelle. Sa première adresse, située dans le 9ème arrondissement, était plutôt tournée vers la street food. Ici, dans le deuxième arrondissement, c’est l’agneau qui est mis à l’honneur. Cette viande que l’on retrouve souvent dans la gastronomie marocaine (comme le mouton, mais au goût plus prononcé) est produite dans le Perche par Ah La Vache. Le meilleur plat de la soirée sera donc une marmite d’Agneau aux pruneaux, succulente viande fondante. Etrangement, le plat, qui a tout l’air d’un tajine, est accompagné de semoule fine alors qu’au Maroc, on se content de déguster le tajine avec du pain.
Si l’on est un peu plus réservé sur le couscous royal qui manque un peu de goût et de saveurs malgré une viande (poulet, kefta, merguez) de qualité, on apprécie les entrées. Les briouates pastilla (agneau, amandes, cannelle) sont accompagnés d’une succulente sauce à la figue. Les falafels de lentilles, comme des croquettes, constituent une parfaite porte d’entrée grâce aux saveurs de cumin. Le prix des plats se révèle cohérent avec le reste du quartier, les entrées oscillant entre 6,5 et 7,5 €, et les plats montant jusqu’à 21 € pour le couscous royal. On aurait aimé que la harira, la soupe traditionnelle marocaine, soit présentée en entrée, le prix du plat étant un peu onéreux (14,5 € contre 10-50 dirhams au Maroc, soit 1 à 5 €). Avant le passage à la caisse, on apprécie les différents clins d’œil glissés à la culture marocaine, comme cette phrase « ici c’est gratuit jusqu’à la caisse » que l’on peut entendre souvent dans les souks.
Restaurant Choukran, 69, rue d’Aboukir, 75002 Paris, ouverture début janvier 2025, testé au dîner du vendredi 07 mars 2025