Avec son centre détruit en 1945 et reconstruit ensuite, Royan qui n’était qu’une station balnéaire un peu mondaine est devenue une véritable vitrine architecturale. Loin de toute banalité.
À Royan l’histoire domine et pour bien la saisir, il faut rejoindre le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP) logé au sein du Palais des Congrès, le cœur battant de la ville (animation.patrimoine@mairie-royan.fr).
De belles maquettes reproduisent le passé, les villas XIXème des beaux quartiers, Pontaillac à l’ouest et le Parc à l’est. Pontaillac est doté d’un tracé orthogonal qui témoigne de l’esprit hygiéniste du début du XIXème quand la mode des Bains de mer prend son essor. Élevé à la fin du XIXème, le quartier du Parc s’inspire lui d’une esthétique qui valorise le pittoresque, la fantaisie et l’exotisme. Les rues ondoient comme les allées des jardins anglais et les villas semblent s’être subrepticement lovées dans la végétation.
En parcourant les rues du Parc avec une guide spécialiste de l’histoire du patrimoine (lesvisitespriveesdejessika.com), le visiteur intéressé découvre l’incroyable diversité des villégiatures construites pour se montrer. Sur le boulevard Garnier un cottage anglo-saxon doté de tourelles et d’un pignon d’inspiration flamande (Villa Mon rêve) côtoie Aigue marine, un bâtiment néo-renaissance construit par un des architectes du Grand Palais. Guitry, Yvonne Printemps et plus tard Jacques-Henry Lartigue sont venus là en villégiature. D’autres pavillons brillent par leurs céramiques (La mousson, un délice Art déco) ou leur couleur tendre (Villa libellule, un castel médiéval badigeonné de rose). Mais comment ne pas craquer pour Kosiki, un délicieux bungalow à l’allure de pagode japonaise ! Quant au jardin public de trois hectares c’est le paysagiste du Parc Monceau qui en a dessiné les lignes ondoyantes.
Le XIXème se confronte aux années Cinquante.
Au CIAP, une petite salle sonorisée reproduit l’atmosphère intenable du bombardement nocturne de la ville par l’armée américaine et la RAF le 4 janvier 1945. Ce moment d’horreur a détruit 85% du centre-ville. En vain car il faudra un deuxième assaut en avril 1945 pour vaincre la résistance allemande dans cette fameuse Poche de Royan. Stratégique celle-ci verrouillait l’accès à l’estuaire de la Gironde et au port de Bordeaux où mouillaient les sous-marins briseurs de blocus.
En 1947 commence à s’organiser la reconstruction qui sera menée par de jeunes architectes émules de Le Corbusier et d’Oscar Niemeyer qui conçoit à l’époque Brasilia. On comprend mieux au CIAP l’incroyable contraste entre le centre vile moderniste et les « beaux quartiers » préservés du désastre dont l’architecture s’étire du XIXème aux années Trente. Un parcours (fascicule très bien fait au CIAP) permet de découvrir les villas années Cinquante et s’il ne vous reste que peu de temps, il faudrait en admirer au moins une, la villa Boomerang qui fait penser à la maison du film de Jacques Tati Mon Oncle avec son escalier qui descend directement de la chambre à la piscine ! A moins de préférer la villa Grille-pain surnommée ainsi eu égard à ses belles courbes de béton.
Un Palais des congrès survitaminé
Mais les architectures emblématiques de la ville ce sont le Palais des Congrès et le Marché connu pour être l’un des plus beaux de France. Deux sites récemment et très bien restaurés. Conçu par Claude Ferret et achevé en 1957 le Palais des Congrès fait face à l’océan et à l’estuaire de la Gironde. Dressé sur pilotis, traversant, il est joyeux comme un jouet avec ses aplats orange, citron et bleu typiques comme son toit-terrasse de l’architecture tropicalisée de Niemeyer. On dirait qu’il veut chasser par un vocabulaire riant et enfantin le drame encore bien présent dans les mémoires. Des claustras à hublot animent la façade et filtrent la lumière, un apport de l’ingénieur Prouvé pionnier du préfabriqué. C’est un lieu qui fourmille et qui sert à la fois pour des réunions municipales, des conventions, des concerts, des team-building mais aussi un lieu de vie, avec une programmation musicale, un bar en plein air où déguster des cocktails charentais (pineau et cognac !). Des ateliers pointus et très conviviaux y sont organisés par l’office du tourisme comme celui sur le cépage Malbec où sont comparés vins d’ici et d’ailleurs (royanatlantique.fr).
Un des plus beaux marchés français
Le marché de Royan est à double titre irrésistible. Avec sa voile de béton il a des airs de coquillage et s’avère une caverne d’Ali baba pour les gourmands (tous les jours sauf le lundi). Avec par exemple des Crevettes Impériales poussées dans les claires à faire sauter au cognac et des huitres exceptionnelles (La friandise chez Geay), délices vendus dans 55 pays pour ceux qui apprécient le gout de noisette plus que l’iode. (marche-Royan. Fr). Des gâteaux au cognac bien arrosés, des macarons très peu sucrés chez Pelletin…On ne s’arrachera vraiment à ce lieu tentateur que pour s’attabler à une très bonne table comme la cave 1950 sur la Grande Conche où se délivre une cuisine légèrement japonisante impeccablement travaillée. (Cave1950.fr, 35 euros)
Pour en savoir plus : Royanatlantique.fr
Où dormir ? Au SeaKub.com, hotel de style années Soixante revisité. 140 euros la nuit. Au Thalazur Hôtel et spa, 4* juste rénové. Un aménagement aérien et un chef créatif.. Thalazur.fr. 242 euros la double.
© destination Royan, Raymriehl, OTC