La famille, les liens du sang qui donnent du sens, l’émerveillement pour la nature, une touche de fantaisie, la passion pour la création, telle est l’ode à la joie de la Maison Néréides. Partons à la rencontre des enfants de Pascale et Enzo Amaddeo, à la direction de cette jolie et joyeuse Maison, dont les bijoux traversent les histoires qu’ils racontent.
Je suis Bianca Amaddeo, je suis le troisième enfant de mes parents, la deuxième fille et je m’occupe de l’identité de la marque. C’est assez large mais il s’agit en réalité de tous les projets qui touchent à l’âme et à l’identité de la marque : visuels, marketing, les boutiques, les présentations de bijoux, etc. L’écrin de la marque, c’est moi.
Je suis Valentina Amaddeo, la quatrième et la dernière. Je m’occupe de tout ce qui est design et création des collections, du dessin à la création sur ordinateur.
Je suis Pier Paolo Amaddeo et je suis deuxième, seul garçon. Je suis le Directeur Artistique de la marque donc je m’occupe de toutes les inspirations des collections. Je suis également en charge des collaborations, comme c’est le cas avec l’Opéra de Paris mais aussi Versailles. Je travaille main dans la main avec Valentina et comme vous l’aurez compris, Les Néréides sont une histoire familiale.
Pier Paolo : En effet c’est une histoire d’amour puisque ce sont nos parents qui l’ont créée dans les années 80, qui ont toujours été passionnés par l’art. À l’origine ils faisaient une école de photographie. Mais ils avaient cette envie de transmettre cela à travers des produits : ils ont créé Les Néréides. Finalement c’est une histoire d’amour et de famille parce que plus tard on a tous rejoint l’entreprise familiale, non pas qu’on y ait été forcé, mais parce qu’on en a eu envie de perpétuer l’histoire de nos parents.
La nature a toujours animé notre famille, on a toujours eu ce besoin de nature, d’être fasciné par la nature, les animaux, les fleurs, notre père est un grand passionné de fleurs, les jardins, la campagne… La nature est tellement belle et plurielle que c’est toujours très intéressant de la transposer en bijou, surtout quand on est citadin, pouvoir ramener un peu d’accessoires sur soi. Finalement c’est un peu une allégorie à ce besoin de joie et de bienveillance, ce qui est au coeur de nos produits.
En plus de la nature, il y a également l’art, la couleur, la joie. Et d’ailleurs je pense que la joie c’est un bon mot pour définir nos sources d’inspiration. On aime transposer cette joie dans nos produits. On est plus une marque de bijoux symbolique qu’accessoire.
L’histoire qui se cache aussi derrière nos bijoux c’est la famille, je pense que cela se ressent et se traduit : les bijoux Néréides ne sont pas destinés à une seule catégorie sociale de personnes. On pense qu’il y a un bijou aux Néréides pour tout le monde. On trouve le côté multi-générationel très intéressant, l’héritage de nos parents, comme nos parents ont toujours aimé apprendre de nouvelles choses.
Bianca : C’est vrai que j’aime l’idée qu’il n’y a pas de bijou pour un type de personne. Souvent on nous demande « Qui sont vos clients ? », ce ne sont pas forcément les femmes de 25 à 35 mais ce sont des femmes qui ont toutes en elles une fantaisie, un émerveillement. Cela peut être une femme de tout âge.
Valentina : Tout part d’une histoire, l’inspiration d’une ville, d’un tableau, d’un jardin, le jardin de notre père, la fleur favorite de notre père. Donc, à l’origine, il faut une émotion. Ensuite on réfléchit à un plan de collection, on créé, on design, on dessine, on échange. Il faut savoir que tout est créé ici, tout est imaginé ici, à Paris. Après avoir les bijoux définis, on a toute une équipe qui fait tous les plans techniques et tout part en atelier en Asie (Philippine, Chine, Thaïlande, Vietnam).
Pier Paolo : Justement, par rapport à cela, dans les années 90 beaucoup d’usines en France ont fermé et beaucoup de français sont partis dans ces pays là, donc le savoir-faire s’est exporté. Donc des français ont ouvert des usines en Asie, comme au Philippine et nous travaillons avec eux. On a partagé le savoir-faire, notamment sur l’émaille.
Valentina : Une fois les bijoux créés, on a un véritable échange sur l’émaillage. Chez nous, l’émaillage est réalisé comme un tableau de maître. On a une à cinq teintes d’émaille sur une fleur, sur un animal : c’est un vrai savoir-faire de joaillerie. De là commence un ping-pong avec nos ateliers, on forme, on évolue avec eux, ils évoluent avec nous. Quand le bijou est fait, on reçoit des merveilles.
Pier Paolo : C’est une histoire de partenariat et de formation.
Bianca : C’est très délicat : comment assurer la qualité et la beauté de nos bijoux alors qu’il faut produire en grand nombre ?
Pier Paolo : C’est une historie de pérennisation, de formation, de partager le savoir-faire. Je repense à l’émaille car notre défi c’est justement de maintenir la qualité d’émaillage à de plus grandes échelles. La croissance s’anticipe donc on communique, on en parle à nos ateliers, qui eux-mêmes s’étendent aussi. Pour nous, c’est inimaginable de doubler de taille et d’abandonner ce qui nous tient à coeur.
Bianca : la marque a plus de 40 ans donc on a pu raconter beaucoup de partenaires. C’est la clé de ce succès, avoir les bons partenaires, de bonnes relations avec eux, qu’il y ait la bonne création et les bons échanges. Donc on bénéficie aussi de l’expérience des années.
Bianca : Si on est ici c’est parce que les valeurs de nos parents nous parlent et nous inspirent, nous motivent dans la vie. Ils nous ont enseigné la joie au travail, aimer ce qu’on fait : j’ai l’impression que c’est la clé de voûte de notre famille. Nos parents ont fait tout ce qu’ils ont fait pour profiter de la vie, pour kiffer, ce sont des kiffeurs avant tout. Ils ont beaucoup travaillé, ça a été très dur : un couple qui monte son entreprise, qui a 4 enfants, c’est beaucoup de pression sur les épaules mais pour eux le prix, la richesse que ça apporte c’est vraiment une richesse de relation, de création, on se réveille en étant heureux de ce qu’on fait, on se bat, parce que quand on a une entreprise on se bat beaucoup, tout le temps. Déjà, nos parents ont planté la petite graine en nous de « Il faut kiffer votre vie, il faut être heureux ». Cet état d’esprit est contagieux.
Et puis il y a la créativité, c’est un truc qui me reste de ma mère : « Dans la vie faut être créatif dans tout ce que vous faites, dans la façon de vous habiller, de faire votre petit déjeuner, le chemin que vous allez prendre pour venir au travail, mettez de la créativité dans tout ce que vous faites ». La créativité est clairement l’une de nos valeurs.
Pier Paolo : Je pense qu’ils nous ont transmis l’importance de la famille, de prendre soin les uns des autres. C’est un lien qui peut être sensible mais c’est toujours important de le garder lier, qu’il reste un fondement important.
Bianca : C’est vrai que la famille peut apporter beaucoup de joie. Je dirais aussi la passion, vivre sa vie avec passion. Et bien-sûr, pour ramener ça au travail, avoir le souci du détail et aller au bout des choses. Chez nous, le détail crée l’émotion : on va jusqu’au bout de l’objet, du symbole, même le petit fermoir derrière aura un petit détail qui pourra susciter une émotion.
Pier Paolo : On a déjà eu des produits parfaits avec une super marge, ça va être un carton parce qu’il est dans cette tranche de prix etc, s’il n’y a pas d’émotion, il est annulé direct.
Bianca : Tout le monde ne le comprend pas forcément mais ça doit être comme ça ou ça ne l’est pas : on préfère faire un peu moins de marge et porter, faire porter des bijoux dont on est fier. C’est pas une approche très business et stratégique mais j’ai l’impression qu’au final ça fonctionne et c’est ce qui fait qu’on est aujourd’hui une marque qui reste.
Pier Paolo : Ce sont des lieux qu’on trouve très inspirants. C’est venu très naturellement. On a été inspiré, on a fait des collections inspirées sans les citer, cela a éveillé leur curiosité. Puis une collaboration est née, ce sont des appels d’offre. Pour l’Opéra, c’est eux qui nous ont proposé pour leur 150 ans. Tout cela est né des passions que l’on a. On est une marque très inspirée par la nature mais on reste une marque parisienne : on a grandi à Paris donc on n’a pas grandi au milieu des champs, même si on a rapidement eu une maison à la campagne pour passer les week-ends. On a toujours été passionné d’art. On voulait ramener du Paris chez Les Néréides et cela passe forcément par ces institutions. On a une marque intemporelle, les collections sont durables et les collaborations durent dans le temps aussi. C’est assez prestigieux pour une petite marque parisienne de pouvoir travailler avec ces grandes institutions, connues dans le monde entier.
Bianca : Je veux bien revenir aussi sur l’Opéra. On a créé il y a 15 ans, ce sont nos parents qui l’avaient créée, une collection sur les ballerines et sur le Lac des Cygnes. Cette collection a attiré beaucoup d’attention sur la marque. La petite ballerine est devenue un bijou iconique. On a toujours rêvé de travailler avec des telles institutions donc lorsque c’est arrivé c’était vraiment un rêve qui devenait réalité. On a donc réalisé une collection sur l’Opéra National de Paris et sur le ballet Gisèle, qui nous a énormément inspiré : les fées, les décors, les danseuses. Travailler avec des institutions c’est le Graal pour nous. Je voulais aussi revenir sur la collaboration avec le Musée d’Orsay, qui a très très bien marché. Il y a eu un très bel accueil de la part de nos clients. Pour l’histoire, le père de ma mère était peintre, donc la peinture fait partie de notre bagage culturel. On a tous des tableaux, nos parents ont toujours acheté des tableaux. On adore l’impressionnisme, c’est un courant qui nous parle 100%. Donc travailler avec le Musée d’Orsay c’est la consécration de notre création car tout cela fait partie de notre univers.
Valentina : Pour l’anecdote, Magritte était un ami de la famille.
Valentina : Tout part d’une émotion : on voit le tableau, on se demande comment retraduire cela en bijou. On prend les couleurs, les techniques, les coups de pinceaux, les détails, comme par exemple, toutes les petites étoiles de Van Gogh. Après, on retranscrit les couleurs en pierres, les motifs en métal. L’idée c’est de garder l’émotion et de la retranscrire en bijou.
Pour l’Opéra, c’est un peu la même chose. On a craqué pour le ballet Gisèle, c’est leur ballet coup de coeur, c’est leur précieux car il a été créé à l’Opéra de Paris. Le ballet tourne beaucoup autour de la fleur de Lys donc c’était une évidence de travailler autour de cela et puis les fées bien-sûr. On sait retranscrire l’émotion.
Pier Paolo : On a eu la chance de visiter les coulisses de l’Opéra de Paris et on a trouvé cette approche intéressante, aller dans des lieux qui ne sont pas ouverts au public, aller dans les sous-sols, aller dans les ateliers, on a vu les accessoires qui, contrairement aux bijoux, sont faits pour être le plus léger possible pour les danseuses. On aimait cet axe de partager l’émotion que l’on a eu lorsqu’on a visité ce lieu. Donc il y a aussi des pièces de la collection qui parlent de l’architecture magnifique, on est allé jouer avec les codes.
Valentina : On s’est rendu compte qu’en rencontrant l’équipe de l’Opéra, on est dans le même esprit de création, on se comprenait en tant qu’artistes. On aime raconter des histoires, on est des créatifs, la collaboration s’est vraiment bien passée.
Pier Paolo : On aime la nature sous toutes ses formes, on est une marque dog friendly : les animaux sont bienvenus au travail. Les gens peuvent venir travailler avec leur chien.
Bianca : Et avec leur perroquet un jour.
Pier Paolo : Chaque saison, on crée une collection, souvent en lien avec les animaux, dont 15% des revenus sont reversés à la fondation « Les Néréides Loves Animals » , qui distribue l’argent à des refuges pour animaux abandonnés, en difficulté. On ne verse pas cet argent à de grosses associations mais plutôt à des gens qui ont transformé leur maison en sanctuaire pour animaux. Ce sont des démarches qu’on trouve magnifiques. Par exemple, on a fait un don pour Ehpad pour bouledogues anglais. Pour en avoir eu un, on sait que ce sont des chiens qui coûtent très chers en soin car ils ont une santé fragile. Ce sont des chiens souvent abandonnés. Ce sanctuaire récupère tous ces bouledogues anglais.
Bianca : Et ce sanctuaire c’est une dame en fait. Ça nous tenait à coeur car cette dame voue sa vie aux animaux. Donc régulièrement on fait des dons pour ce genre de sanctuaires, ce sont des histoires qui nous touchent. Il y a un couple aussi qui a créé un sanctuaire d’animaux pour sauver les animaux qui produisent la viande, le lait etc et qui ont une date de péremption.
Pier Paolo : Cette association est ouverte aux dons, directement sur le site. Ou alors, en achetant un bijou de la collection, 15% sont reversés à la fondation.
Bianca : On dirait créativité, joie, couleurs, raffinement et amusement. C’est important pour nous, on n’aime pas se prendre au sérieux, on est là pour prendre du plaisir, s’amuser avec raffinement.
Pier Paolo : L’histoire et la symbolique sont tout aussi importantes je trouve. Il y a une nouvelle gamme qui vient de sortir, à laquelle on pensait depuis un moment : les pendentifs. De part les recherches que l’on a faites sur les bijoux, on s’est rendu compte que ce ne sont pas forcément les matériaux précieux qui font la valeur du bijou mais son symbole : qui nous l’a offert, quand, ce qu’il veut dire, ce qu’il représente. Être riche c’est être riche d’émotions, de culture, de bienveillance, l’argent peut aller avec mais c’est un tout. Donc un bijou qui est riche pour nous c’est un bijou qui a une symbolique. On est des gens d’énergie et on croit qu’en donnant du positif on recevra du positif, et inversement. Donc, dans cette gamme, on isole tout notre savoir-faire pour le réunir dans un petit pendentif et on va y insuffler des symboles. Le pendentif est livré avec une petite carte. C’est un beau cadeau à offrir. On ne vend pas du bijou accessoire, on vend du bijou symbolique.
Bianca : Je le dirais aussi d’une autre façon. On veut accompagner nos clients dans les moments importants de leur vie, on sait à quel point c’est agréable de recevoir ceci ou cela, et on a envie de faire partie de la vie de nos clients.
Pier Paolo : Je pense qu’on a tout gagné si y’a cette femme de 40 ans qui ouvre sa boîte à bijoux et là y’a ce bijou qu’on lui a offert quand elle avaient 18 ans pour quelque chose et on est encore là. Le fondement de ce qu’on fait il est là.
Visuel : © Angélina Zarader