L’intérêt du label «capitales européennes de la culture» c’est de mettre en lumière des destinations méconnues pour limiter un peu le tourisme de masse. La ville thermale du Salzkammergut dans la région des lacs autrichiens, développe cette année un programme culturel audacieux et effervescent pour cette année. Avec une intéressante mise en question de son passé troublé.
Bad Ischl, destination autrichienne peu connue en France est une villégiature thermale célèbre dès le XIXème car très fréquentée par les artistes et les penseurs. Brahms, Bruckner, Malher, Klimt, Freud et Wittgenstein s’y rendent régulièrement pour prendre les eaux ou se reposer d’une époque tendue qu’a raconté mieux que d’autres le formidable » Vienne fin de siècle » de Carl Schorske. Cette cité est cette année l’une des trois capitales européennes de la culture, avec Bodø en Norvège et Tartu en Estonie. Si le cadre naturel est déjà par lui-même irrésistible (un entrelacs de cols alpins et pas moins de 76 lacs parfois tellement purs que les poissons n’y trouvent pas à se nourrir!) tellement que sa réputation est jalousement gardée secrète par les Autrichiens eux-mêmes, c’est surtout le programme foisonnant de musique, théâtre, arts visuels, performances accompagnés de colloques scientifiques qui risque de nous attirer tout au long de 2024 (Salzkammergut-2004.at) dans les 23 communes réunies pour cette manifestation durable et ouverte au monde .
Car il ne s’agit pas ici de valses viennoises, même si on ne manquera pas de vous rappeler que c’est l’endroit où Sissi pas encore impératrice et François-Josef sont tombés amoureux en 1853 ! Bien sûr la ville est connue pour ses hôtels délicieusement confortables au rapport qualité/ prix toujours excellent et ses spas très étonnants pour des français. Par exemple à la Villa Seilern vital resort (villaseilern.at), le top du top, un 4* bâti en 1881 qui possède une multitude de saunas différents, aux fleurs de foin, au sel, basse température … et des fauteuils à infrarouge magiques pour ceux que le télétravail intensif laisse avec le dos endolori. (760 euros pour deux nuits en chambre double et petit déjeuner en mars, accès au spa et massage inclus). Mais une version modeste peut contenter car les hôtels autrichiens restent de très bon confort et le visiteur peut profiter à la journée des installations luxueuses de l’Eurothermen resort pour 35 euros.
La région offre surtout la possibilité de visiter des mines de sel gemme à Hallstatt et à Altausee celle notamment où les nazis cachèrent 6500 tableaux spoliés comme le célébrissime Retable de Gand. On se souvient qu’Hitler voulait faire sauter les mines avant la fin de la guerre plutôt que de les laisser à l’ennemi mais les mineurs s’y opposèrent, cachant les accès aux oeuvres. C’est le sujet du film Monuments men de Georges Clooney. Une exposition sur le sujet débute le 19 mars à Lentos (Linz). Théâtre flottant, interventions artistiques dans les gares, la saison s’annonce terriblement tonique avec la venue de l’artiste Ai Weiwei et une carte blanche à l’acteur Klaus Maria Brandauer (celui d’Out of Africa, célébrité internationale). Randonnées thématiques sur les sentiers de la Résistance, audio-guides sur l’histoire de la région (des mines de sel aux Habsbourg) dans les trains régionaux, travail d’artistes internationaux venus de France, de Riga, de Lagos… avec les artistes locaux et les visiteurs, il faut sans doute courir là dès le printemps !
Pour en savoir plus : Autriche.com et austria.info
Pour y aller : voyage en train de nuit nouvelle génération ÖBB Nightjet http://www.nightjet.comwww.nightjet.com avec des cabines doubles ou triples avec petit déjeuner viennois. Départ le soir à la Gare de Paris Est arrivée à 7h20 le matin à Salzbourg, puis train local 40 minutes.
©Lac de Hallstatt, tourisme autrichien, Lisa Eiersbner
©Mine de sel d’Altstatt, tourisme autrichien, Mustapha Abu Shakhra